Les écrits des concours 2024 sont terminés et les écoles ont rendu leur verdict : vous savez désormais les résultats d’admissibilité 2024. De ce verdict découle les fameuses barres d’admissibilité de chaque école : la moyenne minimum qu’il faut avoir pour avoir la chance de se présenter en entretien. Chaque année, les écoles ajustent cette barre en fonction de leurs objectifs (être plus sélectif à l’oral, être plus sélectif à l’écrit, s’assurer de remplir sa promotion, renvoyer une image d’école dynamique). Dans cet article, nous analysons les barres d’admissibilité depuis 2019. Nous essayerons d’en comprendre les grandes tendances et ce qu’elles disent sur la dynamique propre à chaque école.
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Le palmarès des barres d’admissibilité depuis 2019
ÉCOLE | 2024 | 2023 | 2022 | 2021 | 2019 |
---|---|---|---|---|---|
HEC Paris | 15.1 environ | 15.05 (avec point bonus) | 15 (avec point bonus) | 14.18 | 14.08 |
ESSEC | entre 13.78 et 13.96 | 13.78 environ | 13.8 | 13.77 | 13.58 |
ESCP | entre 13.05 et 13.31 | 13.15 environ | 13.2 | 13.17 | 13.07 |
EDHEC | 12.8 environ | 12.6 environ | 12.6 | 12.46 | 12.36 |
emlyon | entre 12.01 et 12.15 | 11.8 environ | 12.4 | 12.46 | 12.65 |
SKEMA | 11 | 10.8 | 10.5 | 10.03 | 9.6 |
Audencia | 10.05 | 9.48 | 10.3 | 10.52 | 11.45 |
NEOMA | 10.6 | 10.4 | 10.4 | 10.38 | 10.36 |
Grenoble EM | Entre 6.8 et 7.4 | 7.5 environ | 9.3 | 9.98 | 10.9 |
KEDGE | 8.2 environ | N/C | 8.2 environ | 9.44 | 9.38 |
TBS Education | 6.0 et 7.2 environ | 6.6 environ | 8.2 environ | 8.6 environ | 9.22 |
Rennes SB | A venir | N/C | 8.1 environ | N/C | 8.1 |
MBS | A venir | N/C | N/C | N/C | 8.4 |
BSB | A venir | 5 | 6.2 | 6.2 | 7.6 |
ICN | A venir | 5.0 environ | 5.0 environ | 5.12 environ | 5 |
Excelia BS | A venir | 5.0 environ | N/C | 6.5 environ | 7.2 |
IMT-BS | A venir | 7 | N/C | N/C | 7.1 |
EM Strasbourg | A venir | N/C | N/C | N/C | 8 |
EM Normandie | A venir | 5.7 environ | N/C | 6.4 environ | 7 |
INSEEC GE | A venir | 4.1 environ | 6 | 6.1 | 6.7 |
ISC Paris | A venir | 4.0 environ | 5.2 | 6 | 5 |
ESC Clermont | A venir | 4.2 environ | 5.7 environ | 5.5 environ | 5.7 |
Brest BS | A venir | 3.0 environ | N/C | N/C | 5 |
SCBS | A venir | 5.0 environ | N/C | N/C | 5.72 |
Analyses des barres d’admissibilité : nos choix méthodologiques
Il est dans un premier temps nécessaire de clarifier les choix méthodologiques que nous avons eu à faire pour en arriver à nos conclusions :
- Pour toutes les écoles, il n’y a pas eu de barre d’admissibilité en 2020, en raison de l’annulation des oraux. La « barre d’admissibilité 2020 » sur nos graphiques respectifs est donc simplement une moyenne entre les barres 2019 et 2021
- Pour HEC Paris, il existe désormais un bonus d’un point pour les carrés et/ou boursiers passant les concours. Nous l’avons mis dans le tableau, mais nous ne l’avons pas pris en compte dans l’analyse. En effet, le couple carrés-boursiers représente l’immense majorité des préparationnaires passant les concours. Pour cette majorité, il fallait autrefois un peu plus de 14 de moyenne pour être admissible HEC. Aujourd’hui, il faut aujourd’hui obtenir… un peu plus de 14. Il serait inapproprié de considérer une hausse (titanesque) de 1 point sur la barre d’admissibilité, alors que cette hausse n’en est en réalité pas une pour 90% des étudiants
- L’ESSEC procède depuis 2022 à un double appel : les 40 premiers boursiers, à l’origine non-admissibles, sont in fine appelés pour passer les oraux de l’école. Il existe ainsi de facto deux barres d’admissibilité à l’ESSEC depuis 2022. La première barre est constituée par le premier non-boursier non-admissible. La deuxième est constituée par le premier boursier qui n’est pas appelé pour les oraux. Si votre moyenne à l’ESSEC se trouve entre ces deux barres, vous serez appelé à passer l’oral si et seulement si vous êtes boursier. Il est cependant très dur d’estimer une barre d’admissibilité, alors deux… Nous nous basons donc sur des estimations, en considérant une seule barre d’admissibilité théorique.
