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Comment la politique monétaire peut soutenir la transition écologique

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Le personnage clé de l’économie contemporaine est Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre. Il est particulièrement connu pour avoir intégré les risques climatiques dans la politique monétaire. Carney a notamment établi et développé la distinction entre les deux risques physiques et de transition. Ce sont des facteurs cruciaux que les banques centrales doivent considérer pour soutenir efficacement la transition écologique. Cet article discutera de la manière d’intégrer ces risques dans les décisions de la politique monétaire, car pour réorienter les flux financiers vers des pratiques plus durables, nous devons inclure l’ensemble de la finance.

 

Explication du mécanisme du Mark Carney

Carney a défini deux types de risques climatiques : les risques « physiques » et les risques « de transition ». Les risques physiques sont les impacts directs d’événements climatiques sans précédent, tels que les inondations, les sécheresses et les tempêtes qui perturbent l’économie en endommageant les infrastructures, en augmentant les coûts d’assurance ou en réduisant la production végétale. Les risques de transition, en revanche, sont les perturbations économiques associées aux ajustements nécessaires pour arriver à une économie neutre en carbone, tels que la réglementation stricte des émissions de carbone, l’abandon progressif des combustibles fossiles et le développement technologique rapide des entreprises dans un nouvel espace vert.

En termes techniques, l’invocation de ces risques pour la politique monétaire des banques centrales signifie que leurs modèles et leurs décisions économiques doivent prendre en compte l’impact sur l’impact potentiel des risques. La banque centrale peut ainsi ajuster les taux d’intérêt pour refléter le coût des risques climatiques supplémentaire pour les entreprises. Et en ce qui concerne le risque climatique, la banque centrale évalue le rôle de la stabilité du système financier. Cela leur permet d’évaluer les outils de solidité financière tels que les tests de solidité climatique permettent une simulation pour évaluer l’impact des scénarios extrêmes sur l’économie.

 

Un peu de maths 😉

Pour représenter simplement cette dynamique, on peut utiliser une relation linéaire qui montre comment les risques climatiques augmentent le coût du financement pour les entreprises :

C = C0 + α×R

Où :

  • C représente le coût total du financement.
  • C0 est le coût initial, sans prise en compte des risques climatiques.
  • R est une mesure du risque climatique (physique ou de transition).
  • α est un coefficient qui indique comment le risque RR affecte CC.

Cette équation montre que les entreprises confrontées à des risques climatiques plus élevés devront faire face à des coûts de financement accrus, ce qui les incitera à réduire leur exposition à ces risques en adoptant des pratiques plus durables.

 

Tests de résistance climatique menés par la Banque d’Angleterre en 2019, sous la direction de Mark Carney.

Ces tests furent utilisés pour examiner la résilience des institutions financières britanniques à une série de scénarios climatiques extrêmes, y compris les principales catastrophes naturelles et la transition vers une économie bas-carbone à un rythme plus rapide. Les résultats des tests sur ces deux sous-ensembles d’entités indiquaient que les entreprises les plus vulnérables aux risques climatiques physiques qu’étaient les compagnies d’assurance et les firmes présentes dans des zones à haut risque de catastrophes naturelles avaient vu leurs coûts de financement augmenter. Ainsi, dans le cas d’un réchauffement de la planète de 2 degrés Celsius, les causes de trois quarts des portefeuilles de compagnies d’assurances feraient l’objet de pertes, avec à la clé une hausse des coûts de financement de 20 à 30%.

En revanche, les entreprises qui investissaient dans des technologies vertes ou qui verraient leurs investissements facilités, voyaient leurs conditions de financement s’affaiblir. Par exemple, d’après les résultats de ces tests, les coûts de financement des entreprises d’énergies renouvelables baissèrent de 10 à 15% avec la réduction des risques de mise en œuvre des technologies précitées. Ces éléments empiriques démontrent que l’ACP peut utiliser la politique de taux d’intérêt pour orienter les entreprises vers des stratégies plus éthiques en rendant onéreuses des activités lucratives et attirantes des projets porteurs d’avenir.

 

La citation punchy

“Le changement climatique est une tragédie des horizons. Nous n’agissons pas parce que nous ne serons pas les plus touchés. Mais c’est un risque que nous ne pouvons plus ignorer.” Mark Carney lors de son discours “Breaking the Tragedy of the Horizon” en 2015

 

Sujets en lien

Les banques centrales face aux risques systémiques (BCE 2022)

La transition énergétique et ses enjeux pour la politique monétaire (BCE 2020)

 

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Aurele Tranchant