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Culture Générale HEC / EMLYON 2023 – Analyse du sujet

Sommaire

Découvrez dans cet article l’analyse du sujet de Culture Générale HEC / EMLYON tombé lors du concours BCE 2023.

Pour rappel, cette épreuve est redoutée en raison de son importance, car elle possède un fort coefficient et est utilisée par presque toutes les écoles de la BCE !

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L’analyse du sujet de Culture Générale HEC / EMLYON 2023

Le sujet proposé cette année était sous la forme d’une affirmation, et non d’une question. Cette formulation ne devrait pas être trop étonnante pour les étudiants qui passent cette épreuve au vu des sujets proposés ces dernières années.

 

Encore une fois, ceci est une proposition d’analyse du sujet. Il ne s’agit absolument pas d’un corrigé, il n’est pas grave si des aspects évoqué ici ne sont pas présents dans ta copie, et vice-versa.

Quelques pistes de réflexion possibles

Lier le terme “ épreuve “ à celui de monde peut être assez surprenant. On n’arrive de prime abord pas trop à les associer, donc essayons de définir ce qu’est une épreuve.

Une épreuve serait un obstacle à surmonter afin d’atteindre un but. Une épreuve suppose une difficulté, mais également un enjeu : si j’échoue à une épreuve, ce pourrait avoir des conséquences.

Parler d’épreuve du monde, ce serait donc considérer le monde comme un obstacle à surmonter, en vue d’un but. Si je prends le monde dans le sens d’un ensemble d’individus vivant ensemble et partageant des intérêts communs (un monde “social”), alors l’épreuve du monde exprimerait une éventuelle difficulté à se sociabiliser. En effet, autrui peut me scruter, me juger, se moquer de moi car mon comportement n’est pas conforme aux normes sociales : l’épreuve du monde, c’est alors une quête, la volonté d’être accepté dans la société.

Or, le monde n’est pas une épreuve comme les autres : car je n’ai pas choisi de vivre, d’être au monde. Je suis un être-jeté dans le monde, que je le veuille ou non. Mais alors, l’enjeu de cette épreuve peut être démesuré : surtout que ne pas réussir cette épreuve, c’est être exclu du monde, et donc mourir.

 

Pour gagner en précision, essayons de donner des synonymes et des expressions de ce terme, “épreuve”.

Mettre quelque chose “à l’épreuve”, c’est essayer de montrer que cette chose est de qualité, montrer qu’elle n’est pas défaillante. Le mot « épreuve » peut alors se rapprocher du terme d’expérience : vous pouvez ici utiliser vos références sur le monde scientifique, physique.

Elle peut prendre une connotation tragique si l’épreuve n’est assimilée qu’à une souffrance, quelque chose que l’on subit : au contraire, elle peut aussi être le moyen de prouver son courage face à l’adversité. Dans ce dernier sens, l’épreuve du monde peut renvoyer au terme d’aventure !

 

On remarque la présence d’un génitif dans ce sujet, on peut donc comprendre le sujet de différentes façons. Prenons un exemple concret pour mieux comprendre ceci.

Quand je dis “ la peur des ennemis “;

  • Génitif subjectif : les ennemis sont les sujets qui ont peur (de moi par exemple ?).
  • Génitif objectif : Les ennemis sont les objets de la peur (j’ai peur des ennemis, par exemple).

 

On peut donc réappliquer cet exemple pour notre sujet, l’épreuve du monde : 

  • Génitif subjectif : le monde comme sujet de l’épreuve, comme si c’était lui qui créait cette épreuve, qui l’organisait selon ses désirs. Ce sens conviendrait a priori plus au monde social.
  • Génitif objectif : le monde comme objet de l’épreuve, le monde est en lui-même une épreuve. Ce sens conviendrait plus à une réflexion sur la vie en elle-même, l’épreuve que constitue notre présence au monde. 

 

Enfin, n’oubliez pas d’explorer la polysémie du terme de “monde”. On peut par exemple évoquer l’étymologie, soit comme cosmos, soit comme mundus etc. Jouez aussi sur les différents aspects du monde : physique, métaphysique, phénoménologique, social…

Problématique

Associer le terme d’épreuve au monde semble assez surprenant, si bien qu’on pourrait contester un tel lien. Comment le monde pourrait-il être le sujet qui organise une épreuve ? C’est peut-être une entité justement supérieure au monde qui vient créer cette épreuve, car le monde physique en lui-même n’a pas ce pouvoir de s’organiser lui-même : il perdure suivant la loi de l’évolution, et les lois de la nature. Le sujet semble de prime abord absurde : une épreuve suppose une volonté, ce que le monde physique n’a pas.

