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Cancel culture : la liberté d’expression est-elle en danger ?

Sommaire

La montée en puissance des réseaux sociaux a permis à ces derniers de devenir des outils de débats d’opinion et des lieux où la liberté d’expression se veut reine. On pointe du doigt aujourd’hui un phénomène qui existe depuis un certain temps mais que l’on ne nommait pas : la cancel culture. La cancel culture, traduite « culture de l’effacement » s’avère être pour certains (un individu, une société, un journal), un moyen de rendre justice et de faire planer la paix, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la vie quotidienne. Toutefois, elle peut devenir pour d’autres, très dangereuse dans une démocratie, et peut faire disparaitre peu à peu la liberté d’expression par la censure. L’exemple de la cancel culture peut être utilisé dans nombre de thèmes dans un essai, pour aborder les libertés, les limites des nouvelles technologies, la démocratie et bien d’autres sujets.

 

Qu’est-ce que la cancel culture ?

La cancel culture, synonyme de « culture de l’effacement » et de « la dénonciation », est un phénomène né aux Etats-Unis. Ce terme est apparu en 2017 et désigne la dénonciation publique d’individu(s) ou de groupes qui auraient un comportement, des propos, ou des opinions problématiques et divergents. Dénoncer est plus facile sur les réseaux sociaux, qui permettent la délation anonyme, rapide tout en respectant la loi. C’est en effet autorisé aux Etats-Unis, grâce au Premier amendement de la Constitution américaine qui déclare que la liberté d’expression est un droit fondamental et qu’une punition interviendrait dès lors que le discours serait lié à de la violence, à des comportements illégaux. Le discours haineux ( hate speech ) est protégé par le Premier amendement. Comme en France, le système judiciaire américain repose sur la présomption d’innocence.

 

Quelques exemples de cancel culture

La censure sociale a toujours fait partie de l’histoire mais aujourd’hui, elle se développe en ligne. Il est donc plus difficile de trouver l’auteur de la « suppression », et de le punir en cas d’excès. De nombreuses personnes visées par la cancel culture ont été dénoncées. On pense à Harvey Weinstein, dénoncé pour agressions sexuelles en 2017. Ce rejet public a été initiateur d’un mouvement d’émancipation des femmes et des hommes, le mouvement #MeToo en 2017. Ce hashtag déjà existant depuis 2007, donne la voix aux femmes et hommes victimes d’harcèlement sexuel et d’agression sexuelle.

En juin 2020, la plateforme HBO a retiré le film américain sur la Guerre Civile, l’historique romance, Autant en emporte le vent de sa plateforme de streaming, considéré comme un « produit raciste de son temps ».

 

Les limites de la cancel culture : avons-nous encore le droit d’avoir des opinions différentes ?

La capacité et la liberté que chacun possède à « supprimer » un propos ou à dénoncer une personne peut s’avérer être dangereux pour la conservation de la liberté d’expression en démocratie. Les dénonciations faites par auto-justice peuvent être perçues comme du cyberharcèlement.

La journaliste américaine du New York Times, Bari Weiss, a été victime de cancel culture en 2020 pour avoir exprimé dans ses articles une opinion différente de la ligne éditoriale du journal. Elle dénonce le fait qu’il est très difficile d’exprimer son opinion quand un/une journaliste a des idées différentes quand on sait que le NYT a des idées centre-gauche. Selon elle, les opinions générées par Twitter sont devenues influentes dans la rédaction du journal et la culture de l’intellect est devenue dans le New York Times, un échec. Elle fait partie d’un mouvement d’intellectuels américains inquiets de la censure qu’incite la cancel culture, voire de l’autocensure sur les réseaux sociaux ou dans les universités. Sensible aux dérives possibles de la cancel culture, elle a signé, aux côtés de nombreux auteurs, artistes et intellectuels, une lettre ouverte (« Letter on justice and open debate ») publiée le 7 juillet 2020 dans le Harper’s Magazine. Ils sont au total 153 personnalités, déplorant l’intolérance face aux opinions contraires.

 

Pour conclure

Ce terme anglophone remet en cause l’existence de liberté d’expression et d’opinions dans le monde, mais surtout aux Etats-Unis. Ainsi, un individu quelconque peut juger une personne et la boycotter sans l’aide de la loi, ce qui n’est pas sans danger. Ce concept fortement utilisé aujourd’hui, initialement créé pour exiger davantage de justice, peut être vu comme une forme de censure ou de (cyber)harcèlement. Néanmoins, les réseaux sociaux ont pour but de garantir à chaque individu, un accès libre et l’expression de ses propres idées tant qu’elles ne mettent pas en danger autrui. De nombreux artistes, journalistes, intellectuels ainsi que Barack Obama dénoncent cette cancel culture comme étant un outil de censure et de limitation des libertés et essayent de la combattre. Le politiquement correct en viendrait-il à limiter la liberté d’expression ?

 

Vocabulaire

 

– cancel culture : la culture de l’effacement, de la dénonciation

– to boycott sb : boycotter

– to call out sb : critiquer, dénoncer quelqu’un

– cultural appropriation : l’appropriation culturelle

– to threat sb : menacer quelqu’un 

– censorship : la censure

– to shame sb : faire honte à

– a reckoning : une prise de conscience

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Manon Dahan