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La France est passée de la croissance sans emploi à l’emploi sans croissance

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Dans une tribune du 26 juillet 2023 intitulée « L’emploi c’est bien, la productivité aussi » publiée sur le site Les Echos, l’éditorialiste et journaliste de presse économique, Jean-Marc Vittori, a pris la parole sur le lien entre l’emploi et la croissance en France.

Une faible croissance économique et un taux de chômage au plus bas en France

Selon les estimations provisoires publiées le vendredi 28 juillet par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’économie française se porte mieux que prévu et la croissance atteint 0,5% au deuxième trimestre. Sur RTL, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a salué une « performance remarquable » de l’économie française. Néanmoins, la croissance économique sur les douze derniers mois n’atteint que 0,9%. Du côté de l’emploi, le taux de chômage était stable au deuxième trimestre, avec une baisse de 0,2 % des inscrits à Pôle emploi. Le taux de chômage oscille aux alentours de 7,1% et le nombre de chômeurs atteint 3,011 millions de personnes, son niveau le plus bas depuis 1982.

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Ainsi, comme le note Jean-Marc Vittori en introduction de sa tribune, « l’emploi résiste en France », et c’est plutôt surprenant. Excepté pour le deuxième trimestre 2023 si l’on considère 0,5% comme une forte croissance, depuis plus d’un an, le chômage n’augmente pas voire baisse alors que l’activité économique stagne, un paradoxe pour la France. En effet, sur les cinquante dernières années, la corrélation tendait plutôt à l’inverse. « Pendant des décennies, la France souffrait d’un mal pernicieux : la croissance sans emploi. De 1970 à 1990, le PIB a bondi de 74 % tandis que le nombre d’emplois ne grimpait que de 6 %. »

L’auteur rappelle à quel point le chômage est ancré dans la culture économique française : « Le chômage a gagné du terrain et rongé le tissu social, davantage que dans la plupart des autres pays européens. En 1993, le président François Mitterrand faisait un terrible aveu d’impuissance : « Dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé. » En 2015, 10 % des actifs étaient encore au chômage.

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L’emploi sans la croissance est une voie périlleuse pour la France

Malgré ce changement de paradigme, Jean-Marc Vittori souligne rapidement les dangers de cette situation. Premièrement, l’emploi sans croissance contraindrait « irrémédiablement les salaires à diminuer » et alors que la l’Hexagone a été championne de la productivité, « la France ne doit pas devenir une reine de la déproductivité. » Car oui, dans le phénomène actuel, « il y a un facteur provisoire qui érode la production par tête : la montée en puissance de l’apprentissage, qui devrait former ensuite des salariés plus performants. » Il faudra donc être très attentif et vigilant sur cette promesse.

Ensuite, il existe en réalité un facteur structurel bien connu : le vieillissement de la population active. « Il est inéluctable, mais son impact peut être atténué en renforçant la formation permanente au cours de la seconde moitié de la vie active et en sauvegardant davantage la santé des salariés. » Enfin, autre facteur, également structurel, lui, est irrémédiable : « c’est le glissement de la demande des consommateurs vers des activités produites par des salariés moins qualifiés et donc moins productifs. »

Finalement, « pour gagner en productivité, il faudra donc actionner davantage les autres leviers. Préserver l’investissement des entreprises, promouvoir la qualité du management et, surtout, améliorer l’éducation des jeunes pour leur donner des compétences plus solides et mieux adaptées aux emplois de demain. C’est le premier défi de l’économie française. Il ne se joue pas à Bercy mais au ministère de l’Education nationale. » écrit l’auteur.

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Pour conclure, l’amélioration de l’emploi en France malgré une activité économique stagnante est un motif de satisfaction. Cependant, pour maintenir cette tendance positive et stimuler la productivité à long terme, il est impératif de renforcer l’éducation, la formation continue, et de promouvoir l’investissement et la gestion de qualité dans les entreprises.

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref