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Jean Buridan : le paradoxe de l’âne de Buridan

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Jean Buridan : le paradoxe de l'âne de Buridan

Jean Buridan, né vers 1300 en Picardie et mort vers 1358 à Paris, est un philosophe français, docteur scolastique et l’instigateur du scepticisme religieux en Europe.

Il fut, en Occident, le redécouvreur de la théorie de l’impetus. Son nom est plus fréquemment connu pour l’expérience de pensée dite du paradoxe de l’âne de Buridan.

 

Le Paradoxe de l’âne de Buridan

Le paradoxe de l’âne de Buridan est une illustration philosophique qui pose la question du libre arbitre et de la rationalité dans la prise de décision.

 

Présentation

Un âne se trouve à égale distance entre un seau contenant de l’avoine et un seau contenant de l’eau, placés à égal distance de lui. Ne pouvant déterminer une raison pour choisir l’une plutôt que l’autre, l’âne reste indécis et finit par mourir de faim.

 

Morale

Le paradoxe met en lumière le problème du déterminisme et de l’indétermination dans les actions humaines. Si l’âne est parfaitement rationnel et les deux choix sont parfaitement égaux, il semble n’avoir aucune base pour prendre une décision. C’est une preuve par l’absurde que dans la réalité le choix se fait toujours.

Avec ce paradoxe, Buridan plaide pour un déterminisme moral. Pour lui, sauf pour l’ignorance ou l’embarras, un humain qui fait face à des comportements possibles doit toujours choisir le plus grand bien. Buridan considère que la volonté peut retarder le choix pour déterminer plus complètement les résultats possibles de l’option.

Par ailleurs, Jean Buridan fonda une école et enseigna à Vienne. En tant que nominaliste, il ne pouvait admettre l’existence de la liberté humaine.

 

Critiques

Certains philosophes, comme Thomas d’Aquin, soutiendraient que le libre arbitre permettrait de faire un choix arbitraire. Cela même en l’absence de préférences rationnelles claires. L’âne pourrait simplement choisir l’un des deux seaux, sans qu’il y ait une raison déterminante.

D’autres critiques du paradoxe suggèrent que dans la réalité, les situations parfaites d’indécision totale n’existent pas. Il y aurait toujours des différences, même minimes, qui influenceraient la décision. Qui plus est, aujourd’hui avec la médecine, nous savons que l’eau est plus vitale que la nourriture.

La théorie des probabilités pourrait également fournir une solution. En effet, elle suggère que même en l’absence de différence perçue, il pourrait y avoir un choix basé sur une probabilité égale pour chaque option.

 

Comparaison avec Aristote

Ce paradoxe apparaît dans l’œuvre “Du ciel” d’Aristote, mais ici, pour les hommes. Il se demande comment un homme qui doit choisir entre deux nourritures également attirantes procéderait. Selon ses dires : « Celui qui, affligé d’une faim et d’une soif très vives, mais également intenses, se trouve à égale distance des aliments et des boissons : lui aussi demeurera nécessairement immobile ! ».

 

Lire plus : Le monde selon Aristote

 

Comparaison avec Spinoza

Spinoza procède à une généralisation que Buridan aurait refusée. Selon Buridan, l’âne mourrait de faim et de soif, mais un homme placé dans la même situation serait capable de choisir arbitrairement, c’est la « liberté d’indifférence ».

Cette liberté désigne la capacité de l’homme à faire ou ne pas faire une action. Il pourrait choisir n’importe laquelle des plusieurs possibilités qui se présentent à lui, en toute indifférence. Cela voudrait dire qu’il est doué d’un libre arbitre et non pas déterminé dans les choix qu’il fait.

En revanche, Spinoza estime qu’il n’y a ici, pas de différence entre l’homme et l’animal. Même l’homme mourrait de faim et de soif. Il rejette ainsi l’idée de la liberté d’indifférence.

 

Lire plus : Spinoza : l’homme n’a pas de libre arbitre

L’impetus

L’impetus est une notion développée par Jean Buridan pour expliquer le mouvement des objets, en réponse aux lacunes de la théorie aristotélicienne de la cause motrice. Selon cette théorie, tout mouvement nécessite une cause extérieure.

Lorsqu’un objet est mis en mouvement, le moteur lui imprime un certain impetus, une certaine puissance qui le pousse dans la direction voulue. Plus la vitesse initiale du mouvement est grande, plus l’impetus est puissant.

Cependant, l’impetus diminue au fil du temps en raison de la résistance de l’air et de la pesanteur. Buridan explique également que la quantité d’impetus qu’un objet peut recevoir dépend de sa masse. Plus un objet est dense et lourd, plus il peut recevoir d’impetus. Ainsi, une plume reçoit un impetus si faible, qu’il est rapidement annulé par la résistance de l’air.

Bien que la notion d’impetus soit floue, elle anticipe des concepts modernes tels que la quantité de mouvement et l’énergie cinétique. Cependant, elle ne peut pas être formalisée mathématiquement avant les travaux de René Descartes et les expérimentations de Galilée sur le mouvement des corps. Après eux, la notion d’impetus perd de son importance, remplacée par des théories plus rigoureuses (inertie).

 

Lire plus : Saint-Thomas d’Aquin : la finalité de l’homme

 

Je vous donne ci-dessous plusieurs sources que je consultais en prépa pour me cultiver en philosophie :

Les Bons Profs (chaîne YouTube)

Digischool (site Internet / chaîne YouTube)

Cyrus North (chaîne YouTube)

Le Précepteur (chaîne YouTube)

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Stéphane Westermann
Après deux années de prépa ECG au Lycée Georges de la Tour à Metz, j'ai pu intégrer Neoma avec pour objectif d'assister les étudiants dans l'excellence de leur Culture Générale et de leur langue allemande !