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Coup d’État au Gabon : La fin du règne « Bongo » ?

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Coup Etat Gabon contre Ali Bongo

Alors que la situation au Niger se détériore après le renversement de Mohamed Bazoum, c’est au tour du Gabon de subir un coup d’État. Suite aux élections présidentielles qui annonçaient la victoire du président sortant Ali Bongo, une junte militaire formée de la garde républicaine, de soldats de l’armée régulière et de membres de la police a pris le contrôle du pays par la force pour exprimer leur désaccord contre des élections qu’ils considèrent comme “truquées”. Comme il s’agit là du huitième coup d’État en Afrique depuis 2020, le phénomène semble s’étendre de plus en plus dans l’ensemble de l’Afrique.

Qui est Ali Bongo ?

Ali Bongo Ondimba est né le 9 février 1959 à Brazzaville (République du Congo). Après une carrière dans la musique funk, il succède en 2009 à son père Omar Bongo et devient Président du Gabon. Ali Bongo est connu aussi bien pour son excentricité, d’où il tire sa réputation de “playboy”, que pour sa longévité au pouvoir (14 ans). Le 26 août 2023, il remporte de nouveau les élections présidentielles avec 65 % des voix, mais sa nomination est mise en suspens par un coup d’État de la garde républicaine dirigé par Brice Oligui Ngema, et l’arrestation par ces derniers de sept de ses proches, dont son fils accusé d’”haute trahison”.

 

Pourquoi un coup d’État au Gabon ?

Tout d’abord, à travers ce renversement, la junte militaire conteste une élection truquée. Dans une prise de parole, l’un des membres a souligné que l’élection n’avait “pas rempli les conditions d’un scrutin transparent”. À noter que l’Indice synthétique sur la démocratie de l’Economist Intelligence Unit (EIU) pour le Gabon est de 3,4/10, soit assez bas pour considérer le régime d’Ali Bongo comme autoritaire. De plus, le putsch condamne également les décisions politiques prises par « une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos (…), nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place » (CTRI). Ainsi, la junte a annoncé la fin des institutions et la fermeture de l’ensemble des frontières jusqu’à nouvel ordre. De son côté, Ali Bongo a appelé ses “amis” depuis une résidence surveillée à “faire du bruit” contre la junte, ce qui laisse présager une situation explosive dans les prochaines semaines.

 

Quel regard porter sur la situation en Afrique ?

Dès lors, Il s’agirait donc du huitième coup d’État orchestré en Afrique depuis 2020, suivant de près celui du Niger. Si à l’échelle régionale, l’Union Africaine (UA) n’a fait que dénoncer le coup, il semble que ce soient les pays développés qui montrent le plus leurs craintes. La France, l’Italie, la Chine et la Russie ont déjà annoncé suivre de près l’évolution de la situation, tandis que l’Union européenne (UE) a dit redouter ”une instabilité grandissante dans la région” (Josep Borrell,Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité depuis 2019). Ces peurs semblent en partie être alimentées par l’intérêt économique que représente le Gabon pour ces pays, et en particulier pour la France, dont l’entreprise minière Eramet installée dans la région gabonaise a déjà perdu 19 % en bourse. En somme, cette déstabilisation du continent africain peut laisser présager une nouvelle “décennie du chaos” (Sylvie Brunel) si les réponses prises par les organes de gouvernance internationale comme l’Organisation des Nations Unies (ONU) ne sont pas suffisantes.

 

En conclusion, cet énième coup d’État en Afrique plonge le continent dans une forme d’incertitude. Certes, à travers celui-ci, on peut s’attendre à la mise en place d’institutions moins autoritaires que celles d’Ali Bongo, mais on peut également craindre la mise en place d’un régime stratocratique pire que le précédent. Le phénomène s’étendant aujourd’hui à plusieurs pays africains, il apparaît nécessaire que les organisations mondiales et régionales s’impliquent dans ces bouleversements politiques.

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Ethan Zerbib