François Lévêque – Les habits neufs de la concurrence (2017)
Un incontournable pour un sujet sur la concurrence, le marché, l’entreprise ou la croissance !
Un sujet sur la concurrence est toujours le bienvenu au concours en ESH , sur le thème de l’entreprise, de la mondialisation, de l’Europe, les monopoles… Et est donc un concept à savoir maîtriser pour assurer une bonne note (autant à l’écrit qu’à l’oral). La beauté d’une copie se juge aux couleurs et aux formes du bouquet d’auteurs. Et un bon bouquet, c’est des vieux auteurs classiques mais aussi une touche d’originalité et d’actualité. C’est un livre indispensable pour retenir l’attention de votre correcteur et se différencier sur un tas de sujets. L’aspect métaphorique du livre en fait toute son originalité.
Analyse synthétique de l’ouvrage :
L’ouvrage est une aubaine pour une 3ème partie en dissertation, car F. Lévêque discute des sujets de concurrence parfaite et élabore une nouvelle vision de la concurrence … c’est idéal pour conclure une belle copie. Lévêque use de la métaphore des habits pour illustrer la concurrence aujourd’hui.
Il faut débarrasser la concurrence de faux habits et comprendre qu’elle suit maintenant un patron en portant des vêtements neufs… mais tout en restant largement la même.
Il décrit la concurrence comme un patron en 4 pièces : la marché, la différenciation, l’innovation et la redistribution. Les faux habits de la concurrence, c’est avant tout de la voir comme un phénomène universel. La concurrence qui oppose les entreprises n’est pas la même que la compétition naturelle ou que la rivalité sportive.
« Contrairement aux joueurs d’échec, les entreprises rivales inventent des pièces et des déplacements ».
Mais, il s’agit d’éviter le jugement moral et le parti pris idéologique. Car pour F. Lévêque, il convient de dépouiller la concurrence de la concurrence parfaite. La concurrence parfaite est en réalité imparfaite et son équilibre suppose qu’il n’y pas de concurrence.
Rappelons que J.A.Schumpeter voit que la concurrence parfaite est le contraire d’un monde idéal, car il ne connaîtrait ni innovation, ni progrès. Selon F. Lévêque, la concurrence parfaite implique l’absence de rivalité.
L’intérêt de cette analyse est qu’elle prend le contre-pied des théories du XIXe siècle élaborées par les économistes néo-classiques
J’ai choisi de vous résumer les parties 1 et 3, qui sont les plus intéressantes et qui comprennent des exemples très parlants.
PREMIERE PARTIE : Concurrence et marché
Lévêque prend l’exemple de monopoles locaux : les écoles de ski. Le monopole de l’enseignement de la glisse n’a rien de naturel et ne présente alors que des désavantages (prix plus élevés, qualité et variété moindres). Il existe donc des bons et des mauvais monopoles. De plus, il y a pire qu’un monopole : deux monopoles. Le Théorème de Cournot est étonnant à ce sujet : Si les 2 monopoles fusionnent, les profits augmentent mais le prix du bien sera plus bas. En effet, une fois fusionnés, une seule marge de monopole subsiste (exemple dans le monde du ski : AmerSPORT et Jarden).
L’entreprise doit se conformer au droit de la consommation et de la concurrence. Ce dernier n’interdit pas les positions dominantes et les positions de monopoles mais jute les abus pour les obtenir et les maintenir.
TROISIEME PARTIE : Concurrence et innovation
En reprend les enseignements de J.A.Schumpeter, il explique que les grandes firmes disposant d’un pouvoir de monopoles sont les mieux à même d’innover.
La structure de marché détermine la hauteur des profits et donc la capacité à investir dans l’innovation. La recherche d’un monopole temporaire (le temps de l’innovation) est un aiguillon de la recherche de nouveaux produits.
En quoi la concurrence d’aujourd’hui diffère-t-elle de celle d’hier ?
Lévêque observe de nombreux changements : la conquête accélérée des positions dominantes mondiales, l’essor de firmes géantes, l’importance des alliances entre firmes, la création de marché par les entreprises… Les grandes causes restent les mêmes : l’élargissement des frontières de marchés et l’innovation. La concurrence n’a pas changé de nature dans le sens où les formes de la concurrence restent les mêmes. Mais deux formes de concurrence ont pris une place importante : l’innovation disruptive et l’hyper-différenciation.
Exemple des entreprises américaines qui ont vu leur pouvoir de marché augmenter au cours des dernières décennies, ce qui inquiète les économistes :
- Wu « Le problème de l’oligopole » 2013
- Stiglitz chapitre « Monopoly’s new era » dans Project Syndicate, 2016
Deux ouvrages de références si vous souhaitez approfondir le sujet !