Le nombre de feux de forêt ne cesse de progresser au Canada qui dénombrait vendredi 7 juillet 2023 plus de 670 brasiers dont plus de 380 hors de contrôle. Ces catastrophes sont directement liées à la sécheresse et au réchauffement climatique et l’économie canadienne commence à en souffrir sérieusement.
Le Canada fait face à d’immenses incendies depuis le mois de mai
Depuis le mois de mai 2023, le Canada est en proie à d’immenses incendies qui n’en finissent pas de se répandre. Avec 9 millions d’hectares déjà partis en fumée, soit 11 fois la moyenne de la dernière décennie, le record annuel absolu datant de 1989 a déjà été largement dépassé. Quelque 155 000 personnes ont été contraintes de quitter leur domicile à un moment depuis début mai en raison des feux, le chiffre le plus élevé depuis 40 ans.
« Les chiffres sont littéralement hors norme, alors qu’il reste encore au moins trois mois dans la saison active des feux de forêt », a déclaré Michael Norton, du ministère canadien des Ressources naturelles. « Il n’est pas exagéré de dire que la saison des incendies 2023 est et continuera d’être record à bien des égards », a-t-il poursuivi précisant s’attendre à un nombre de feux qui restera au-dessus de la moyenne tout l’été.
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La situation climatique du Canada frappe durement son économie
Au-delà des impacts écologiques et sanitaires, les répercussions économiques sur les travailleurs et l’économie sont également très préoccupantes. En effet, parmi les premières conséquences, les interruptions de travail arrivent en tête. Le New York Times cite l’exemple des scieries, dont certaines ont été mises à l’arrêt face à l’ampleur des feux. Une vraie perte économique pour le secteur, qui fait travailler plus de 32 000 personnes au Canada.
De plus, le secteur du tourisme est durement touché, avec une baisse de fréquentation dans des endroits tels que Tofino, un village de pêcheurs réputé pour l’observation des baleines. Sa fréquentation a chuté depuis le mois de mai. « Le taux d’occupation de l’hôtel est passé de 85 % à 20 % au cours du mois de juin », déplore, dans le New York Times, Sabrina Donovan, directrice générale de l’hôtel Pacific Sands Beach Resort.
Les assureurs sont également confrontés à des défis importants en raison de ces incendies. Les pertes liées aux sinistres sont passées de 310 millions d’euros par an en 2009 à plus de 1,4 milliard aujourd’hui, ce qui soulève des inquiétudes quant aux conséquences financières de ces événements. Selon les estimations du cabinet Oxford Economics, ces incendies pourraient réduire la croissance économique canadienne de 0,3 à 0,6 point de pourcentage au troisième trimestre de 2023.
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Le Canada est-il sur le point d’entrer en récession ?
Ces incendies et autres événements climatiques extrêmes font craindre des récessions futures, d’autant plus que le Canada est particulièrement vulnérable aux changements climatiques. Le pays se réchauffe deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale, et au cours de la dernière décennie, il a été confronté à des inondations, des incendies majeurs et des vagues de chaleur extrêmes (Vancouver en 2021, avec des températures avoisinant les 47,9 degrés). Ces aléas climatiques risquent d’entraîner des conséquences durables sur l’économie canadienne.
Selon les experts, les coûts liés aux événements climatiques pourraient s’élever à 17 milliards d’euros d’ici à 2050. De plus, le marché du travail sera également impacté, avec la possibilité de perdre 500 000 emplois d’ici à cette période en raison de l’augmentation des températures et des conditions de travail plus difficiles.
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Pour conclure, les incendies dévastateurs en cours au Canada, alimentés par la sécheresse et le réchauffement climatique, entraînent des conséquences graves sur l’économie, les travailleurs et l’environnement.