25 films ! En 59 ans (1962-2021), les films James Bond inspirés des romans de Ian Flemming sont tout simplement devenus la saga la plus importante de l’histoire du cinéma occidental (précision utile car on ne comptera volontairement pas ici certaines sagas du cinéma asiatique qui auraient pu prétendre à ce titre, dont l’agent 007 sera de toute manière très bientôt dépossédé par le Marvel Cinematic Universe). Si beaucoup d’entre vous ont toujours vu ces films mettant en scène le plus célèbre agent secret du monde uniquement comme un divertissement, il est très intéressant de souligner que certains de ces éléments pourront vous être utiles au détour d’une khôlle durant vos années de classe préparatoire voire aux oraux des écoles de commerce. Passage en revue de trois points qui vont faire de James Bond votre meilleur ami en Anglais.
Du racisme à l’intégration des minorités, les réalisateurs de James Bond ont su progresser
C’était en 1962. La saga James Bond dont personne n’imaginait alors l’importance qu’elle prendrait dans l’imaginaire collectif débutait avec le cultissime James Bond VS Dr No réalisé par Terence Young. Pour sa première aventure dans les salles obscures, l’agent secret britannique était envoyé par le MI6 en Jamaïque où il se confrontait au Docteur No, membre de la tentaculaire organisation Spectre qui allait devenir l’une des principales Némésis de Bond durant les 24 films suivants. Ce film était la preuve si besoin en était de la vision encore fortement teintée de racisme de la société occidentale de l’époque. Les personnes de couleurs présentées sont la plupart du temps au service des blancs, manquent cruellement d’intelligence et de profondeur. Les femmes noires sont en plus sursexualisées. Bref, un cauchemar pour tout défenseur du mouvement Black Lives Matters.
Mais les temps ont bien changé depuis ! Devant la profonde mutation opérée au sein de la société concernant la place des minorités, les réalisateurs des derniers James Bond ont décidé de profondément modifier leur place au sein des derniers films. Ainsi le James Bond joué par Daniel Craig rencontre et travaille avec M, une femme profondément intelligente qui ne sera jamais pour lui un love interest. De plus, quand il part « à la retraite » à la fin du film Spectre, il est remplacé par une femme noire que l’on découvre dans le tout récent Mourir peut attendre sorti en Novembre dernier.
Les mouvements féministes puis Me Too sont passés par là : James Bond d’un homme à femme à un homme bon à marier
Avec tout l’amour que je porte à Sean Connery qui était sans nul doute un acteur charismatique et des plus talentueux, il n’en reste pas moins que son comportement à l’égard de la gent féminine dans les premiers James Bond est au moins digne d’être qualifié de harcèlement sexuel sinon de viol. Ensuite, avec l’arrivée des Timothy Dalton, Roger Moore ou autres Pierce Brosman, ces extrêmes disparaissent pour laisser place à un « simple » machisme décomplexée. Les femmes sont au choix de simples objets sexuels… ou des traitresses sans vergogne qui finissent par échouer lamentablement… et devenir des objets sexuels.
Là encore, cette période est aujourd’hui au moins en partie révolue. Si certains personnages féminins comme celui joué par Monica Bellucci dans Spectre demeurent caricaturaux (une scène de combat de Bond contre des gardes du corps pour les atteindre, une scène de sexe ensuite et l’histoire s’arrête là…), James Bond est à présent parfois réellement trompé par des femmes (coucou Vesper dans Casino Royale dans les filets duquel le héros tombe et restera finalement bien après la mort de cette femme fatale). Il rencontre dans Mourir peut attendre deux femmes agent secret qui ne montrent aucun intérêt pour lui et se concentrent sur leur mission. Il est de plus et c’est bien le comble pour l’éternel coureur de jupons capable de passer deux films amoureux d’une même femme. Bienvenue au XXIème siècle James !
Des standards masculins qui changent, et l’agent 007 avec eux
Finalement, l’évolution du personnage de James Bond est peut être avant tout également lié à celle des archétypes masculins en vigueur dans notre société au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Du gentlemen propre sur lui-même en vogue dans les années 1960 (voire quasiment propret) en toute circonstances qu’incarnait à merveille le magnifique Sean Connery, succède dans les années 1990 le mécanique Pierce Brosman, sorte de Terminator des temps modernes dont on ne doute pas un seul instant qu’il pourra réussir n’importe laquelle de ses missions. De nos jours, arrive le James Bond version 6.0 (eh oui déjà six acteurs ont eu l’insigne honneur d’incarner ce rôle). Celui-ci, s’il pousse encore plus loin les critères de la bête physique se démarque radicalement de ses prédécesseurs en faisant quelque chose que jamais ceux-ci n’avaient osé faire : montrer un agent 007 plus humain que jamais, avec ses faiblesses, une orientation sexuelle moins déterminée que jamais, une femme et des enfants, prêt à mourir (désolé pour tous ceux qui en lisant cet article n’auront pas encore vu le dernier James Bond en date). Finalement, le mythe bondien évolue au fur et à mesure que les stéréotypes sociétaux mutent.