- L’EDHEC procède depuis 2023 à un système de double appel similaire à celui de l’ESSEC. De la même manière, nous avons tenté d’approcher une barre d’admissibilité théorique pour cette année.
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Les barres d’admissibilité du TOP 5 : stabilité, mais..
Les barres d’admissibilité du TOP 5 sont relativement stables depuis 2018. On peut y voir une tendance générale se dégager :
- HEC à 14.1 ;
- ESSEC à 13.8 ;
- ESCP à 13.2 ;
- EDHEC à 12,8
- emlyon à 12
Néanmoins, il ne faut pas omettre la dynamique récentes des deux écoles du TOP 5 : l’EDHEC augmente peu à peu sa barre d’admissibilité, parallèlement à sa progression au classement SIGEM contre sa consoeur lyonnaise.
Il est probable qu’en 2020, avec des oraux, le duel aurait été plus serré que jamais (en effet avec l’absence des oraux, aucun SIGEM n’avait eu lieu cette année-là). En 2021 en revanche, pas de doute : l’EDHEC est désormais 4e du classement SIGEM, s’offrant environ 80% des duels face à emlyon. La tendance se confirme en 2022 où l’école lilloise gagne plus de 90% des duels. En 2023, emlyon est parvenue à réduire l’écart avec sa consœur lilloise, en s’adjugeant 14% des duels contre 9% en 2022.
A savoir : l’augmentation de la barre d’admissibilité de l’EDHEC vise à confirmer le statut de 4e école de management en France au classement SIGEM. En ayant la 4e sélectivité la plus importante, elle se place comme la 4e école la plus dure à obtenir à l’issue des écrits. D’autre part, cette augmentation de la barre d’admissibilité lui permet de garder la même dynamique de sélectivité à l’oral : en 2018 comme en 2021, c’est environ 20% des admissibles EDHEC qui ne concrétisent pas l’essai.
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Du côté d’emlyon business school, la barre a augmenté jusqu’en 2019 avant de diminuer progressivement jusqu’à passer aux environs de 11,8 en 2023, avant de réaugmenter légèrement cette année. En effet, pour pouvoir garder une importante sélectivité à l’oral et ainsi pouvoir éliminer les profils qui ne lui correspondent pas, l’école a choisi d’être moins sélective à l’écrit. Cela s’explique notamment par les concours 2021 : en ne baissant pas suffisamment sa barre d’admissibilité et par le jeu des bi-admis, l’école s’est retrouvée avec une sélectivité orale de plus de 98%. Dès lors, nous observons beaucoup plus de prudence d’emlyon quant à sa barre d’admissibilité, qui a baissé à 12.2 en 2022 puis 11.8 en 2023 et en 2024.
