Découvrez dans cet article 4 auteurs indispensables à connaître sur le thème de l’entreprise ainsi qu’un auteur récent facilement mobilisable.
Blanche Segrestin et Armand Hatchuel dans leur ouvrage de 2012, Refonder l’entreprise apporte une véritable réflexion sur la refonte de l’entreprise en proposant de remettre au centre des enjeux la mission créatrice de l’entreprise (produits, techniques…), en rappelant qu’elle est issue d’un processus historique amorcé au XIXe siècle et qu’elle doit s’inscrire dans le temps long… Ils imaginent même un nouveau statut juridique pour l’entreprise, la « société à objet social étendu » qui permettrait à ceux qui la dirigent de poursuivre d’autres objectifs que la seule rentabilité (comme des objectifs environnementaux par exemple) sans prendre le risque d’être remis en cause par les actionnaires.
Adam Smith, dans Recherche sur les Natures et les Causes de la Richesse des Nations (1776), expose le principe de la division du travail à travers l’exemple de la fabrique d’épingles qui compare la production de 48 000 épingles par 10 ouvriers contre 200 avec non-séparations des 18 tâches nécessaires. Il met ainsi en exergue les trois vertus de la division du travail : gain de temps, augmentation des habiletés et invention des machines. Cependant il prévient aussi que ce moyen de production peut rendre l’homme stupide et ignorant car « Un homme qui passe toute sa vie à remplir un petit nombre d’opérations simples, dont les effets sont aussi peut-être toujours les mêmes, n’a pas lieu de développer son intelligence, ni d’exercer son imagination à chercher des expédients pour écarter des difficultés qui ne se rencontrent jamais ». Cette critique sera confirmée par Friedman deux cents ans plus tard dans son ouvrage, Le travail en miettes (1956), il montre que l’organisation scientifique du travail entraîne une déqualification de l’ouvrier, qui n’est plus qu’un exécutant de tâches et ne participe pas à l’ensemble du processus de production, ce qui lui donne un sentiment d’inachevé. Le problème est que cela conduit à une « aliénation dans le travail » et à une moindre fonction.
Elton Mayo défend l’idée qu’il n’existe pas une manière optimale de produire qui s’appliquerait de la même façon à l’ensemble des entreprises, car le « système technique » doit être étudié en tenant compte du « système de relations humaines » au sein de l’entreprise. E. Mayo élabore cette théorie à partir d’une étude menée à l’usine de la Western Electric d’Hawthorne entre 1927 et 1932, ce qui donne lieu à la rédaction d’un ouvrage paru en 1933, The Human Problems of Industrial Civilization. Le but initial de cette étude est d’analyser les liens entre homme et travail, afin d’augmenter la satisfaction au travail. À partir de cinq expériences, E. Mayo et ses collaborateurs montrent que le rendement des ouvriers ne dépend pas principalement du système technique, c’est-à-dire de l’organisation matérielle de la production (l’intensité d’éclairage par exemple), mais du système de relations humaines, c’est-à-dire des liens sociaux existant entre les ouvriers et avec leurs supérieurs hiérarchiques.
A.Chandler, dans la Main Visible des Managers, montre que dans une certaine mesure l’entreprise est plus efficiente que le marché car l’organisation permet de donner aux managers intermédiaires une pleine vision sur l’économie entière de l’entreprise. Il insiste sur le fait que l’économie traditionnel est sans visibilité. Les étapes intermédiaires sont opaques et à travers l’asymétrie d’information que cela procure, certains se rémunèrent de façon importante. Pour cet auteur c’est en réussissant à voir en amont et en aval que l’organisation sera efficiente, c’est l’économie de la coordination entre la distribution et la production de masse. Cela donne naissance à l’entreprise moderne, un lieu où le manager salarié devient une personne clé de l’économie.
Pour finir, pas réellement un auteur indispensable mais un auteur d’avenir, M.Valentin qui a publié en 2018 le modèle teslisme- du toyotisme au teslisme, et décrit le fonctionnement des nouvelles usines Tesla qui caractérise la quatrième révolution industrielle. Cette nouvelle industrie est là pour répondre à chaque besoin de clients le plus vite possible, et s’oppose donc aux précédentes révolutions industrielles et à leur production de masse.