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Timothée Parrique : le showman de la décroissance

Sommaire

I – Qui est Timothée Parrique ?

Timothée Parrique (1989) est un jeune économiste français, aujourd’hui chercheur à la Faculté d’économie et de gestion de l’Université de Lund. Malgré son jeune âge, il est célèbre pour son essai Ralentir ou périr (2022), un ouvrage qui lui vaudra le surnom de « showman de la décroissance » (plus de 100 000 abonnés sur les réseaux sociaux) et dans lequel il popularise les théories de la décroissance et dresse une critique du système capitaliste.

Anecdote : passionné par l’économie depuis petit, le jeune Timothée demandait systématiquement une carte de crédit comme cadeau de Noël. Il finira même par imprimer de faux billets.

C’est lors de son Erasmus en Suède, après un bac S en sciences de l’ingénieur qu’il qualifie « d’ennuyeux », que sa passion pour l’économie et l’écologie se manifeste. En effet, l’interdisciplinarité suédoise lui permettait de lier ces deux matières : « j’avais l’impression de vivre une révolution scientifique. »
Par ailleurs, T. Parrique était l’invité de la rentrée à HEC Paris en 2022 pour parler de son œuvre Ralentir ou périr : « En école de commerce, ce sont souvent les étudiants qui font pression pour m’inviter. Il vaut mieux que ce soit moi plutôt que Jean-Michel l’économiste. »
Il est donc intéressant de se pencher sur ses travaux afin de comprendre les liens entre croissance et environnement et d’avoir de solides arguments en faveur de la décroissance. Il s’agit d’un auteur qui a évidemment sa place dans vos copies.

II – L’apport de Timothée Parrique à la pensée économique : la décroissance

  1. Périr : critique du capitalisme, non au PIB et à la croissance

Selon lui, le PIB est un « agitateur économique » qui ne reflète en rien le bien-être d’une population. En effet, Parrique s’inquiète de la place trop importante qu’occupe le PIB aujourd’hui alors même que le progrès, l’innovation, l’éradication de la pauvreté, l’amélioration du vivre-ensemble, la cohésion sociale et la paix sont des notions que le PIB n’intègre pas.
Plus loin, Parrique affirme que « la décroissance est incompatible avec le capitalisme » dans la mesure où des objectifs de convivialité sociale et de soutenabilité écologique, avec comme priorité le renoncement, sont contraires à l’objectif du capitalisme (fondé sur l’accumulation).
Ainsi, dans un système à la fois capitaliste et où le PIB est l’instrument de pilotage fondamental, notre monde courrait à sa perte.

  1. Stagner : la croissance zéro n’est pas une solution

Le concept de la « croissance verte » est un leurre. Une croissance sans pollution, sans extraction de ressources et sans émission de gaz à effet de serre est impossible.

  1. Ralentir : la solution qu’apporte la décroissance

La décroissance selon Parrique : réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique, planifiée démocratiquement dans un esprit de justice qui amène à une société de post-croissance, une économie stationnaire en harmonie avec la nature.

Comment y parvenir ?

Pour lui, il n’est pas trop tard pour aller vers la décroissance. Il défend l’idée d’une heureuse coïncidence où la baisse du pouvoir d’achat coïncide avec une hausse du temps libre et insiste sur le fait que décroissance ne rime pas avec récession, car la décroissance, elle, est planifiée.
C’est une société où l’on peut se permettre de choisir un travail en fonction d’objectifs de convivialité et de soutenabilité, en mettant l’impératif financier de côté. Cela demande un encadrement des salaires avec une revalorisation des bas salaires et un salaire maximum, dans une stratégie de limite de la richesse et des revenus.
D’autre part, en tant que partisan de la low-tech, Timothée Parrique considère que la neutralité carbone ne peut être atteinte grâce à l’innovation technologique (une forme de soutenabilité faible).
Dans la même veine, Kate Raworth (Doughnut Economics, 2017) propose dans sa théorie du donut un modèle économique qui vise à satisfaire les besoins humains essentiels tout en respectant les limites planétaires. Il s’agit de vivre au-dessus du seuil de soutenabilité sociale mais au-dessous du seuil de destruction écologique !

Cela ne pose-t-il pas un problème de compétitivité si la décision n’est pas uniforme ?

Lors d’une interview, l’auteur prend l’exemple suivant :

« Si la Chine et les États-Unis veulent continuer à se développer, ils devront trouver de nouvelles ressources, ce qui pose un défi majeur. À l’inverse, si l’Europe opte pour une décroissance maîtrisée et atteint l’autonomie énergétique, elle deviendra plus résiliente et cela la préparera mieux aux crises futures. Les nations qui repoussent cette transition finiront par s’effondrer, et plus elles auront accumulé une empreinte écologique importante, plus leur déclin sera sévère lorsqu’elles seront confrontées aux réalités de ces crises. »

Conclusion

En somme, Timothée Parrique incarne une nouvelle génération d’économistes engagés, dont les idées bousculent les fondements du capitalisme actuel. À travers son essai Ralentir ou périr, il propose une alternative audacieuse : la décroissance planifiée, visant à créer une société plus résiliente, conviviale et écologique. Sa critique du PIB et du modèle capitaliste nous invite à repenser la notion de progrès et à envisager un avenir où la soutenabilité environnementale prime sur la course effrénée à la croissance. Face aux crises imminentes, ses théories offrent des pistes de réflexion incontournables pour les décideurs politiques et les citoyens du XXIᵉ siècle.

Une dernière question se pose : voulons-nous ralentir ?

Lire plus : Mister Prepa – Décroissance obligatoire ou impossible ?

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Enzo Bleriot
Étudiant en première année à l'ESSEC après 2 ans de CPGE ECG sur l'île de La Réunion :)