Dans un contexte d’inflation généralisée depuis le crise Covid, nombreuses sont les banques centrales qui agissent pour essayer de contrôler cette dernière. Nous allons alors voir si les différentes banques centrales sont toujours en mesure de contrôler l’inflation.
Définitions de la banque centrale et de l’inflation
Une banque centrale est souvent définie comme « la banque des banques », commune à l’ensemble d’un pays ou d’une union de pays (exemple BCE), cette institution publique œuvre principalement à la stabilité des prix au sein de la zone qu’elle contrôle.
Le taux d’inflation mesure lui, l’évolution annuelle du niveau général des prix des biens et services au sein de l’économie. Il est parfois vu comme le taux de perte du pouvoir d’achat.
Le taux d’inflation, au service de la banque centrale
La banque centrale contrôle majoritairement le taux d’inflation par la masse monétaire (quantité de monnaie en circulation), cela s’appuie sur la célèbre formule de Fisher en 1911 pour qui : MV=PT, ainsi, si la masse monétaire augmente il y aura de l’inflation et inversement. Si cette relation semble vérifiée empiriquement par de nombreux exemples comme celui de la France, de l’Espagne et de l’Allemagne entre les années 1520 et 1650 où une augmentation de la masse monétaire (découvertes de métaux) s’est traduite par une multiplication des prix par 4 à 7 fois leur valeur initiale ; d’autres facteurs influent également sur le taux d’inflation. N’oublions pas que les banques centrales peuvent également impacter le taux d’inflation à travers les répercussions de politiques monétaires non-conventionnelles, comme la BCE entre 2013 et 2019, avec une augmentation de 0.25% du taux d’inflation. Enfin, les banques centrales contrôlent les prix par les anticipations, c’est pour cette raison qu’elles essaient de les ancrer, en fixant un objectif d’inflation et en mettant en œuvre tous les moyens possibles pour le réaliser.
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Un contrôle du taux d’inflation brouillé par des facteurs externes
De plus en plus, les causes de l’inflation sont variées au fur et à mesure que des études sont publiées et elles ne sont pas toujours liées aux activités de la banque centrale. Par exemple, selon Juselius et Takats (Finances et Développement, 2016) plus une économie est composée de personnes jeunes et âgées, plus elle sera soumise à de l’inflation.
En outre, il convient de saisir l’importance qu’a joué et que joue la mondialisation dans ce sujet. Depuis une trentaine/quarantaine d’années, nous pouvons observer dans les pays développés, une décélération de l’inflation couplée à une synchronisation des cycles d’inflation entre ces pays. Dans les pays en développement, le phénomène est similaire puisqu’on y retrouve une convergence des taux d’inflation entre ces pays-là, mais aussi une convergence avec les pays en développement des autres régions du monde et surtout, une converge vers les taux d’inflation des pays développés. En réalité, cela est dû en grande partie à la mondialisation qui affecte l’inflation par des effets directs comme indirects. D’un côté donc les effets directs où on retrouve la fameuse inflation importée qui n’est qu’accrue par la mondialisation, mais également l’effet substitution (les membres de l’économie préfèrent importer moins cher que consommer local plus cher). De l’autre côté, les effets indirects de la mondialisation sur l’inflation, avec la hausse de la productivité qui permet d’avoir des biens intermédiaires moins chers et de meilleure qualité donc de baisser les coûts de production et ainsi les prix, il y a aussi la modération salariale puisqu’il est plus facile de délocaliser, le pouvoir de négocier des salariés se trouve alors diminué ce qui modère les coûts de production, et enfin, la concurrence internationale augmente la pression concurrentielle qui permet de limiter l’augmentation des prix. Enfin, d’autres facteurs sont source de la diminution généralisée de l’inflation, comme les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), l’augmentation du nombre de banques centrales indépendantes ou encore la globalisation financière.
En somme, les banques centrales contrôlent-elles les taux d’inflation ?
Bien que difficile à donner, la réponse à cette question semble surtout différente en fonction des banques centrales et donc des pays. Dans les pays développés, malgré les facteurs externes, les banques centrales semblent toujours garder le contrôle du taux d’inflation à travers leur politique monétaire, que ce soit par exemple pour maintenir une volatilité faible comme à l’époque de la « Grande Modération » (1985-2008) ou pour sortir d’un épisode hyper-inflationniste. Du point de vue des pays en développement, cela semble un peu plus flou car si la généralité semble se diriger vers un contrôle du taux d’inflation par la banque centrale, certains pays n’en sont pas encore là et principalement les pays engrenés dans l’informalité. C’est par exemple le cas du Nigéria, où l’inflation est forte, la banque centrale a alors décidé d’augmenter ses taux directeurs dans le but de rationnaliser les crédits et ainsi faire diminuer l’inflation, or l’économie va mal, 40% de la population serait touchée par l’informalité, très peu de crédits étaient octroyés avant la décision de la banque centrale, si bien que l’inflation continue d’augmenter.
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Conclusion
Le contrôle du niveau général des prix est un objectif primordial pour les banques centrales, ces dernières le maîtrisent grâce à des taux directeurs notamment, et bien que des facteurs externes influent sur l’inflation, elle reste dans la majorité des cas sous le contrôle (toutefois diminué par les facteurs externes) de la banque centrale, excepté le cas de certaines économies, souvent parmi les plus reculées.