Jean Fourastié, économiste français renommé, a marqué l’histoire économique par ses analyses sur les Trente Glorieuses et l’impact du progrès technique. Ses œuvres, notamment “Les Trente Glorieuses ou la Révolution invisible de 1946 à 1975”, restent des références majeures pour comprendre cette période de prospérité et d’innovation en France.
Qui est Jean Fourastié ?
Jean Fourastié (1907-1990) était un économiste français dont les idées ont profondément marqué la période des Trente Glorieuses en France (1945-1975). Il a joué un rôle essentiel en soulignant l’importance du progrès technique et de l’innovation dans le développement industriel et la prospérité économique.
Son livre emblématique, “Les Trente Glorieuses ou la Révolution invisible de 1946 à 1975” (1979), a largement contribué à populariser le terme et mettre en lumière le rôle central du progrès technique dans cette ère de croissance soutenue. En outre, Fourastié a théorisé sur la “troisième révolution industrielle”, anticipant un changement radical dans les méthodes de production et de consommation, grâce à l’automatisation et à l’informatisation. Son influence perdure dans les débats économiques et technologiques, soulignant la pertinence continue de ses idées pour comprendre l’évolution de l’économie moderne.
Lire plus : La croissance économique et le modèle de Solow
Les Trente Glorieuses expliquées par Jean Fourastié
L’expression « Trente Glorieuses » est tirée du titre de son livre du même nom, qui analyse l’expansion économique spectaculaire de la France et des autres grands pays industriels entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le choc pétrolier de 1973. Cette période est caractérisée par une croissance économique rapide, une forte mobilité sociale et un plein emploi, marquant l’entrée des pays occidentaux dans la société de consommation.
Jean Fourastié a choisi de nommer cette période en référence aux “Trois Glorieuses” de 1830, qui marquaient un tournant politique majeur en France. De la même manière, les années 1945-1973 représentent un tournant économique majeur. La croissance des Trente Glorieuses a été soutenue par plusieurs facteurs exceptionnels. Après la guerre, les pays européens étaient détruits et économiquement ruinés. Leur redressement a été grandement facilité par l’aide américaine du plan Marshall, permettant à l’Europe occidentale de retrouver en seulement cinq ans son niveau de vie d’avant-guerre.
Durant cette période, la croissance économique était non seulement régulière, mais aussi intense et durable. Entre 1950 et 1973, la croissance des pays développés atteignait en moyenne 3,9 % par an (OCDE), un taux exceptionnellement élevé dans un contexte presque exempt de crises conjoncturelles. Cette période est souvent décrite comme une “parenthèse historique” en raison de la stabilité et de l’ampleur de la croissance, des taux de chômage très bas, et d’une inflation modérée.
Les Trente Glorieuses ont également vu un dynamisme économique sans précédent, favorisé par une conjonction unique de facteurs. L’État jouait un rôle interventionniste, influencé par les idées keynésiennes, avec des politiques monétaires discrétionnaires et une gestion proactive de l’économie. La consommation de masse était stimulée par l’augmentation des salaires et l’accessibilité accrue aux biens de consommation grâce au crédit et à la publicité. Les formes de concurrence favorisaient les économies d’échelle et la production de masse, tandis que l’insertion dans la division internationale du travail stimulait les exportations.
Cette période de prospérité a également permis le développement de la société de consommation. Le revenu par habitant augmentait, et les ménages s’équipaient progressivement en biens durables comme les voitures, les télévisions, et les appareils électroménagers. La culture de consommation se développait, et les grandes surfaces devenaient les lieux privilégiés d’achat, marquant l’avènement de la civilisation des loisirs avec une réduction du temps de travail et une augmentation des congés payés.
Les Trente Glorieuses ont établi les fondations de la société de consommation moderne et ont marqué une transition importante vers un nouveau mode de régulation économique. Jean Fourastié déclarait d’ailleurs, dans son ouvrage, que « l’Occident ne connaîtra plus, d’ici des lustres, un progrès économique comparable à celui qu’il vient de vivre pendant ce quart de siècle ».
Le progrès technique selon Jean Fourastié
Jean Fourastié a toujours souligné l’importance cruciale du progrès technique dans la transformation économique et sociale. Pour lui, les avancées technologiques sont le moteur principal de la croissance économique et de l’amélioration du niveau de vie. Pendant les Trente Glorieuses, cette conviction s’est manifestée à travers l’observation de l’impact des innovations sur l’économie française et mondiale.
Le progrès technique a permis des gains de productivité spectaculaires, grâce notamment à l’automatisation et à la mécanisation de la production. L’introduction de nouvelles technologies et méthodes de travail a révolutionné les secteurs industriels, augmentant considérablement l’efficacité et la production. Par exemple, l’adoption des chaînes de montage dans les usines a permis une production de masse rapide et à moindre coût, rendant les biens de consommation plus accessibles à une large partie de la population.
Les secteurs de l’énergie, des transports et des communications ont également connu des transformations majeures. L’électrification généralisée a non seulement amélioré la qualité de vie, mais aussi facilité le développement de nouvelles industries. Les progrès dans les transports, tels que l’essor de l’automobile et des réseaux ferroviaires, ont réduit les distances et facilité la mobilité des biens et des personnes. Les innovations dans les communications, avec l’émergence de la télévision et la généralisation du téléphone, ont transformé les modes de vie et de consommation.
Jean Fourastié a également mis en avant l’importance des investissements en recherche et développement (R&D) pendant cette période. Les entreprises et les gouvernements ont investi massivement dans l’innovation, ce qui a conduit à une accélération des découvertes scientifiques et des inventions technologiques. Cette dynamique d’innovation continue a soutenu la croissance économique et permis de relever les défis posés par l’industrialisation rapide.
Le progrès technique a aussi joué un rôle crucial dans l’amélioration des conditions de travail et de vie. La mécanisation des tâches ardues et dangereuses a réduit les risques pour les travailleurs, tandis que l’augmentation des gains de productivité a permis des hausses de salaires et une réduction du temps de travail. Cela a contribué à l’émergence d’une société de consommation, où les individus disposaient de plus de temps et de ressources pour se consacrer à des activités de loisirs et de consommation.
Lire plus : Fiche Schumpeter : citations, théories, innovation
Pour conclure, Jean Fourastié, économiste français, a brillamment analysé les Trente Glorieuses (1945-1973) comme une période de croissance économique exceptionnelle grâce au progrès technique. Son livre “Les Trente Glorieuses ou la Révolution invisible de 1946 à 1975” reste une référence clé. Fourastié a démontré que les innovations technologiques ont été essentielles pour cette prospérité, jetant les bases de notre société moderne. Cette période, bien que souvent vue comme unique, a eu un impact durable sur l’économie et le niveau de vie.