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Philippe Aghion prend la parole sur l’Inflation Reduction Act !

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Dans une tribune du 7 mars publiée sur le site Les Echos, l’économiste et professeur au Collège de France, Philippe Aghion, a pris la parole sur l’attitude à adopter pour l’Europe face à l’Inflation Reduction Act de Joe Biden.

 

L’inflation Reduction Act, le nouveau mal des européens ?

Les Etats-Unis sont souvent perçus comme un pays libéral, favorable à la concurrence entre les entreprises et les pays. Pourtant, fin août 2022, une série de mesures visant à freiner l’inflation ont un goût très protectionniste. L’Inflation Reduction Act prévoit que des subventions à l’achat d’un véhicule électrique, pouvant aller jusqu’à 7.500 dollars soient octroyés aux ménages américains. Or ces subventions ne seraient applicables que sur des véhicules américains, donnant ainsi un coup de pouce aux constructeurs locaux aux dépens des entreprises européennes exclues des aides. Ce bouquet législatif prévoit également des exonérations fiscales pour les industriels qui s’engagent à produire aux États-Unis des panneaux solaires. 

Concrètement, sous le prétexte de réduire l’inflation tout en défendant l’environnement, l’administration américaine a fait passer l’« Inflation Reduction Act » qui autorise une dépense publique supplémentaire de 737 milliards de dollars sur dix ans, dont 369 milliards en subventions et crédits d’impôts. Dernière conséquence de ces mesures, le groupe d’Elon Musk, Tesla, a décidé de mettre en pause son projet de construction d’usine de batteries en Allemagne. Cette décision a été prise quelques semaines après l’adoption du texte prévoyant des incitations fiscales pour les constructeurs si les batteries sont fabriquées et assemblées aux Etats-Unis.

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La meilleure réaction pour l’Europe est de s’adapter

Philippe Aghion s’appuie sur récent article publié par le think tank Bruegel «How Europe should answer the US Inflation Reduction Act ». Ces auteurs recommandent à l’Europe de simplement poursuivre leurs réformes structurelles en ajoutant le cas échéant des réglementations supplémentaires pour réduire les émissions de CO2. En clair : surtout ne pas dévier de la doctrine économique qui a gouverné l’Europe au cours des dernières décennies. L’auteur explique dans cette tribune que cette doctrine mise en place à la fin des années 1980, est centrée sur un « grand marché » avec un budget communautaire très limité, et d’inspiration « hayékienne ». Or cette doctrine économique a fait de « l’Union européenne un géant réglementaire et un nain budgétaire ».

Le professeur au Collège de France propose, non pas de « renoncer au marché unique ni au Pacte de stabilité, tous deux sont nécessaires à l’innovation et à la croissance en Europe. Mais plutôt de les adapter aux nouvelles circonstances, en particulier à la concurrence que nous livrent les Etats-Unis et la Chine à travers leurs politiques industrielles très affirmées. »

Philippe Aghion propose trois idées pour éviter le déclin de l’Europe :

  • Concernant le Pacte de stabilité, il devient primordial de permettre aux pays qui montrent un sérieux budgétaire d’investir plus et mieux dans l’éducation, l’innovation, la transition énergétique, la digitalisation et la défense.
  • Au niveau de la politique de concurrence, il est préférable, plutôt que d’interdire les aides sectorielles d’Etat, d’encourager des politiques industrielles compatibles avec la concurrence.
  • Enfin, en ce qui concerne le budget européen, il faut augmenter la capacité d’emprunt et d’investissement de l’UE pour créer un fonds européen souverain pour l’industrie.

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Pour conclure, Philippe Aghion propose dans cette tribune trois pistes de réflexion pour faire face à l’Inflation Reduction Act des Etats-Unis. « Il y a urgence : en l’absence de tels accommodements, l’Europe court le risque d’un déclin irrémédiable. »

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref