Cet article n’est pas un nouveau rappel de la méthodologie de la dissertation. En effet, votre professeur vous en a déjà fourni une, et d’autres articles très complets sont disponibles sur le site de Mister Prepa, que ce soit les enseignements à retenir des rapports de jury ou des bonnes copies.
Alors pourquoi cet article ? Simplement pour livrer un avis personnel et donc subjectif sur les éléments que je m’attachais à mettre en valeur dans mes copies de Culture Générale. À vous de vous faire votre propre avis sur tous ces conseils et élaborer une méthode qui VOUS correspond ! Bonne lecture !
Cet article fait suite à un premier article où j’explique la façon dont j’avais préparé la culture générale en deuxième année, en créant mes propres paragraphes.
Introduction : là où se joue 80% de la note
Globalement, l’ordre des parties de l’introduction est le même que celui que je faisais au brouillon lors de la découverte du sujet. Je ne rédigeais au brouillon que les définitions. J’avais l’habitude de diviser l’introduction en quatre parties :
Première partie : utiliser une référence pour se confronter à la spécificité du sujet
Il s’agit de l’accroche, première impression (déjà déterminante) laissée au correcteur. De ce fait, il faut la soigner particulièrement. Pour montrer que l’on maîtrise le sujet, j’utilise une référence précise et développée (et non une simple allusion) pour lire le sujet dans sa spécificité. Par rapport à la méthode des parapersos, il s’agit d’une des vingt « allusions » préparées. Je montre alors en quoi cette référence est intéressante dans le cadre du sujet, afin de dégager ensuite les premières questions soulevées par la référence, et la réponse qu’elle donne a priori, à la première lecture.
Premier élément différenciant : utiliser une référence précise et développée pour commencer la dissertation et soulever de manière intelligente les premiers problèmes que pose le sujet.
Deuxième partie : définir le sujet pour en comprendre l’intérêt
Je commence par définir absolument tous les termes du sujet, pris individuellement. Cherchez le plus loin possible ce que chaque mot signifie.
Certains termes classiques en philosophie (animal, désir, mémoire, culture, nature, …) doivent donner lieu à une récitation bête et méchante de leur définition, suivie d’une réflexion plus personnelle en fonction du sujet.
Deuxième élément différenciant : si un terme classique de la philosophie est utilisé, il faut réciter une définition apprise auparavant.
D’autres termes centraux seront plus surprenants (civilisation, blessure, crépuscule, …), mais doivent être impérativement définis. Pour vous aider à « inventer » cette définition, vous pouvez convoquer des antonymes et des synonymes, d’autres thèmes connexes, des expressions où ce mot apparaît, …
Troisième élément différenciant : si un terme « surprenant » est utilisé dans le sujet, porter une attention toute particulière à sa définition
Si tout le monde analyse les termes centraux, peu sont ceux qui s’intéressent aux termes que j’appelle « périphériques » : les conjonctions de coordinations (pourquoi avoir choisi « et » plutôt que « ou », « le », « un » par exemple), aux singuliers et pluriels (pourquoi avoir utilisé l’un plutôt que l’autre), aux verbes (pourquoi avoir utilisé « être » plutôt que « exister » ou « avoir ») , à l’ordre des mots (« A et B » ou « B et A », « A de B » ou « B de A », ce n’est pas la même chose). Vous interroger dessus vous aidera à comprendre la spécificité de VOTRE sujet. Si le jury a posé le sujet de cette façon, c’est qu’il avait de bonnes raisons de le faire.
Quatrième élément différenciant : questionner l’utilisation et le choix de tous les termes « périphériques » du sujet.
De la sorte, le correcteur voit dès le départ qu’il a affaire à un candidat qui réfléchit par lui-même. C’est l’impression que je m’attache à donner pendant toute ma dissertation.
N’hésitez pas, si vous êtes surpris ou trouvez le sujet difficile (et même si ce n’est pas le cas d’ailleurs) à le dire (avec un « le sujet ne laisse pas d’être ambivalent » par exemple). On cherche de toute façon à vous pousser hors des sentiers battus pour vous pousser à développer votre propre réflexion. Cela montre que vous cherchez réellement à traiter CE sujet, et pas un sujet quelconque.
Après les définitions des mots pris seuls, je m’intéresse à la formulation du sujet, en mettant en rapport les mots. Faîtes dialoguer les différents termes ensemble. Certains termes seront semblables, d’autres différents, et il faudra alors expliquer l’intérêt de les utiliser ensemble. Ce sont ces ressemblances et différences entre les termes du sujet qu’il faut bien questionner, car c’est à partir de cela que vous bâtirez votre réflexion.
