Le Royaume-Uni est le deuxième pays le plus inégalitaire des pays du G20, juste après les Etats-Unis. Son coefficient de Gini des revenus (qui est un indicateur permettant de calculer le niveau d’inégalité de ces revenus) est de 0,35. Ceci représente le nombre le plus élevé en Europe Occidentale. Dans cet article, nous te proposons une analyse de ce phénomène.
Des inégalités toujours plus importantes
Les inégalités économiques
Premièrement, les inégalités économiques sont fortes. Par exemple, la richesse des individus est différente selon leur âge. Les citoyens entre 18 et 35 ans possèdent environ 5 fois moins de capital que ceux âgés entre 55 et 64 ans.
Les inégalités sont aussi matérialisées par une fracture géographique, entre le nord et le sud du pays. Le sud est généralement considéré comme un espace qui concentre les richesses et les emplois qualifiés. Au contraire, le nord reste un endroit précaire, avec une forte part d’emplois dans l’industrie. Ceci influe sur certains indicateurs. En effet, l’espérance de vie est de 74 ans à Manchester (ville industrielle du Nord du Royaume-Uni) tandis qu’elle est de 85 ans à Kensington, l’un des quartiers les plus riches de Londres.
Le développement de nouvelles formes de travail, tels la “gig economy” ou le contrat zéro heures contribuent également à la précarisation d’une partie de la société. En effet, dans le cas de la “gig economy”, les employés ont le statut d’auto-entrepreneurs. Ceci signifie qu’ils n’ont aucune protection sociale de la part des entreprises qui les emploient.
En ce qui concerne le contrat “zéro heure”, il se popularise grandement dans tout le Royaume-Uni. Le salarié est sollicité seulement lorsque l’entreprise a besoin de ses services. Il doit donc se tenir disponible en permanence pour répondre aux appels de son patron. Cependant, seules les heures où ils travaillent sont rémunérées. De plus, les congés payés sont dépendants des heures de travail et il n’y aucune protection sociale. Le licenciement peut se faire sans préavis.
Ces inégalités économiques mènent à des différences de niveau de vie et ce, dès l’enfance. En effet, on estime que 20 % des enfants britanniques se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire.
Les inégalités de genre
Les inégalités de genre restent aussi présentes. Les femmes qui travaillent à plein temps passent 9 heures de plus par semaine que les hommes à s’occuper de tâches ménagères. De plus, les proportions de femmes sont très basses dans des postes à haute responsabilité. Par exemple, elles ne représentaient que 20 % des députés en 2010. Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à 40 % au sein de la Chambre des communes. Même si on constate une amélioration, la parité n’a toujours pas été atteinte.
La “gender pay gap” était de 14,3 % en 2023. Le secteur pharmaceutique est celui qui est le moins influencé par cet écart salarial. Mais, même ici, une différence persiste, puisque les pharmaciennes continuent de gagner 97 cents pour chaque dollar que gagne un pharmacien.
Le Royaume-Uni, une “do-it-yourself” nation ?
Les mesures de libéralisation impulsées par Margaret Thatcher à partir de 1979 ont permis à la moitié de la population de s’enrichir, tandis que le reste s’est enfoncé dans la pauvreté. La privatisation de certains secteurs, tels celui de la santé ou des transports, a remis en cause l’Etat-providence qui était mis en place jusqu’alors.
Thatcher voulait passer d’une logique de “give-it-to-me” à celle d’une “do-it-yourself”. Il s’agit d’une vision néolibérale du monde, dans laquelle l’individu est vu comme étant l’unique responsable des conditions dans lesquelles il vit. Cette vision ne prend pas en compte le milieu dans lequel il évolue et les discriminations systémiques que certains groupes sociaux peuvent subir. De nombreux programmes d’aides ont été retirés à cette période.
Par la suite, des politiques d’austérité budgétaire ont été implémentées, notamment avec les mandats de David Cameron ou encore celui de Rishi Sunak. Cette austérité conduit à la suppression de nombreuses aides sociales.
Lire plus : Les grèves se poursuivent au Royaume-Uni pour faire face à l’inflation
Des mesures qui visent à contrer ces inégalités
Certains programmes gouvernementaux ont néanmoins pour ambition de répondre aux besoins des personnes les plus précaires. En 1999 a été lancé le programme Sure Start. Il a pour objectif de permettre aux enfants de milieux défavorisés d’avoir le “meilleur départ possible dans la vie” (best possible start in life). Le programme prévoyait entre autres un accès facilité aux soins et une éducation gratuite de qualité.
En 2011, le gouvernement a instauré le Jobseeker’s Allowance. Ce dernier correspond à une forme d’allocation chômage. Un certain montant est versé à des personnes sans emploi. Cependant, cette aide est soumise à des conditions. Il faut entre autres avoir suffisamment cotisé à la “national insurance” et être en recherche active d’emploi. Cette aide n’est versée que pendant quelques mois et certaines personnes, comme les auto-entrepreneurs, n’y sont pas éligibles.
Des mesures ont aussi été prises pour réduire les inégalités de genre. En 2010 a été voté le Equality Act. Cette loi vise à promouvoir l’égalité des genres et à améliorer les opportunités professionnelles pour les femmes.
Vocabulaire sur les inégalités
Et voici quelques mots de vocabulaire sur ce thème qui peuvent t’être utiles en colle ou en dissertation !
- gender pay gap : écart de rémunération entre hommes et femmes
- expenditure : dépenses
- benefits : allocations
- zero hour contract : contrat zéro heure
- eke out a living : difficilement joindre les deux bouts
- be laid off : être licencié
Lire plus : Le Royaume-Uni envisage-t-il un retour dans l’UE ?