Les barres d’admissibilité du TOP 6-11 : baisse, augmentation, stagnation : aucune tendance claire !
Au-delà de la peur de ne pas remplir ou de ne pas être maître des profils que l’on sélectionne aux oraux, un troisième facteur explique la baisse de la barre d’admissibilité pour les écoles ces dernières années. Les écoles devaient faire avec une baisse générale d’intérêt des étudiants pour la filière EC même si la situation s’est légèrement améliorée cette année. Cette baisse de ces dernières années s’est traduite par une baisse du nombre d’inscrits aux concours pour toutes les écoles, quoique moins forte pour le TOP 5. Ainsi, dans ce contexte, nombreuses sont les écoles qui jouent la carte de la prudence et préfère réduire leur barre d’admissibilité en conséquence.
Le graphique est sans équivoque : il est absolument impossible de dégager une tendance commune à ces écoles quant à l’évolution de leurs barres d’admissibilité respectives. Dès lors, la meilleure chose à faire est sans doute de les classifier.
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Les barres d’admissibilité ECRICOME : plus stables que jamais
Les barres d’admissibilité des deux écoles ECRICOME les mieux classées – NEOMA et KEDGE – suivent la même tendance depuis plusieurs années, avec une stabilisation (soulignons la légère hausse de NEOMA cette année à 10,6) Cela peut s’expliquer par différents critères.
Premièrement, comme évoqué précédemment, les baisses du niveau des barres d’admissibilité peuvent en partie s’expliquer par la baisse du nombre de candidats. Or, ECRICOME est beaucoup moins touché par la BCE dans ce registre. En effet, ECRICOME a l’avantage d’être une banque visée par tous les profils de préparationnaires. En effet, les étudiants visant le top 10-15 pourront prétendre à des belles écoles à l’instar de Rennes SB, MBS ou encore EM Strasbourg.
Or, les inscriptions à ECRICOME sont groupées : s’inscrire à EM Strasbourg, c’est s’inscrire à NEOMA et inversement. Les étudiants visant le TOP 10 sont quant à eux, naturellement intéressés par NEOMA et KEDGE. Pour ceux visant le TOP 5, NEOMA parait être une “bonne porte de sortie” en cas d’échec à l’EDHEC ou à emlyon. Enfin, ECRICOME est un formidable entraînement à l’écrit, puis à l’oral, notamment pour ceux visant le TOP3 ou le TOP5. Le concours écrit d’ECRICOME a lieu quelques jours avant la BCE et permet ainsi aux candidats de se mettre dans les meilleures disposition pour la BCE. Enfin, pour les oraux, ECRICOME offre aussi la possibilité de passer plusieurs écoles, ce qui est souhaitable quelque soient vos objectifs.
Rappelons, dans un second temps, que la banque est aussi avantageuse financièrement : avec l’offre « groupée », une école ECRICOME est moins chère à passer à l’unité qu’une école BCE.
Mais cela ne suffit pas à expliquer toute cette stabilité. En effet, C’est la relative bonne dynamique de KEDGE et NEOMA qui explique aussi que la barre d’admissibilité ne bouge pas pour ces écoles, par compensation. Au cours des cinq dernières années, KEDGE a chipé la place dans le TOP 10 à TBS Education, là où NEOMA s’est emparée de la 8e place de GEM. Pour rester sur les mêmes standards de sélectivité orale, les écoles font donc le choix de la stabilité.
SKEMA : une folle montée de la barre d’admissibilité
La barre d’admissibilité de SKEMA ne cesse de monter depuis 2018. Aux alentours de 9.50 il y a 5 ans, celle-ci a dépassé largement le cap de 10.5 et a atteint 11 cette année. Cette montée de la barre d’admissibilité va de paire avec la montée de SKEMA dans les classements. En 5 ans, elle a dépassé TBS Education (devant en 2017 ndlr), NEOMA, GEM et Audencia, pour se hisser à la 6e place du plus importants des classements nationaux : le SIGEM. L’école se veut dynamique et hausser sa barre montre une volonté de confirmer sa 6e place, voire de rêver d’encore plus haut… Encore une fois, placer la barre haut, c’est avoir l’image d’une école sélective et donc prestigieuse.