Cinquième élément différenciant : questionner les interactions que peuvent avoir tous les termes du sujet ensembles.
Enfin, la mise en tension du sujet peut commencer. Le plus gros du travail a déjà été fait. En effet, il s’agit de se servir de ce qui a été fait (les définitions) pour faire ressortir les tensions les plus intéressantes, les plus gros problèmes et interrogations qu’il faudra résoudre, pour arriver petit à petit à dégager l’enjeu principal du sujet.
Sixième élément différenciant : partez de vos définitions pour mettre en tension le sujet.
Troisième partie : la problématique, synthèse et hiérarchisation de vos questionnements
De toutes vos définitions et questionnements découle (le plus logiquement possible) votre problématique. Elle ne sort pas de nulle part, mais bien de tout ce que vous avez évoqué avant. Il n’y a pas de surprises, ce n’est pas le moment de dégager de nouveaux éléments. Commencer la problématique par un « dès lors » me permettait d’insister sur la progression logique de mon introduction, avec la problématique comme élément final, fruit d’une page et demie de réflexion.
Septième élément différenciant : la problématique découle logiquement de la mise en tension.
Quatrième partie : l’annonce du plan, annonce de votre raisonnement, promesse de vos futures démonstrations
Pour l’annonce du plan, visez simple, clair et concis. Cette annonce doit suffire à comprendre d’où vous partez et où vous voulez en venir. Le raisonnement doit pouvoir se comprendre à la première lecture. Partez du principe que le correcteur ne doit pas avoir besoin de lire votre développement pour comprendre la logique de votre démonstration.
Huitième élément différenciant : une annonce de plan qui résume le cheminement de votre démonstration.
De là à savoir si vous parvenez réellement à démontrer ce que vous annoncez, c’est une autre histoire, et cela se passe dans le développement.
Le développement : le corps du devoir, mais surtout la réalisation d’une promesse faite dans l’annonce du plan
Le plus dur est déjà fait ! Le correcteur a déjà une idée assez précise de la note qu’il va vous mettre (modulo deux points bien souvent). Je n’ai plus qu’à « dérouler » le reste, c’est-à-dire articuler mes références (mes « parapersos ») au service du raisonnement que j’ai annoncé dans l’annonce du plan. Pour savoir comment je construisais mes paragraphes, c’est ici.
Plutôt que viser un coup d’éclat ou à feinter le génie, je cherchais surtout à être le plus cohérent possible, et à insister sur les différentes étapes de mon raisonnement, pour rendre un produit cohérent. Je m’applique créer du lien entre chaque paragraphe de la partie, montrer en quoi ils s’enchaînent, et font progresser la réflexion. Je cherche à montrer que le A. implique le B. qui lui-même implique C. Pour cela, je finis le paragraphe précédent en explorant les limites de ce que j’ai établi, avant de commencer le suivant par la réponse à cette limite, qui est aussi l’annonce de ce que je vais démontrer. Notez l’importance des mots de liaison qui lient les paragraphes. CE N’EST PAS une superposition d’auteurs avec leur thèse résumée, mais bien une succession d’idées, appuyées par des auteurs.
De façon très concrète, pensez à des épisodes d’une série Netflix qui s’enchaînent, en créant un énorme suspens à la fin de l’épisode, et où vous ne pouvez pas vous empêcher de regarder le suivant. L’épisode suivant répond effectivement à l’intrigue soulevée à l’épisode précédent, avant de relancer le suspens à la fin. Ecrire une dissertation de culture générale, ce n’est finalement ni plus ni moins qu’écrire le script d’une série Netflix de trois saisons avec trois épisodes. You can quote me on that.
Neuvième élément différenciant : insister sur la progression logique entre les différents paragraphes, en alternant résolution d’un problème et relance de l’intrigue, en rendant une démonstration cohérente.
Après vos trois sous parties, il s’agit de synthétiser les étapes de votre raisonnement, avant d’en pointer une limite, qui servira de transition pour la partie suivante. Dans la mesure du possible, appuyez-vous sur un auteur. C’est la fin de la saison Netflix, qui doit donner envie au correcteur de lire la suivante !
