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L’image (Thème CG 2025) : représentation ou imitation ?

Sommaire

Les rapports de jury sont unanimes : les distinctions de concepts philosophiques constituent la base d’une bonne dissertation de culture générale. C’est même ce qui permet de construire votre plan, il sera donc essentiel de définir de plusieurs façons la notion de l’image. On peut attribuer deux premières étymologies  à « l’image » :

  • le latin imitari, qui renvoie à l’imitation
  • le latin imago que l’on peut comprendre comme représentation, portrait

L’image comme tentative d’imitation de la nature chez Platon

 

L’image : un simulacre chez Platon 

Le premier sens de l’image en tant qu’imitation a une consonance péjorative notamment chez Platon. D’après lui, l’image n’est qu’une tentative d’imitation d’une idée, d’une réalité. Mais cette tentative est vaine : elle ne peut pas égaler le modèle.  En effet, chez Platon l’art et en particulier la peinture imite des apparences sensibles, mais ces apparences sont une perception subjective du réel, un simulacre. Donc la peinture imite un simulacre. Il place la peinture au même niveau que la rhétorique, fortement critiquée dans le dialogue de Gorgias (dont le sous-titre est De la rhétorique). La peinture – donc l’image – est « un art de flatterie, qui ne se soucie ni du Vrai, ni du Beau, ni du Bien ».  Ainsi, Platon évoque le terme de mimésis : une illusion de la réalité.

 

L’allégorie de la caverne et l’image 

Un concept clé dans la philosophie platonicienne -probablement abordé au lycée- est l’allégorie de la caverne (La République, Livre VII). Pour rappel, des hommes sont enchaînés dans une caverne et ne voient pas des objets, mais uniquement leur image projetée. Les prisonniers de la caverne n’ont pas accès à la lumière du soleil, mais à une imitation. (ATTENTION SPOIL) Le film Shutter Island, de Martin Scorsese (2010) illustre cette idée d’une image, en l’occurrence mentale, cherchant à imiter une réalité. Or, on se rend compte que la vérité (l’extérieur de la caverne) est toute autre que l’image (la caverne) façonnée par l’esprit de Teddy Daniels. Par ailleurs, l’intrigue de Matrix des sœurs L. Wachowski (1999) est une référence encore plus explicite à ce mythe. En effet, les images de la matrice sont comparables à celles projetées dans la caverne, il s‘agit d’imitations (ici des simulations) de la réalité. Néo, l’élu de la prophétie doit se libérer de ces images, de la « caverne » qu’est la matrice. Dans l’allégorie de la caverne, seule l’éducation et la philosophie permettent de sortir l’être de son ignorance et de le guider vers une forme de vérité supérieure : vers la lumière du soleil.

Finalement, pour Platon, l’image en tant qu’imitation (mimesis) ne peut pas être envisagée comme un processus positif. En effet, l’image est une imitation du monde sensible (≠intelligible). Elle éloigne donc de la réalité intelligible. Les peintures et sculptures de la Grèce antique prétendent imiter la nature sensible par conséquent, Platon considère qu’il s’agit d’un artifice trompeur.

L’image : une représentation plus qu’une imitation chez Aristote

Aristote envisage la mimesis d’une façon moins péjorative que Platon. Effectivement, dans Poétique, un ouvrage de réflexion sur l’art poétique et plus particulièrement sur les arts et images, notamment à travers les notions de tragédie, d’épopée et d’imitation. Créer une image artistique par l’inspiration d’un modèle permet deux types de satisfactions :

  • d’une part, on éprouve de la satisfaction en reconnaissant le modèle dans la copie
  • d’autre part, le processus de production d’images est satisfaisant, on parle de la poïesis, c’est-à-dire la création.

Chez Aristote, l’image est davantage une représentation qu’une imitation étant donné qu’elle n’est pas uniquement une pure copie du réel. L’image est aussi une création, c’est une œuvre d’art à part entière.

 

Deux conceptions de l’image à l’origine de mouvements artistiques

Ces deux conceptions de l’image expliquent en partie l’évolution des mouvements artistiques. Par exemple, durant la Renaissance, les œuvres d’art, et en particulier les peintures et sculptures cherchent à imiter l’Antiquité gréco-romaine. On peut notamment citer de nombreux artistes italiens du 15ème-16ème siècle (Sandro Botticelli, La Naissance de Vénus, 1485 ; Andrea Verrocchio, David, 1476 ; Léonard de Vinci, L’Homme de Vitruve, vers 1490).

L’invention de la photographie au XIXème siècle marque un changement de paradigme dans la conception d’images et la création d’œuvres d’art : cette innovation peut désormais reproduire une réalité. C’est dans ce contexte que les mouvements de l’impressionnisme (Claude Monet, Impression soleil levant,1874) puis du cubisme (Pablo Picasso, Femme en pleurs, 1937 ; Salvador Dali, Autoportrait cubiste, 1923) apparaissent. Le cubisme renie complètement l’imitation du réel pour s’inspirer de l’art primitif. Pour le cubiste, l’image est donc davantage une représentation qu’une imitation d’une réalité.

Conclusion

Ainsi, chez Platon, l’image et l’art sont des processus basés sur une imitation d’une réalité, il s‘agit donc d’un artifice trompeur. L’allégorie de la caverne montre que les images projetées n’ont de vrai que l’apparence. Toutefois, Aristote voit en l’image une représentation permettant la satisfaction de l’artiste à l’origine de cette image, mais également celle des spectateurs de ces images. L’évolution des mouvements artistiques dans l’histoire prouve un changement de conception de la notion de l’image.

 

Lire plus : L’image (Thème CG 2025) : quelques premières pistes de réflexion

 

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Image de Ewan Nguyen
Ewan Nguyen