En l’espace de 20 ans, la dette publique de la France est passée de 60% du PIB en 2001 à près de 114% du PIB en 2020. Pour cette raison, la dette publique est régulièrement au cœur de nombreux débats économiques et politiques. En classe préparatoire, le thème de la dette publique est un sujet majeur à ne surtout pas négliger.
Qu’est-ce que la dette publique ?
La dette publique désigne l’ensemble des emprunts contractés par les administrations publiques : Etat, collectivités locales, administrations de sécurité sociale, organismes d’administration centrale.
A quoi sert la dette publique ?
A l’origine, la dette publique servait avant tout aux fonctions régaliennes (police, justice, défense). Cependant, avec l’apparition de l’Etat providence, elle a vu son champ d’action élargi : santé, éducation, infrastructures, emploi…
En effet, pour assurer leurs divers services, les administrations publiques engendrent d’importantes dépenses d’argent. Pour ce faire, elles disposent d’un budget. Mais il arrive qu’au cours d’une année les dépenses soient supérieures aux recettes. On parle alors de déficit budgétaire. Pour combler ce déficit, les administrations publiques sont alors invitées à emprunter : c’est la dette publique. Le montant de la dette publique varie chaque année, en fonction de ce qui est remboursé et de ce qui est emprunté.
Pour un Etat, la dette publique comporte de nombreux avantages. D’abord, elle permet de soutenir l’économie en temps de crise. Cela explique notamment pourquoi le montant de la dette publique française s’est accrue en 2020 en raison de la pandémie du coronavirus. A une époque, nombreux étaient ceux qui pensaient qu’en temps de crise il fallait mener des politiques de rigueur (ou d’austérité). C’est ce que pensait Margaret Thatcher en évoquant le TINA (there is no alternative). Or Keynes a montré avec son effet multiplicateur (politique budgétaire) que justement, l’Etat devait dépenser davantage pour jouer sur la demande et ainsi relancer l’activité économique. Une augmentation des dépenses entraînera alors une augmentation plus que proportionnelle de l’activité économique. A travers une politique budgétaire, l’Etat espère ainsi relancer l’économie. Egalement, la dette publique peut servir à financer la construction d’infrastructures conséquentes telles que des routes, des ponts…
Par ailleurs, recourir à la dette publique permet, dans une certaine mesure, de ne pas augmenter les prélèvements obligatoires.
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La dette publique n’est pas inquiétante
Un Etat a la particularité d’avoir une espérance de vie « infinie ». Ainsi, on dit que l’Etat peut faire « rouler sa dette », c’est-à-dire emprunter de nouveau pour rembourser d’anciens prêts.
Ce qui inquiète souvent lorsque l’on parle de dette publique, c’est le ratio « dette publique/PIB ». Cependant, ce ratio est incomplet dans l’information qu’il délivre. En effet, ce dernier ne permet pas de savoir si c’est de la bonne dette ou de la mauvaise dette, ni de savoir si celle-ci est dangereuse pour le pays ou non. Autrement dit, le ratio « dette publique/PIB » ne donne aucune information sur la façon dont est utilisée cette dette. Aussi, ce ratio est discutable car c’est un ratio stock/flux. On mesure la dette à un instant t, alors que le PIB est un flux sur une année qui ne changera pas.
Pour ces raisons, il convient de plutôt s’intéresser à d’autres facteurs pour juger de la dangerosité d’une dette publique. La charge de la dette constitue un premier indicateur. Cette dernière correspond aux intérêts que doit payer l’Etat par rapport à sa dette. L’enjeu est donc de savoir si l’Etat parvient à payer ces intérêts. Le plus important en ce qui concerne le niveau de la dette est surtout de voir si l’Etat fait face à ses obligations et donc si la dette est soutenable. En résumé, l’Etat paie-t-il bien les intérêts dus à cause de la dette ? L’Etat inspire-t-il confiance aux créanciers ?
De plus, empiriquement, la France a déjà connu plusieurs fois des niveaux de dette publique élevés : 115% du PIB en 1895, 170% du PIB en 1932. A ce jour, il n’existe pas de consensus sur un niveau maximal d’endettement d’un pays à ne pas dépasser. Reinhart et Rogoff ont longtemps défendu que 90% était le seuil maximal. Mais ce seuil ne fait pas l’unanimité parmi les économistes. Le Japon, avec son niveau de dette publique proche de 240% du PIB montre bien les limites de ce seuil théorique.
Par ailleurs, à l’heure de l’urgence climatique, la dette publique peut être utile pour financer la transition énergétique des pays.
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Mais il faut rester vigilant
Néanmoins, bien que la dette publique soit utile, il convient de la surveiller pour minimiser les risques. En effet, le principal danger avec la dette publique est qu’il est difficile de prédire le moment où cette dette devient dangereuse et n’est plus soutenable pour le pays. Qui viendrait en aide à un pays qui ne pourrait plus supporter la charge de sa dette ?
Enfin, s’assurer de l’efficacité de la dette publique paraît nécessaire. Celle-ci est à éviter si le recours à l’endettement ne s’accompagne pas de conséquences positives sur l’économie. En effet, la dette publique peut parfois maintenir un système économique peu efficace.