La troisième partie (III.) se veut comme celle où le candidat est le plus libre et peut pousser un peu le raisonnement, avec des considérations ontologiques par exemple. Le correcteur est prévenu dès la petite introduction, on va se faire plaisir.
Dixième élément différenciant : la troisième partie peut être celle de la prise de risque et du développement d’une idée originale qui sort des sentiers battus.
Conclusion : le bouquet final
De l’importance (bien souvent sous-estimée) de la conclusion. Vous n’en pouvez plus et êtes à court de temps ? Rassurez-vous, le correcteur aussi. Il s’agit pourtant de puiser dans vos réserves pour soigner particulièrement cette partie (quitte à sacrifier la fin du III.) car il s’agit, à la surprise générale, de la dernière impression que vous laisserez au correcteur. Il est inacceptable de faire seulement quelques lignes. Cela disqualifierait votre copie et ruinerait tous vos efforts. Encore une fois, il vaut mieux -selon moi- raccourcir votre troisième partie et produire une conclusion solide. En effet, le correcteur sait déjà plus ou moins ce que vaut votre copie après votre introduction et vos deux premières parties, et aura tendance à sauter la troisième car vous n’y révolutionnerez rien. De plus, ayant lu votre copie en diagonale, un dernier rappel de votre réflexion vaut mieux que de nouvelles idées à n’en plus finir.
Onzième élément différenciant : réserver un temps particulier à la conclusion, au moins 20 minutes.
Concrètement, comment faire une conclusion intéressante ? Plutôt que de répéter bêtement les thèses des auteurs, je préférais insister sur mon raisonnement (les trois parties avec leurs sous-parties), en utilisant les termes techniques introduits par les auteurs sans les citer de nouveau.
Douzième élément différenciant : retracer dans votre conclusion les étapes de votre démonstration en reprenant les termes des auteurs pour insister sur la progression logique.
Enfin, j’évitais l’ouverture sous forme de question, risque inutile de montrer au correcteur que vous n’avez en fait rien compris au sujet. Plutôt que ne rien mettre, une idée est d’avoir comme ouverture une relecture de l’œuvre utilisée dans l’accroche à la lumière de ce que j’avais démontré. Cela me permettait de relire le texte avec un nouveau spectre de lecture, celui que j’avais développé pendant quatre heures. En fait, cela ressemble à une mise en pratique de ce que vous avez démontré, pour l’analyse d’une œuvre. Il s’agit bien sûr de préparer en amont des œuvres qui peuvent être « découpées » en deux pour correspondre à cette « introduction/conclusion sandwich ». La boucle est bouclée !
Treizième élément différenciant : réutiliser comme ouverture la même référence utilisée dans l’accroche, et l’analyser en utilisant ce qui a été démontré.
Bilan
Vous êtes en prépa, et n’avez pas le temps de faire une fiche de cet article ? Voilà ce qu’il faut retenir :
Premier élément différenciant : utiliser une référence précise et développée pour commencer la dissertation et soulever de manière intelligente les premiers problèmes que pose le sujet.
Deuxième élément différenciant : si un terme classique de la philosophie est utilisé, il faut réciter une définition apprise auparavant.
Troisième élément différenciant : si un terme « surprenant » est utilisé dans le sujet, porter une attention toute particulière à sa définition.
Quatrième élément différenciant : questionner l’utilisation et le choix de tous les termes « périphériques » du sujet.
Cinquième élément différenciant : questionner les interactions que peuvent avoir tous les termes du sujet ensembles.
Sixième élément différenciant : partez de vos définitions pour mettre en tension le sujet.
Septième élément différenciant : la problématique doit découler logiquement de la mise en tension.
Huitième élément différenciant : une annonce de plan qui résume le cheminement de votre démonstration.
Neuvième élément différenciant : insister sur la progression logique entre les différents paragraphes, en alternant résolution d’un problème et relance de l’intrigue, en rendant une démonstration cohérente.
Dixième élément différenciant : la troisième partie peut être celle de la prise de risque et du développement d’une idée originale qui sort des sentiers battus.
Onzième élément différenciant : réserver un temps particulier à la conclusion, au moins 20 minutes.
Douzième élément différenciant : retracer dans votre conclusion les étapes de votre démonstration en reprenant les termes des auteurs pour insister sur la progression logique.
Treizième élément différenciant : réutiliser comme ouverture la même référence utilisée dans l’accroche, et l’analyser en utilisant ce qui a été démontré.
Comme illustration des éléments différenciants, voici une de mes copies où je me suis appliqué à faire cela.