Dans un discours diffusé à la télévision le 9 août 2024, le Président vénézuélien entrant, Nicolás Maduro, a annoncé la suspension du réseau social X (anciennement Twitter) pendant 10 jours sur l’ensemble du territoire national. Cette annonce fait suite à une altercation publique entre l’homme politique et le propriétaire de la plateforme, Elon Musk. En effet, depuis la victoire du candidat socialiste aux élections présidentielles vénézuéliennes le mois dernier, Elon Musk n’hésite pas à qualifier Maduro de « dictateur », tandis que ce dernier accuse le milliardaire d’avoir « violé toutes les règles vénézueliennes en incitant à la haine, au fascisme et à la guerre civile ».
Cette polémique s’inscrit au centre d’un débat déjà bien ancré en Amérique latine, où les réseaux sociaux sont incontestablement une épée à double tranchant.
En effet, si les réseaux sociaux ont accompagné et soutenu la vague progressiste latino-américaine ces dernières années, il n’en demeure pas moins que le continent est aussi l’un des plus touchés par les dérives de ces nouveaux outils numériques. Dès lors, il s’agit de mesurer l’influence des réseaux sociaux en Amérique latine et d’évaluer leurs effets sur les dynamiques sociales, économiques et politiques de la région.
Les réseaux sociaux, une ressource précieuse pour l’Amérique latine
En Amérique latine, les réseaux sociaux sont avant tout un outil au service des populations.
Les réseaux sociaux : moteur des mobilisations sociales
Au cours des dernières années, les réseaux sociaux ont été une arme populaire incontestable en Amérique latine. Ils ont permis d’accroître l’ampleur des mouvements sociaux qui ont propagé une vague d’espoir sur le continent. Par exemple, les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial lors des manifestations de 2019 au Chili. Des plateformes comme Twitter et Facebook ont ainsi permis aux citoyens d’organiser des évènements massifs, rassemblant des millions de personnes.
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Plus significatif encore, à Cuba en juillet 2021, des milliers de citoyens ont utilisé les réseaux sociaux pour appeler à des soulèvements contre le gouvernement en place. Le #SOSCuba a alors rapidement gagné en popularité, attirant l’attention internationale sur les inégalités économiques et sociales subies par des milliers de cubains.
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Les réseaux sociaux comme promoteurs des voix marginalisées
En Amérique latine, les réseaux sociaux sont également un outil de revendication précieux pour les populations marginalisées. C’est le cas en Argentine, où le mouvement #NiUnaMenos contre les violences faites aux femmes a pris beaucoup d’ampleur depuis son lancement 2015. En effet, la mobilisation citoyenne est très rapidement devenue virale, ce qui a poussé le gouvernement à adopter de nouvelles réformes législatives.
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En Équateur, les réseaux sociaux sont aussi un moyen pour les communautés indigènes de faire entendre leur voix. Par le biais de vidéos et de témoignages, de nombreux locaux attirent ainsi l’attention des internautes sur leur lutte pour la préservation de leurs droits et de leurs traditions.
Un accès à l’information simplifié sur le continent latino-américain
En Amérique latine, les réseaux sociaux contribuent à une plus grande transparence médiatique. Ils sont parfois une alternative aux médias traditionnels, souvent contrôlés par les autorités politiques. Ainsi, au Mexique, certains journalistes usent de ces nouveaux outils numériques pour informer impartialement la population et l’alerter sur les abus du pouvoir.
En Colombie, la démocratisation des réseaux sociaux a aussi permis d’optimiser l’accès à l’information. Depuis 2016, le Gouvernement use notamment des réseaux sociaux pour informer les citoyens en continu sur les modalités du processus de paix avec les FARC.
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Les réseaux sociaux en Amérique latine : un piège insidieux ?
En réalité, les réseaux sociaux sont aussi un instrument puissant d’influence, de manipulation et de répression.
Les réseaux sociaux : instrument de manipulation politique ?
Les pays d’Amérique latine sont particulièrement touchés par les dérives des réseaux sociaux. En effet, les partis politiques ont souvent recours à ces plateformes pour mener une propagande massive et alimenter la désinformation. Par exemple, lors des élections de 2019 en Argentine, le camp du président sortant Mauricio Macri a été accusé d’avoir diffusé des informations trompeuses et des accusations non vérifiées à l’encontre de l’opposition. Les réseaux sociaux ont donc été un outil puissant pour influencer la campagne électorale… et pour manipuler les électeurs.
Les réseaux sociaux comme arme de répression massive
La généralisation des réseaux sociaux va de pair avec une vulnérabilité accrue des utilisateurs, dont les profils sont scrutés par les gouvernements les plus répressifs. Certains chefs d’Etat usent de cette « mise à nu » des internautes pour surveiller activement leurs activités en ligne. C’est le cas des autorités cubaines qui utilisent les informations recueillies sur les réseaux sociaux pour identifier, harceler et arrêter opposants politiques et activistes.
Les réseaux sociaux, nouveau vecteur d’ingérence en Amérique latine ?
Aujourd’hui, l’Amérique latine continue d’être sujette aux ingérences politiques et économiques étrangères, tristement démultipliées par les réseaux sociaux. Par exemple, depuis les années 2000, la Chine n’hésite pas à user du numérique pour accroître son influence sur le continent sud-américain. Lors de l’élection présidentielle bolivienne de 2019, la Chine s’est notamment servie des réseaux sociaux pour contester les accusations de fraude électorale menées à l’encontre du gouvernement d’Evo Morales. Le Gouvernement chinois a ainsi diffusé massivement des contenus sur les réseaux sociaux visant à influencer l’opinion publique.
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Pour conclure, les réseaux sociaux sont indéniablement une ressource précieuse pour les pays d’Amérique latine, jouant un rôle clé dans les mobilisations sociales, la démocratisation de la parole et la transparence médiatique. Toutefois, leur utilisation comporte des risques significatifs et il est donc de la responsabilité des citoyens de maintenir une vigilance constante vis-à-vis de ces dangers.
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