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TBS Education, Audencia et GEM : une barre d’admissibilité qui pâtit de multiples contraintes
TBS Education, Audencia et GEM doivent faire avec plusieurs contraintes qui ont poussé leurs barres d’admissibilité respectives vers le bas ces dernières années. D’une part, ces écoles font face à la montée de SKEMA (ainsi que KEDGE), et à leur propre baisse dans les classements. TBS Education était 8e du classement SIGEM en 2017. Maintenir la même barre qu’à l’époque rimerait avec le fait de n’éliminer personne aux oraux voire même de ne pas remplir sa promotion. Même si baisser sa barre d’admissibilité n’est pas forcément bon en terme d’image renvoyée, il est certain que d’avoir une sélectivité orale inexistante et une promotion non-remplie l’est encore plus.
A noter : la dynamique semble s’inverser cette année, car GEM (qui repasse au-dessus de 8) et Audencia (qui repasse au-dessus de 10) ont augmenté leur barre d’admissibilité.
D’autre part, ne pas remplir sa promotion, c’est aussi faire une croix sur d’importantes rentrées d’argent : un étudiant rapporte aujourd’hui aux alentours de 15 000 euros net de CA à une école chaque année. Voir cette manne financière diminuer, c’est se passer de futurs investissements servant à la dynamisation du campus, des programmes… ce qui nuit à l’image de l’école et tout simplement à sa qualité. Nous serions alors dans un véritable cercle vicieux. Mieux vaut alors ne pas considérer une telle option.
Enfin, ces trois écoles ont du agir en conséquence de la baisse du nombre d’inscrits. La baisse du nombre d’inscrits est bien plus importante que le TOP 5, surtout pour TBS Education et GEM cette année. Dès lors, il est tout à fait normal de voir les écoles très prudentes (même si GEM a augmenté sa sélectivité cette année), baisser leur barre assez drastiquement. Peut-être vaut-il mieux que pas assez.
La barre d’admissibilité de SKEMA bientôt devant celle d’emlyon ?
Quid des dynamiques 5 à 6 ? La question doit se poser, surtout dans une situation où l’école 5e tend à baisser sa barre, là où l’école 6e ne cesse de l’augmenter. En effet, en 2018, c’est plus de 3 points qui séparaient les barres d’admissibilité d’emlyon et de SKEMA. Aujourd’hui, c’est inférieur à un point. En raisonnement de manière linéaire on pourrait se dire que d’ici quelques années, les deux barres tendraient à se confondre.
Mais les choses ne sont pas toujours linéaires. Il est clair que le TOP 5 est certainement un objectif à long terme de SKEMA. Cette baisse linéaire de l’écart entre les deux barres d’admissibilité s’explique par la montée de SKEMA au classement SIGEM, là où emlyon a en plus perdu une place et des duels face à sa consœur de l’EDHEC. Pour qu’une telle dynamique se perpétue à l’avenir, il faudrait que SKEMA soit dans un contexte lui permettant de dépasser emlyon au classement SIGEM ou que l’école décide de réduire sa sélectivité aux oraux. Or, aujourd’hui, même si la tendance est croissance du côté de SKEMA, le duel reste factuellement en faveur de l’école lyonnaise.
Un élément essentiel et à prendre en compte sera donc la sélectivité 2024 des oraux des différentes écoles. En effet la barre d’admissibilité est une indication très intéressante mais ne reflète pas la sélectivité globale d’une école qui doit être fondée sur les écrits ainsi que les oraux.
Cela dépend en réalité de la stratégie de chaque école : certaines vont opter pour une barre d’admissibilité plus faible afin d’être très sélective aux oraux, d’autres miserons sur l’inverse.
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