« Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise! » Jean Monnet.
En effet, nous avons pu observer que les déséquilibres monétaires, c’est-à-dire la volatilité du taux de change, l’accumulation excessive de réserves de change, déséquilibres persistants des balances des paiements des transactions courantes (BPTC) créent des déséquilibres financiers, c’est-à-dire des bulles spéculatives, crises bancaires, prises de liquidités etc.
Ainsi, il y a une nécessité de revoir la régulation financière, qui implique nécessairement une réorganisation du système monétaire international (SMI). Il s’agit donc d’améliorer l’allocation en liquidités internationales, de définir un niveau de taux de change et de rester en accord avec l’économie réelle.
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I. Les inconvénients du système actuel de changes flottants
Nous sommes aujourd’hui dans un système de flottement généralisé depuis la fin de Bretton Woods qui est un système qui favorise les déséquilibres. Il y a une instabilité des taux de change qui ne facilite pas les anticipations des acteurs et bloque donc les échanges internationaux. Prenons l’exemple de l’euro qui passe de O,88 à 1,6$ en 2008, pendant la crise.
Ce système alimente également les « guerres des monnaies » comme nous avons pu l’observer dans les années 1930 lors de cette période de dévaluations compétitives.
Cela favorise notamment le renversement brutal de flux des capitaux privés que l’on appelle « flight to the quality ». Cela crée un déséquilibre extérieur et un flux des capitaux des pays émergents vers les pays développés (paradoxe de Lucas)
La crise de 2008 et ses conséquences illustrent l’instabilité et la non-viabilité d’un tel système lorsque nous observons ce retour à une « guerre des monnaies » semblable à celle dans les années 1930.
II. Or, le retour à un sytème de BW parait impossible
Le recourt à un système de change fixe est inenvisageable.
Le recours à l’étalon d’or a été un échec lors des accords de Gênes en 1922 et cela a même eu des conséquences terribles sur les économies, notamment l’Allemagne et le Royaume-Uni.
De plus, il y a un rejet du « privilège exorbitant » et la « stabilité hégémonique » du dollar. Nous sommes dans un monde multipolaire et les PED veulent être impliqués.
Il est impossible d’instauré un SMI de change fixe basé sur une monnaie nationale comme monnaie internationale.
Un système flottant s’impose avec l’intégration financière et la libre circulation des capitaux, cela se confirme avec le Triangle des Incompatibilités de MUNDELL.
Le Dilemme de Triffin illustre notamment comment une monnaie nationale ne peut être une monnaie internationale car pour satisfaire sa demande le pays doit nécessairement être en déficit commercial, ce qui plonge alors le SMI dans le déséquilibre et l’inefficience.
III. Donc, quel système monétaire pour un monde multipolaire?
Un SMI tripolaire peut être une solution.
Il est vrai qu’il existe une prépondérance du dollar mais les trois économies que sont l’Amérique, l’Asie et l’Europe ont le même poids sur la scène internationale au final.
Un SMI tripolaire pourrait s’organiser autour de trois zones appelées « zones cibles » selon les théories de J.WHILLIAMSON (à condition que le yuan devienne convertible). Nous assisterions alors à une internationalisation de la monnaie chinoise et l’euro quitterait son rôle régional.
Selon le Triangle de RODRIK, il faudrait favoriser un intégration monétaire et une coopération internationale c’est-à-dire, faire le choix du fédéralisme.
Il y a une nécessité d’instaurer une instance et monnaie internationales
Selon BENASSY-QUÉRÉ ET PISANI-FERRY, dans une publication de la CEPII : ” Quel système monétaire international pour une économie mondial en mutation rapide ? “, il faudrait un diversification des réserves de change et une amélioration de la circulation des monnaies entre grandes régions économiques et à l’intérieur des ces grandes régions.
Le FMI pourrait avoir un rôle de coordination des banques centrales pour gérer les liquidités mondiales et prendre son rôle de prêteur en dernier ressort en cas de crise.
Les Droits de Tirages Spéciaux (DTS), une monnaie dont la valeur repose sur un panier de monnaies différentes, peuvent notamment aider dans la gestion multilatérale des liquidités internationales.
Cette multiparité entre les monnaies pourrait donc diluer le Dilemme de TRIFFIN en le répartissant entre les monnaies.
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Conclusion
La crise financière actuelle remet à l’ordre du jour la question d’une réforme du SMI. Nous attestons de ce lien entre déséquilibres financiers et instabilités des changes qui nécessite donc une concertation internationale afin d’établir une meilleure discipline collective, un meilleur encadrement des variations des monnaies pour éviter un retour à une « guerre des monnaies ».
Pourquoi ne pas aller encore plus loin en initiant une instance internationale avec une monnaie internationale tel que le « bancor » comme l’avait proposé KEYNES ?