Mais alors, le monde est donc l’objet de l’épreuve : le monde EST une épreuve en lui-même, ma présence au monde est une épreuve que je subis, que je n’ai pas choisi de vivre. Accepter une telle conception du monde, n’est-ce pas condamner l’existence humaine au désespoir, à la peur d’échouer cette épreuve ? Par définition, une épreuve n’est-elle pas synonyme de souffrance, de doute, d’un enjeu très important ? (au contraire d’un simple exercice).?

Alors, l’épreuve du monde, est-ce une incompréhension sur ce qu’est le monde ou au contraire une révélation de sa nature tragique ? 

Une proposition de plan : 

I/ Le monde est-il  vraiment à l’origine d’une quelconque épreuve ? 

  • Dans cette partie, on peut d’abord s’intéresser à une conception  purement physique du monde. Le monde n’a pas de volonté, il ne choisit pas d’imposer une épreuve aux êtres vivants.
  • On pourrait défendre que l’épreuve serait une marque d’instabilité quant à son issue, or étymologiquement le monde est un cosmos (ordre).
  • Dans cette partie, on peut également évoquer le sens d’épreuve comme une expérience : mettre le monde à l’épreuve, c’est changer la vision que nous avons de celui-ci.
  • Ce serait plutôt un être supérieur au monde, qui gouverne le monde, qui serait à l’origine de cette épreuve. Pensez par exemple à Job dans la Bible : c’est Dieu qui est à l’origine de ses malheurs, non pas le monde en lui-même. Dieu teste Job, il le soumet à des épreuves !
  • Le monde est donc ce par quoi s’exprime cette épreuve ! 

 

Transition. Par conséquent, nous sommes face à une impossibilité : nous ne pouvons pas considérer le monde comme créateur de l’épreuve mais bien comme objet de l’épreuve. 

II/ Mais si le monde est objet de l’épreuve, cette dernière ne révèle-t-elle pas l’aspect destructeur du monde ? 

  • L’épreuve s’exprime donc dans le monde, par le monde, d’une volonté extérieure. Mais le sujet proposé change alors de tournure : si le monde est une épreuve pour les êtres qui l’habitent, ils ne l’ont pas choisi. C’est donc une épreuve subie, des malheurs, tensions qui nous détruisent à petit feu. Vivre une épreuve, c’est vivre une période difficile, éprouvante (on peut par ailleurs utiliser ce terme, éprouver, qui se rapproche du terme d’épreuve : éprouver quelque chose, c’est le ressentir de façon plus intense !)
  • En terme de référence, on peut utiliser Arthur Schopenhauer avec Le monde comme volonté et comme représentation
  • Des personnages qui subissent leur destin ? Phèdre dans l’oeuvre de Racine par exemple ? 
  • Peut-être l’étranger de Camus ?

Transition : nous voyons donc qu’il faudrait échapper à cette épreuve, mais par conséquent échapper au monde en lui-même, c’est à dire mourir pour éviter une telle existence. Ne pourrions-nous pas au contraire nous plonger dans cette épreuve pour en sortir vainqueur ? 

III/ Toutefois, l’épreuve n’est-elle pas faite pour être surmontée, et donc pour donner de l’intérêt à l’existence dans le monde ? 

 

  • Dans cette ultime partie, on pourrait justement défendre que si le monde est objet d’une épreuve, il faut s’y confronter et nous n’avons pas le choix. Mais il faut faire de nous des êtres actifs dans cette épreuve, se rendre maître de notre propre existence dans le monde.
  • Il faut donc rejeter les mondes imaginaires (thèse défendue par Nietzsche, par exemple) : si je suis mis à l’épreuve à travers mon existence, ce doit être le moment de prouver mon courage, ma bravoure, et de ne pas délirer avec des mondes imaginaires.
  • Alors, prendre le monde comme une épreuve, c’est s’imposer : utiliser des stratagèmes pour s’affirmer dans le monde social, accéder aux hautes sphères de la société comme le fait Georges Duroy dans Bel Ami de Maupassant par exemple.
  • Mais alors, peut-être est-ce moi-même qui devrais être à l’origine de cette épreuve : considérer le monde comme une épreuve, c’est donner un sens à son existence, c’est échapper à l’ennui. On pourrait par exemple utiliser l’ouvrage de Jankélévitch sur l’aventure (j’avais par ailleurs écrit un article à ce sujet il y a peu de temps). Je dois donc être humble lorsque je vis cette épreuve : car durant celle-ci, pourrait se dérouler des évènements imprévus, inconnus. C’est d’ailleurs ce qui fait tout son charme. 

 

Bon courage pour la suite des concours !

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Antoine Mas
Etudiant à HEC Paris après 2 ans à Saint Michel de Picpus.