Aujourd’hui, les firmes transnationales représentent 50 du PIB mondial et 2/3 du commerce international. Il convient donc d’étudier depuis quand, comment et pourquoi ces entreprises parviennent à se faire un nom au sein de la mondialisation.
Par définition, les FTN sont des entreprises ayant des activités de production dans plusieurs pays, et n’employant qu’une partie de leurs salariés dans leur pays d’origine, d’où elles ne tirent d’ailleurs qu’une partie de leur chiffre d’affaire total. Ainsi, ce sont des entités au destin mouvant dans un contexte de mondialisation, qui ont su s’adapter pour sortir gagnantes de l’interconnexion du monde.
La mondialisation, une opportunité pour les FTN
La planète Terre, une véritable source d’approvisionnement
Les matières premières sont aujourd’hui primordiales, qu’elles soient d’origine végétale, minérale ou autre : elles représentent en effet 70% du tonnage transporté annuellement. De même, le phénomène d’accaparement des terres (land grabbing) est de plus en plus utilisé, tant par les FTN que par les pays. Ainsi, on trouve par exemple Imerys (1880), entreprise française parmi les leaders mondiaux du talc, et qui possède près de 4 milliards d’euros de chiffre d’affaire.
Le monde, une véritable usine pour les FTN
Grâce à la DIPP, les entreprises peuvent produire plus et à moindre coût. C’est ce qu’explique Suzanne Berger dans Les nouvelles frontières de l’économie mondiale : « les produits sont devenus made in monde ». De plus, le XXeme siècle a vu se développer plusieurs stratégies managériales, dont le travail à la chaîne, permettant un meileur rendement mais au détriment du bien être des ouvriers. Dans Le travail en miettes, Georges Friedmann dénonce d’ailleurs cette pratique, tandis qu’en 1913 survient une grève des ouvriers Renault contre le chronométrage. Enfin, les FTN recherchent les conditions fiscales les plus avantageuses : les fameux paradis fiscaux, regroupant à eux seuls 30% des IDE des firmes. On trouve parmi les plus célèbres l’Etat du Delaware (USA), la Suisse, le Luxembourg etc.
La mondialisation reste dangereuse pour les FTN
Une forte concurrence
Plusieurs firmes sont depuis les 1990s en forte concurrence, à l’instar d’Airbus et Boeing, même si Boeing est aujourd’hui fragilisée par son 737 max. De même, l’opposition Nord/Sud est visible parmi les firmes : bien que la majorité soit originaire du Nord, de plus en plus de firmes du Sud font leur apparition : Tata, JBS, Chinamobil etc. Du fait de cette concurrence, certaines entreprises s’effondrent : en témoigne Moulinex, ancien leader du petit électroménager, mais aujourd’hui en déclin car le marché n’est plus porteur, et face à une dette de 2,8 milliards de francs en 2000.
Les dangers structurels : entre crises et conditions de travail
Les FTN ne sont pas insensibles aux crises, loin de là : la très connue faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008 en est un bon exemple. Plus récemment, la crise du Covid 19 a fait augmenter de 25% les faillites d’entreprises en 2020, et a mis en danger près de 40000 emplois. La sécurité de l’emploi n’est donc pas assurée au sein de ces structures certes efficaces, mais surtout fragiles. Outre le chômage, les mauvaises conditions de travail sont de plus en plus pointées du doigt comme, par exemple, dans La condition des ouvriers français d’Augustin Cochin. Ainsi, la révolution des canuts à Lyon (1831) ou la création de la CGT (1895) témoignent de la lutte pour le bien-être des travailleurs depuis le XIXeme siècle. Seulement, à cela s’ajoute aujourd’hui l’inégalité salariale entre patron et employés, comme le soulève Peter Drucker. Par exemple, en 2017, Howard Schultz (Starbucks) empochait à lui seul un revenu annuel de 117 millions de dollars.
Pour éviter les pièges et se servir de la mondialisation, les FTN ont des stratégies bien particulières
Le maître mot des firmes au XXIeme siècle : l’innovation
Evidemment, innovation rime avec iPhone, Tesla ou Netflix. Mais pas seulement. En effet, l’organisation de la production elle-même est modifiée au sein des entreprises : fordisme, « just-in-time » etc. Aujourd’hui, les FTN veulent dépasser le taylorisme en respectant la liberté et le bien-être de ses employés. Par exemple, chez Google, la nourriture est gratuite à volonté, et les travailleurs sont respectés, ce qui rend l’entreprise très sélective.
Une stratégie diplomatique : peser politiquement
Les plus puissantes entreprises sont aujourd’hui des acteurs géopolitiques incontournables : elles font partie de la recomposition des puissances dominantes. Elles vont même jusqu’à instrumentaliser les gouvernements : par exemple, la privatisation des autoroutes en 2005, sous le gouvernement Chirac, est particulièrement éclairante. En effet, pas moins de 7000km d’autoroutes ont été concédées à Vinci, Effrage et Abertis pour seulement 14,8 milliards d’euros (ce qui est très peu comparé aux bénéfices que les autoroutes apportent). La place de l’Etat est donc menacée par les entreprises qui prennent le contrôle tant politique qu’économique.
Conclusion
Les firmes transnationales ne sont aujourd’hui plus de simples acteurs de la mondialisation. Elles en sont l’un des principaux moteurs, et en jouent pour parvenir à leurs fins. Entre bénéfices économiques et pouvoir politique, les FTN remodulent le monde selon leur bon vouloir, et concurrencent toujours davantage des Etats déjà bien mis à mal par la libéralisation économique.