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En Route vers La Dé-mondialisation !

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En Route vers La Dé-mondialisation 

En cette période qui est dictée par le Coronavirus, un phénomène me semble important. C’est cette dé-mondialisation qui peut paraître temporaire pour éviter la propagation du virus mais qui peut aussi être considérer comme un mouvement de fond de notre système actuel. Nous allons donc voir dans cet article qu’est-ce que le phénomène de dé-mondialisation et à quoi est-il du.

I- Le phénomène de Dé-mondialisation :

Tout d’abord reprécisons ce qu’est la dé-mondialisation. On doit le concept de dé-mondialisation à un sociologue philippin du nom de Walden Bello dans son livre « Deglobalization, ideas for a new world » (2002).

Ce concept est utilisé pour désigner une limitation du libre-échange et le retour du protectionnisme. Suivant les personnes qui utilisent ce mot, la limitation du libre échange et le retour du protectionnisme peuvent atteindre des plus ou moins grands stades. Ainsi pourquoi parler de dé-mondialisation aujourd’hui ? Dans un premier temps car le coronavirus entraîne aujourd’hui une dé-mondialisation obligatoire pour préserver toutes les populations, ainsi, beaucoup de pays ferment leurs frontières et rentrent dans une forme de quarantaine, une réelle parenthèse autarcique. Cependant la question que l’on peut se poser est la suivante: 

« Le coronavirus n’est-il pas une mauvaise raison pour expliquer cette dé-mondialisation ? Ne peut-on pas considérer que la dé-mondialisation a refait surface depuis déjà quelques temps ? ».

II- Comment justifier ce Phénomène :

La dé-mondialisation n’est pas un phénomène récent. Il était déjà discuté dans les années 1980. Voyons ce qui le justifie et comment il a évolué.

 

1) Une remontée des courants de pensées nationalistes qui fait la part belle à la dé-mondialisation :

On observe depuis depuis 5ans, une émergence des courants de pensées nationalistes, les exemples en sont nombreux et variés. L’élection de Donald Trump aux États-Unis, la présidence d’Orban en Hongrie, la présence au second tour de Marine Le Pen en France ou encore le très contemporain Brexit. Dans leurs programmes respectifs, tous ces candidats ont au moins deux points communs:

  • Limiter les flux migratoires (dé-mondialisation du facteur humain)
  • Protéger les entreprises nationales en appliquant un protectionnisme grâce aux droits de douane (dé-mondialisation du facteur économique)

Ainsi, La montée de ses courants montrent que la dé-mondialisation est une idée qui s’impose de plus en plus dans l’idée collective. On pourrait expliquer cette montée de la volonté d’une certaine dé-mondialisation par une précarité diffuse dans beaucoup de pays, la peur que l’autre vienne nous voler notre travail est de plus en plus présente dans un tel contexte. Les peuples font de la mondialisation la première cause du chômage et de la précarité nationale à l’instar de Patrick Artus et Marie Paul Virard dans « Et si les salariés se révoltaient ? » (2018). Pour eux, la mondialisation a entraîné la délocalisation des emplois « intermédiaires » pour les remplacer par des emplois soit très qualifiés soit précaires. Cette délocalisation a grandi la sensation d’une société à deux vitesses et donc d’une bipolarisation de la société.

 

2) Une remontée effective du protectionisme montre de fait une dé-mondialisation :

Comme si les chefs d’États depuis 2015 avaient lu Flaubert qui dans « dictionnaires des idées reçues » déclarait: « le libre-échange est la cause des souffrances du commerces ». En effet, on observe ces 5 dernières années une montée forte du protectionnisme. A titre de paradoxe et de symbole, ce sont les pays précurseurs du libéralisme, les États-Unis et la Grande Bretagne qui ont succombé en premier aux odes du protectionnisme en donnant « les clés du camion » à Donald Trump qui déclencha des guerres commerciales avec la Chine ou encore la France et à Boris Johnson qui a réussi à faire entériner le Brexit. A titre d’exemple Donald Trump avait à l’été 2019 annoncé une augmentation des droits de douane sur un volume de 200 milliards de produits chinois. Déjà imposés à 10 % depuis fin septembre 2018, ils sont   taxés à 25 % en 2019.

 

3) La nouvelle mode du « fabriqué chez nous » :

On observe dans notre société française, plus particulièrement, une émergence d’un autre mode de consommation, ce mode de consommation préfère les circuits courts et aussi le fait de connaître le producteur de ce que l’on mange ou de ce que l’on utilise… Ce système peut-être résumé dans une maxime assez courante, le « Made In France ». En effet, le protectionnisme est historiquement une politique proposée et menée plus par des partis politiques dits extrêmes mais depuis plusieurs années, on remarque un retour d’une certaine prééminence de l’intérêt national pour reprendre les termes de Milton Friedman. Il n’est aujourd’hui pas forcément exclu de voir des partis avant libre-échangistes, proposer une politique protectionniste. En France ce fut le cas à gauche, quand Arnaud Montebourg proposait à la primaire du parti socialiste en 2017 que 80% des marchés publics devaient être attribués aux petites et moyennes entreprises françaises. Cependant, l’on peut noter ici un paradoxe que Jacques Sapir met en évidence par ailleurs dans « la dé-mondialisation » (2011) . Ce paradoxe est le fait qu’on souhaite produire en France mais que dans le même temps les politiques s’opposent au protectionnisme ( ne serait-ce pas encore lié à des fins rationnelles de la part du politique ?). 

Conclusion :

C’est sans doute ce paradoxe qui permet encore de dire que le monde n’est pas protectionniste, il manque encore le stade de ce que l’on pourrait appeler un « vrai protectionnisme » par les faits (protectionnisme assumé), pour l’instant nous restons dans une dé-mondialisation cachée mais qui a bien commencé à se dessiner il y a quelques années dans la mentalité des populations mondiales du moins. Le tout est de ne pas tomber dans la caricature de l’autarcie. Comme le disait Stiglitz dans « La grande désillusion », (2002), un pays économiquement stable est un pays qui contrôle bien ses mouvements de capitaux, il faut donc « se servir de la mondialisation sans que la mondialisation ne se serve de nous », c’est sans doute l’enjeu et la volonté des « pro » dé-mondialisation qui considèrent que la mondialisation est aujourd’hui devenue incontrôlable. Ainsi, le Coronavirus met un frein certain à la mondialisation mais il ne faut pas se laisser duper, ce n’est pas le déclencheur de la dé-mondialisation car elle fait déjà parti des moeurs.

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Léo Bedenc
Diplômé emlyon et SciencesPo Lyon après une prépa ECE à Bordeaux, je suis également agrégé en S.E.S et j'interviens régulièrement sur Mister Prépa en ESH.