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L’Équateur, tiraillé par les violences et l’instabilité politique et sociale

Sommaire

Fin juillet 2023, des affrontements éclatent dans la prison de Guayaquil, capitale économique de l’Équateur, débouchant sur des dizaines de morts et de blessés. Pour rétablir le calme, l’Etat équatorien a dû alors déployer plus de 2000 policiers et militaires. Cet événement n’est pas un cas isolé : il s’ajoute à une série d’autres événements illustrant la montée de la violence en Équateur ces derniers mois, qui est rapidement devenue le sujet principal dans la sphère politique du pays.

Concentrons-nous alors sur les événements récents dans le pays, qui ont plongé le pays dans l’instabilité sociale et politique.

 

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L’Équateur en quelques lignes

L’Équateur n’est pas le pays le plus connu en Amérique latine, ni le pays le plus utilisé par les préparationnaires dans leurs copies. Mais ce pays, riche par sa culture et sa belle histoire, peut représenter une grande source d’exemples pour vos essais.

L’Équateur est l’un des seuls pays d’Amérique latine à avoir fait de la transition écologique et de la conservation de l’environnement une politique d’État. La nouvelle Constitution de 2008 qui reconnaît des droits de la nature (derechos de la naturaleza) illustre ces efforts. Le pays est également considéré comme un acteur majeur dans la mise en œuvre de l’énergie durable dans le cadre de son plan énergétique national.

Sur le plan politique, l’Équateur est une république unitaire. Son histoire récente est marquée par le gouvernement de gauche de Rafael Correa (2007-2017), principal partisan de la Constitution de 2008, qui a notamment renforcé les droits des populations indigènes. Depuis 2021, le pays est dirigé par Guillermo Lasso, homme politique de droite qui a mis en place des politiques néolibérales.

D’un point de vue économique, le pays est la sixième puissance économique d’Amérique latine. C’est en effet l’un des principaux exportateurs de pétrole, de bananes, et de cacao de la région, et est le plus grand exportateur de crevettes du monde. Ainsi, l’Équateur occupe une place économique importante en Amérique latine dans le contexte de la mondialisation économique contemporaine.

 

Montée de la violence

Quelques mois avant les affrontements dans la prison, en novembre 2022, Guillermo Lasso avait déjà instauré l’état d’urgence et un couvre-feu nocturne dans la région de Guayaquil, suite à des rixes entre les gangs criminels et la police équatorienne.

Mais, malgré divers essais de contenir cette violence, les autorités équatoriennes n’ont pas réussi à limiter les meurtres dans le pays. Par exemple, en avril 2023, Lasso a annoncé l’assouplissement de la réglementation sur le port d’armes. Il autorise ainsi le port d’armes à feu par les citoyens de plus de 25 ans qui réussissent un test d’aptitude, afin que les Équatoriens puissent se défendre eux-mêmes des gangs criminels. Le même mois, le gouvernement inscrit les bandes criminelles dans la liste de groupes terroristes en Équateur. Par conséquent, l’armée pourrait être utilisée pour les combattre sans qu’il ne soit nécessaire de décréter l’état d’urgence.

 

Instabilités sociales

Aujourd’hui, l’un des enjeux majeurs en Équateur est la stabilité sociale. Les manifestations de juin 2022, pour dénoncer l’inflation et la dégradation des conditions de vie, illustrent le malaise social présent dans le pays. Après plusieurs jours de négociations, la Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur (CONAIE), organisatrice des manifestations, et le gouvernement équatorien sont parvenus le 30 juin 2022 à un accord, nommé « Acte pour la paix ». Le gouvernement a alors accepté de réduire le prix du carburant et d’interdire l’activité minière dans les zones protégées en échange de la cessation des hostilités.

Cependant, en mars 2023, après la présentation par le gouvernement d’un projet de loi sur l’eau à l’Assemblée nationale, les leaders indigènes rompent le dialogue avec le gouvernement. Ils jugent que le gouvernement n’a pas respecté les accords signés un an auparavant. Aujourd’hui, les négociations sont toujours paralysées et la situation est toujours instable.

 

Instabilités politiques

L’instabilité politique ronge aussi l’Équateur depuis quelques mois. Le 17 mai 2023, Guillermo Lasso, visé par une motion de censure, applique l’article 148 de la Constitution, surnommé Muerte cruzada, qui lui permet de dissoudre le Parlement, à majorité d’opposition, et de convoquer des élections anticipées.

La CONAIE et les partis d’opposition ont dénoncé cette décision comme un « coup d’Etat » et ont qualifié Lasso de « lâche ». Mais ce dernier a affirmé qu’il était dans l’obligation d’appliquer la Muerte Cruzada. Selon lui, « L’Équateur a besoin d’un nouveau pacte politique et social qui lui permette de sortir de la grave crise politique dans laquelle il se trouve et qui s’aggrave de jour en jour ». L’assassinat de Fernando Villavicencio, candidat centriste à l’élection présidentielle, lors d’un meeting politique à Quito le 9 août, illustre bien ces propos et montre que la situation politique actuelle en Équateur est plus grave que jamais.

Ainsi, dans un contexte de montée de la violence, d’instabilité politique et de conflits sociaux entre les populations indigènes et les dirigeants politiques, les élections présidentielles de fin 2023, dont le premier tour a déjà eu lieu le 20 août, décideront du prochain dirigeant de l’Équateur, qui aura pour devoir de rétablir la stabilité dans le pays.

 

Lire plus : L’Équateur en 5 chiffres : IDH, pauvreté et PIB

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Yasser Mouaqqat