Misterprepa

6 auteurs et théories indispensables sur les politiques économiques

Sommaire

Les théories de la régulation économique regroupent deux visions : les politiques discrétionnaires et les politiques de la règle.

  • Les politiques discrétionnaires considèrent que les cycles économiques sont endogènes à l’économie et que l’État doit intervenir. Il va alors mettre en place des politiques contracycliques. Cette vision est en grande partie portée par les keynésiens et postkeynésiens.
  • A l’inverse, les pourvoyeurs des politiques de la règle pensent que les crises sont exogènes et qu’elles doivent passer avec le temps. Ils vont alors proposer la mise en place de politiques monétaires et budgétaires qui seront fixées et ne changeront pas selon la conjoncture.

Mister Prépa te propose aujourd’hui de (re)découvrir les principaux auteurs sur les politiques économiques.

 

Les politiques contracycliques ou politiques discrétionnaires implantées dans les années 1940 …

 

Keynes : L’équilibre de sous-emploi dans La théorie générale de l’emploi et de la monnaie (1936)

Auteur incontournable des politiques économiques, John Meynard Keynes est d’ailleurs celui qui les a mises en avant pour la première fois en 1936. En effet, selon lui, il y a un équilibre du sous-emploi :

Si l’économie est en plein emploi, l’ajustement se fait sur les prix (salaires) et non plus les quantités (employés). Ainsi, les employés ne vont plus être aptes à négocier leur salaire et les prix vont donc augmenter (inflation).

Cependant, si l’économie est en sous-emploi, l’ajustement se fera non plus sur les prix mais sur les quantités. Les employés seront donc gagnants et il en résultera un taux d’inflation plus faible.

Ainsi, selon Keynes, l’État doit intervenir par l’usage de politiques contracycliques (d’expansion monétaire ou de rigueur monétaire) afin d’éviter qu’une situation d’inflation, et donc de plein emploi, ne survienne.

Lire plus: Keynes et la politique budgétaire de relance

 

Philipps : La courbe de Philipps dans « Phillips Curves, Expectations of Inflation, and Optimal Unemployment over Time » (1967)

Philipps, dans une perspective keynésienne, met en avant qu’on ne peut pas corréler un faible taux de chômage et un faible taux d’inflation : quand le chômage est élevé, les hausses de salaires sont faibles car les syndicats ne peuvent les obtenir, et inversement dans le cas contraire. L’État doit alors effectuer un arbitrage entre ces deux données en effectuant des politiques économiques de relance ou de rigueur.

C’est grâce à un travail empirique réalisé entre 1857 et 1961 que Philipps arrive à déterminer le NAWRU (Non-Accelerating Rate Wage of Unemployment) : un taux de chômage spécifique qui correspondrait à la stabilité des salaires (5,5%).

En 1960, Paul Samuelson et Robert Solow reprennent les travaux de Philipps et trouvent une relation comparable. Ils décident de substituer la variable de l’augmentation des salaires à une variable plus globale d’augmentation du niveau des prix, à savoir l’inflation.

On peut alors réaliser la même courbe en remplaçant l’ordonnée par « taux d’inflation ».

Lire plus: Les courbes d’ESH – #2


… sont discréditées dans les années 1970


Friedman : Les anticipations adaptatives

Selon Friedman, un accroissement de la masse monétaire par une politique expansionniste n’est efficace qu’à court terme.

En effet,

  • 1er temps : il y a une hausse des crédits qui stimule l’investissement et l’emploi mais qui augmente l’inflation. Il en résulte une illusion monétaire avec un accroissement de la masse monétaire qui a des effets bénéfiques car les entreprises peuvent payer en dessous du salaire d’équilibre.
  • 2ème temps : les agents s’en rendent compte et soit se retirent du marché du travail, soit négocient une hausse des salaires.

Ainsi, l’équilibre est de nouveau atteint grâce aux anticipations adaptatives (dans le temps) des agents économiques. Il y a donc une perte des bénéfices de l’accroissement de la masse monétaire qui induit du chômage et une perte de profit.

 

Lucas: les anticipations rationnelles dans Expectations and the neutrality of money (1972)

Les anticipations rationnelles de Lucas se déroulent à peu près de la même manière que les anticipations adaptatives de Friedman, pas de panique !

En effet, selon Lucas, les agents ne vont pas s’adapter continuellement face aux différents chocs mais s’adapter immédiatement. Il radicalise l’analyse de Friedman en s’appuyant sur le concept d’anticipations rationnelles : les agents éco ne sont jamais victimes d’illusion monétaire, ils anticipent immédiatement une hausse de prix en cas de politique monétaire de relance. Les politiques contracycliques sont sans aucun interêt selon eux, elles encouragent l’épargne.


Les politiques de la règle s’imposent depuis les années 1990

 

Kydland et Prescott: l’indépendance de la banque centrale dans Rules rather than discretion (1977)

Suite à la remise en question des politiques discrétionnaires dans les années 1970, un tournant s’opère avec le passage aux politiques de la règle. En effet, cela consiste en l’application de règles établies en amont plutôt que des politiques réagissant à l’évolution du cycle économique. Selon eux, seule une banque centrale indépendante peut permettre de mener une politique économique de la règle.

Cela est notamment pratiqué par la Fed ou encore la Banque Centrale Européenne avec le Pacte de Stabilité et de Croissance (Traité d’Amsterdam en 1997).

 

La règle de Taylor (1993)

La règle de Taylor s’établit grâce à une équation : i = r* + μ + α (μ – μ*) + β (y – y*) où :

  • i : taux d’interêt de la banque centrale
  • r* : taux d’interêt d’équilibre
  • μ : pourcentage d’inflation courant (μ* : pourcentage d’inflation visé)
  • y : croissance effective (y* : croissance potentielle)
  • α, β : poids que choisit d’accorder la banque centrale à la lutte contre l’inflation ou au soutien de la croissance)

Ainsi, si μ > μ* et y > y*, l’économie est en « surchauffe » et l’inflation est élevée donc l’État va faire en sorte grâce à α que μ – μ* > 0 et y – y* > 0 afin que le taux d’intérêt de la banque centrale soit élevé pour freiner l’inflation.

D’autre part, si μ < μ* et y < y*, l’économie est au ralenti et l’inflation est faible donc l’État va faire en sorte que μ – μ* < 0 et y – y* < 0 grâce à β afin que le taux d’intérêt de la banque centrale soit faible pour stimuler l’économie.

Lire plus d’explications sur la règle de Taylor : Tout savoir sur la règle de Taylor

Newsletter
Image de Jean Paviet
Jean Paviet