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L’actualité en bref #13 – Semaines du 01 au 15 juin 2020

Sommaire

Commençons cet épisode de l’actualité géopolitique et économique par une énième prouesse du président américain.

 

1) Le jeu dangereux de Donald Trump aux USA :

Les émeutes raciales exacerbent les clivages entre le président Trump et le camp démocrate, à quelques mois des élections présidentielles. En effet, il joue à un jeu dangereux en exacerbant les différences alors que depuis trois semaines le pays fait face à d’importantes violences urbaines en réaction à la mort de George Floyd, un afro-américain tué par un policier blanc le 25 mai dernier à Minneapolis. Plutôt que de calmer le jeu il cherche des coupables en désignant l’extrême gauche comme responsable de cette violence et en critiquant les autorités démocrates du Minnesota. Cette stratégie est d’autant plus risquée que tous les ingrédients sont réunis pour que l’Amérique s’enflamme : chômage, hausse des inégalités avec le covid-19, prise des conscience des violences policières, extrême droit décomplexée, président provocateur….

 

2)Mort du chef d’Al-Qaïda au Maghreb, un succès avant tout symbolique :

Le chef historique d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a été tué par l’armée française le 3 juin dernier lors d’une opération dans le nord du Mali. Cette élimination devrait affaiblir temporairement les mouvements terroristes dans la région mais la neutralisation de certains leaders ne suffira pas d’autant plus que Droukdal n’est pas l’unique leader jihadiste au Sahel.

 

3)Kim Yo-jong, future dirigeante de la Corée du Nord ?

Figure jusqu’à présent discrète du régime nord-coréen , la sœur cadette de Kim Jong-un monte au front contre la Corée du Sud en se montrant de plus en plus agressive à son encontre notamment en la menaçant de représailles. Cet avènement présente un double intérêt géopolitique. D’une part, il marque une rupture après des mois de détente entre les deux Corées suite au sommet intercoréen d’avril 2018 lors duquel les dirigeants des deux Corées s’étaient rencontrés. Des canaux de communication avait été établis mais ils viennent d’être fermés par Jim Yo-jong. Deuxième intérêt, cette intervention confirme le rôle majeur de Kim Yo-jong dans la régime nord-coréen. Elle est ainsi pressentie pour devenir la successeur de Kim Jong-un.

 

4)Nouveau coup dur pour la justice internationale :

Le Président Trump vient de signer un décret visant les officiels de la Cour pénale internationale (CPI) de la Haye en réponse à leur volonté d’enquêter sur d’éventuels crimes de guerre américains en Afghanistan. Si ces crimes étaient avérés, il s’agirait d’une grave violation des règles internationales de la guerre d’autant plus, qu’en menaçant les magistrats de la sorte, les Etats-Unis montrent une fois de plus qu’ils se pensent au-dessus de toute loi internationale. Cette décision affaiblit d’autant la Cour pénale. Fondée en 2002 afin de juger les crimes de guerre et contre l’humanité, elle n’est pas reconnue pas les Etats-Unis, la Chine ou encore la Russie. Rejetée par les grandes puissances, sa légitimité est de plus en plus remise en cause par les pays signataires. Ainsi, au cours du 28ème Sommet de l’Union Africaine, des discussions ont eu lieu afin de trancher sur un éventuel retrait massif des pays africain du traité de Rome sui régit la CPI.

5)L’austérité dans les pays pétroliers du Golfe :

La légère reprise des cours boursiers ne suffira pas à redresser les finances publiques des monarchies pétrolières du golfe, affaiblies depuis 2015 par la chute des cours. À moyen terme, selon le FMI les cours devraient se stabiliser aux alentours de 60 dollars ce qui est insuffisant pour un permettre rééquilibrage budgétaire. À terme, les monarchies vont être contraintes de réduire le coût de leur masse salariale et d’encourager davantage le développement du secteur privé. Depuis 2018, une TVA de 5% est en vigueur dans certains pays mais les finances publiques reposent encore quasi exclusivement sur les recettes pétrolières, les monarchies ayant peur d’instaurer de nouveaux impôts qui pourraient menacer leur légitimité.

 

6)Plan de relance de 130 milliards d’euros pour l’Allemagne :

L’Allemagne va débloquer quelques 130 milliards d’euros afin de soutenir puis de relancer son économique dans le but d’éviter que la récession qui s’annonce ne soit trop brutale. Parmi les mesures que seront prises, une aide de 300 euros par enfant ainsi qu’une TVA abaissée à 19 puis à 16% de juillet à décembre 2020. Un plan historique largement tourné vers la demande intérieure dans un pays fondant depuis plusieurs décennies sa croissance sur les exportations et donc la demande extérieure. Ce plan s’ajoute à un plan de soutien de 1000 milliards d’euros mis en place en mars qui prévoyait des aides aux entreprises ainsi que des prêts garantis.

7)Prolongation de l’accord pétrolier OPEP/Russie :

L’OPEP et la Russie se sont accordés afin de prolonger de deux mois leur accord historique sur la baisse de la production pétrolière. Depuis son plus bas niveau, fin avril, le cours du pétrole a ainsi doublé pour atteindre environ 40 à 50$ le baril mais il n’est pas suffisant pour permettre un rééquilibrage budgétaire dans certains pays exportateurs comme l’Arabie Saoudite, d’autant plus qu’il devrait atteindre un prix plafond étant donné les énormes quantités de pétrole stockées qui se sont accumulées à travers le monde. Le risque est maintenant de voir la production de pétrole de schiste augmenter aux Etats-Unis, d’autant plus que ce pays ne fait pas partie du cartel de l’OPEP et il n’a pas signé l’accord avec l’OPEP et la Russie en avril dernier.

 

8)Endettement massif des entreprises :

En mars et avril 2020, en France, 61 milliards d’euros de prêts bancaires ont été émis, soit quatre fois plus qu’en 2019 sur la même période. Même constat sur le marché des obligations: les entreprises en manque de liquidités se ruent sur les marchés financiers. Aux Etats-Unis, 1000 milliards de dollars d’obligations ont été émis sur les cinq premiers mois de l’année, soit le double qu’en 2019. En France, la dette des entreprises non financières approche les 2000 milliards d’euros selon La Banque de France. Le risque financier systémique est non négligeable selon le haut conseil de stabilité financière. Ainsi, des entreprises comme Renault viennent d’être classées « Junk bonds » (actifs à risques) par certaines agences de notation.

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Thomas Tropes
Étudiant à emlyon business school après une prépa ECE au Lycée Montaigne (Bordeaux) et passionné de géopolitique, je suis chargé de « l’actualité en bref » pour vous permettre de mieux décrypter les enjeux contemporains.