Misterprepa

Correction de la synthèse de textes ESCP 2019

Sommaire
synthèse escp 2019

Correction de la synthèse de textes ESCP 2019 

 

LE SUJET est présent ici ! 

 

l) Rappel Méthode de la synthèse 

L’épreuve est régie par quelques conventions précises en termes de physionomie et de composition du texte à produire ; rappelons les principes et les aménagements qui ont été consacrés par la tradition au fil des ans :

-le texte à produire commence par une question, la plus précise possible, mais aussi la plus apte à saisir l’unité du corpus ; toute autre forme d’introduction s’éloigne de l’attente des correcteurs ;

 -la conclusion qui viendrait clore le travail après le point de convergence et les trois points de confrontation est déconseillée ;

-les points de confrontation sont formulés sous forme de questions, ce qui correspond plus à un usage qu’à une stricte obligation ;

-le respect de la fourchette imposée (300 mots, plus ou moins 10 %) est impératif. Le non-respect de cette règle entraîne des pénalités croissantes par tranches de mots manquantes ou excédentaires ; dans le décompte des mots, les noms des auteurs comptent pour un seul mot ;

-le respect de l’orthographe est impératif ; certes, les pénalités ne frappent pas la copie dès la première faute et une « licence » d’une, deux, voire trois fautes est laissée à l’appréciation des correcteurs ; au-delà, la sanction est forte et appliquée de manière systématique.

==> Pour plus d’info L’analyse du rapport de jury est présente ici. 

 

ll) PROPOSITIONS DE CORRECTION

NB : selon l’usage « Revault d’Allonnes » compte pour un seul mot.

1re proposition de corrigé

En quoi l’exercice moderne du politique se définit-il de plus en plus comme une offensive orchestrée contre l’harmonie et l’intelligibilité du monde ?

Comment expliquer cette évolution ? Média et dirigeants, rappelle Revault d’Allonnes, n’ont jamais voué un culte exclusif à la vérité, même dans le monde éthique, et largement mythifié, d’avant les abus des réseaux sociaux. Péguy, lui, souligne que les nécessités opérationnelles des batailles parlementaires poussent depuis longtemps les chefs désireux de galvaniser leurs troupes à mobiliser une rhétorique outrancière déconnectée des situations réelles. Salmon, enfin, évoque les stratégies d’appareils d’État soucieux, avec le storytelling contemporain, d’enrober dans l’écrin de narrations rassurantes l’effrayante complexité d’un monde fragmenté en discours, savoirs et temporalités irrévocablement multiples.

Comment cet exercice détruit-il les communautés sociales ? En cantonnant, selon Péguy, citoyens électeurs et dirigeants, sans oublier les journalistes complices, dans des univers séparés par un abîme infranchissable, mais dissimulé par l’illusion de la pérennité du langage commun. En transformant, pour Salmon, les citoyens en consommateurs passifs de scenarii mystificateurs, aux antipodes d’une réelle interactivité démocratique, d’autant plus compromise dorénavant quand chacun peut, à en croire Revault d’Allonnes, vivre barricadé dans ses croyances dont la technologie numérique active en permanence le renouvellement et la diffusion virale.

Quels défis affrontons-nous alors ? Si Péguy dénonçait déjà l’apparition, aux marges du français commun, d’un langage faussé, dont les énoncés véhiculent des significations mensongères où les locuteurs finissent par se perdre, Salmon et Revault d’Allonnes, plus alarmistes encore, dénoncent, pour le premier, la transformation de la réalité politique et sociale en une fiction perpétuellement ajustée par des scénaristes cyniques en quête d’audiences à captiver et, pour la seconde, la destruction de la réalité même, dans un monde où faits, repères objectifs, vérité et mensonge importent moins que la nécessité pour des pouvoirs d’imposer leurs vues, non pas en occultant ou déformant le vrai, mais en l’ignorant délibérément.

(330 mots)

 

 

2e proposition de corrigé

La communication politique est-elle vouée à se dénaturer en mensonge dans les démocraties ?

Vit-on aujourd’hui dans une ère du mensonge ? En 1903, Charles Péguy constate déjà l’existence d’une imposture linguistique : les hommes politiques emploient sciemment un double langage, compris différemment par leurs pairs et par le peuple. Pour Myriam Revault d’Allonnes, la nouveauté est ailleurs, dans l’avènement de la post-vérité, une ère non du mensonge, mais de l’indifférence à la vérité. À mi-chemin entre vérité et mensonge, André Salmon pointe le phénomène de storytelling qui voit le pouvoir en place communiquer sous la forme d’un récit fictionnel et fallacieux destiné à donner du sens et inspirer confiance.

Complices ou instrumentalisés : quelle est la responsabilité des médias dans cette dérive ? Myriam Revault d’Allonnes et Charles Péguy incriminent la presse traditionnelle. Péguy l’accuse d’entretenir sciemment un double langage à l’insu du peuple, en collusion avec les parlementaires. Revault d’Allonnes évoque les contraintes, notamment économiques, qui peuvent conduire la presse à transiger avec son éthique. Mais surtout, comme André Salmon, elle pointe le cynisme des communicants qui ont su tirer parti de la confusion suscitée par la révolution numérique et la prolifération anarchique d’informations, en faisant passer pour Revault d’Allonnes des contre-vérités pour des vérités alternatives ou en fabriquant et en diffusant, selon Salmon, un discours aussi unificateur que possible sous la forme d’un récit.

Quels sont les risques pour la démocratie ? Charles Péguy voit dans cette forme de mensonge qu’il nomme « faux entendu » un danger de césure permanente et irréversible entre le peuple et ses élus. André Salmon et Myriam Revault d’Allonnes redoutent de leur côté une altération de l’esprit critique du citoyen, endormi selon le premier par le charme des légendes fabriquées à son intention, rendu confus selon la seconde par l’indiscernabilité qui règne désormais entre le faux et le vrai et qui tend à rigidifier nos opinions en dogmes.

(311 mots)

 

Newsletter
Picture of Dorian Zerroudi
Dorian Zerroudi
Co-fondateur d'elevenact (Mister Prépa, Planète Grandes Ecoles...), j'ai à coeur d'accompagner un maximum d'étudiants vers la réussite !