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L’influence croissante des pays émergents en Afrique

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Alors qu’un coup d’État s’est effectué au Niger, remettant en cause la position de la France dans le pays, nous observons sur place des messages pro-russes de la population. Ces dernières années, la Chine a également accru son influence, notamment économique sur le continent, concurrençant les anciennes puissances sur place comme la France. Ainsi nous pouvons interroger la place des pays émergents, notamment les BRICS en Afrique.

 

La Chine : une puissance économique néocoloniale en Afrique ?

Depuis plusieurs années, la Chine investit massivement en Afrique et les échanges commerciaux entre la Chine et le continent africain augmentent beaucoup. Durant l’année 2022, la Chine et le continent ont échangé 282 milliards de dollars, ce qui représente une hausse de 11% par rapport à 2021. Cependant, si la Chine investit et échange beaucoup avec les États du continent africain, ces transactions se font souvent dans un rapport inégal.

La Chine a tout d’abord besoin de nombreuses matières premières pour son développement. Ainsi, Pékin se tourne vers l’Afrique, continent riche en ressources de toutes sortes comme le pétrole en Angola ou l’uranium en Namibie. La Chine, dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie lancées en 2014, investit également dans des infrastructures sur le continent pour sécuriser son approvisionnement en matières premières comme le port de Walvis Bay en Namibie.

Cependant, l’importance du commerce chinois avec l’Afrique représente une concurrence forte pour les pays anciennement présents et une menace pour les États africains. En effet, la Chine ne cherche pas à s’ingérer dans les politiques intérieures des États et à inciter les États à se démocratiser, contrairement aux pays occidentaux.

De plus, les États africains sont dans une situation de dépendance envers la Chine qui est dangereuseà cause des emprunts effectués pour financer les infrastructures des Nouvelles Routes de la Soie. Enfin, le commerce effectué entre la Chine et les États africains est déséquilibré. La Chine achète essentiellement des matières premières aux États africains alors que ceux-ci importent des produits manufacturés depuis la Chine. Ainsi, la dépendance financière et la position d’infériorité dans les échanges entre la Chine et le continent Africain peut rappeler un pacte colonial.

Néanmoins, si la Chine est très présente en Afrique, cette représentation chinoise est inégale sur le continent. Les investissements et les échanges chinois ne sont pas répartis également sur le continent, montrant aussi une certaine insertion des États africains dans la mondialisation ou non. Par exemple, en 2022, les échanges bilatéraux entre la Chine et l’Afrique du Sud avaient une valeur de 56,74 milliards de dollars alors qu’en 2021, les échanges Chine/Soudan étaient de 2,5 milliards de dollars.

 

La Russie : une influence croissante au détriment de la France notamment

Contrairement à la Chine, la présence croissante de la Russie ne passe pas principalement par le commerce mais notamment par le militaire. En effet, le groupe Wagner est très présent sur le continent, appelé par des gouvernements pour les protéger, au détriment de la France notamment. La présence russe sur le continent passe notamment par ce groupe paramilitaire qui transmet aussi des messages discréditant les pays occidentaux en amont via l’entreprise de média Internet Research Agency. Cette entreprise attise des propos haineux contre la France avec de nombreuses fake news et permet de donner à la Russie une meilleure image afin que le groupe Wagner puisse s’implanter. C’est ainsi que le groupe Wagner est présent en premier en République centrafricaine mais aussi en Libye, au Soudan, au Burkina Fasso, au Mozambique, au Mali depuis l’annonce du retrait français. La présence de Wagner dans ces pays permet aussi aux entreprises russes d’accéder aux matières premières de ces États comme l’or au Soudan ou les diamants au Mali et en République centrafricaine.

 

Lire plus : Le groupe Wagner : qui sont-ils ?

 

La lutte d’influence en Afrique : une lutte à l’image de la recomposition de la géopolitique mondiale ?

Historiquement, tout comme actuellement, des événements de lutte d’influence en Afrique représentaient la recomposition de la géopolitique mondiale. Un exemple historique est la crise de Suez en 1956 en Égypte. Alors que la France et la Grande Bretagne dominait le monde avant la Première Guerre mondiale et restait des puissances de premier plan avant la Seconde Guerre mondiale, la crise de Suez marque le déclassement de ces puissances au rang de puissances de second plan dans un contexte de Guerre Froide dominé par les États-Unis et l’URSS. De nos jours, les anciennes puissances coloniales, comme la France par exemple, se font concurrencer sur les plans économiques mais aussi militaire par les pays émergents, notamment par la Chine et la Russie. Les prétentions de ces deux États entrent en concurrence avec les intérêts de la France et la lutte d’influence entre la France et ces deux États émergents. Par exemple, avec le coup d’État au Niger, l’influence de la France sur ce pays diminue tandis que les messages prorusses de répandent. La perte de l’allié nigérien est d’ailleurs un risque pour la France puisqu’1/3 de l’uranium qui alimente les centrales nucléaires françaises venait du Niger.

 

Pour conclure, la Chine et la Russie sont deux puissances émergentes dont l’influence sur l’Afrique croit. Leur influence sur l’Afrique entre en concurrence avec les intérêts des pays occidentaux et notamment la France dans certains États africains.

 

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Margaux Le Thuc