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Est-ce la fin du Commonwealth ?

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Au lendemain de la mort de la reine Elisabeth II, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir du Commonwealth of Nations et de ses 2,5 milliards d’êtres humains, tant la personnalité de la reine semblait voiler les tensions qui pouvaient émerger. Charles III reprend désormais, à la suite de la reine, les titres de gouverneur de l’Eglise d’Angleterre, de chef des armées et de chef du Commonwealth. Sera-t-il en mesure d’assurer l’unité de cette alliance de 56 Etats fondée en 1926 ?

Tout au long de sa vie, la reine Elisabeth II a toujours exprimé le désir de maintenir l’unité du Commonwealth et de renforcer les liens qui rassemblaient cette communauté de plus de cinquante Etats. Pour autant, l’organisation s’est transformée et a été plusieurs fois remise en cause au cours de son long règne.

Deux dates fondatrices pour le Commonwealth

En 1926, la création du Commonwealth est actée par la déclaration Balfour qui garantit leur souveraineté aux Etats qui n’étaient auparavant que des dominions, simples membres de l’Empire britannique.

Autre étape cruciale, la déclaration de Londres, en 1949, qui offre la possibilité aux Etats membres de devenir des Républiques tout en maintenant leur place au sein de l’organisation. Cette décision fait suite à la déclaration de l’indépendance de l’Inde, en 1947, qui débouche sur la proclamation d’une république. Or, comme le Royaume-Uni était soucieux de ne pas dilapider les liens précieux qui l’unissaient à cette ancienne colonie, les premiers ministres des Etats membres du Commonwealth, réunis à Londres, ont opté pour une évolution des statuts de l’organisation en 1949.

Où le Commonwealth est-il remis en cause ?

Si le 10 septembre dernier, les autorités canadiennes ont rapidement reconnu en Charles III leur chef d’Etat, cette fidélité à la couronne britannique n’est pas une évidence pour tous les habitants. C’est ce que témoignent les sondages successifs réalisés sur le sol canadien.

En Australie, les revendications républicaines se font de plus en plus pressantes, notamment depuis l’arrivée au pouvoir, en mai 2022, de l’actuel Premier ministre travailliste Anthony Albanese. Si la reine jouissait d’une popularité presque indéfectible auprès des Australiens, l’arrivée de son fils au pouvoir, bien moins populaire, pourrait rebattre les cartes.

Pour davantage de précisions sur l’Australie, n’hésitez pas à consulter notre article :

La monarchie britannique : quel avenir ?

Le cas de la Barbade

La Barbade, petit état insulaire situé en mer des Caraïbes, a su faire parler de lui ces dernières années. Depuis son indépendance en 1966, la Barbade n’a cessé d’ouvrir la voie de l’émancipation vis-à-vis de la couronne britannique, inspirant notamment ses voisins caribéens.

Le 30 novembre 2021, l’île a fait le choix de devenir une république, refusant dès lors le titre de cheffe de l’Etat à Elisabeth II. Ce pays au lourd passé colonial – la Barbade fut la première société esclavagiste britannique – a décidé de tirer un trait sur plusieurs siècles de domination britannique sans pour autant rompre les relations fortes qu’il entretient avec Londres, comme en témoigne le souhait des autorités barbadiennes de demeurer dans le Commonwealth.

D’autres nations des Caraïbes vont-elles, à l’instar de la Barbade, devenir des républiques et s’affranchir un peu plus de l’emprise symbolique de la couronne britannique ? Rien n’est moins sûr. Prononcer le divorce avec Londres peut souvent se révéler compliqué, en particulier lorsque les constitutions prévoient pour ce faire un certain nombre d’étapes inévitables (référendum, validation par les deux chambres, etc.)

Quel avenir réserver au Commonwealth ?

Si l’on constate qu’au sein des opinions publiques la question de demeurer dans le Commonwealth of Nations se pose régulièrement et parfois avec virulence, l’organisation demeure unie et attractive. Depuis sa création en 1926, seuls l’Irlande et le Zimbabwe l’ont quittée sans retour, respectivement en 1949 et 2003. Si la Gambie, le Pakistan et l’Afrique du Sud sont partis pendant un temps, ils ont par la suite été réintégrés. Le Commonwealth of Nations a même accueilli deux nouveaux arrivants en 2022, le Gabon et le Togo.

Charles III va sans doute chercher à accompagner l’évolution de l’organisation pour assurer son unité et sa pérennité. En juin 2022, dans le discours qu’il a prononcé lors de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth, qui se tient tous les deux ans, Charles III, qui était alors Prince héritier, a rappelé la liberté des Etats de choisir leur régime politique et a fait part de sa « tristesse » à propos du passé esclavagiste de l’empire britannique :

“I want to say clearly, as I have said before, that each member’s Constitutional arrangement, as Republic or Monarchy, is purely a matter for each member country to decide. […]  I cannot describe the depths of my personal sorrow at the suffering of so many, as I continue to deepen my own understanding of slavery’s enduring impact.”

Le Commonwealth en quelques chiffres :

  • 2,5 milliards, c’est le nombre d’habitants dans les pays membres du Commonwealth. Ils représentent un tiers de l’humanité
  • 56 Etats, c’est le nombre d’Etats membres du Commonwealth
  • 1926: création du Commonwealth
  • 1949: déclaration de Londres, qui donne naissance au Commonwealth moderne que nous connaissons aujourd’hui
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Matthieu Haut