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Barkhane : l’histoire d’une opération militaire française au goût amer

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Le 9 novembre 2022, Emmanuel Macron a annoncé la fin de l’opération Barkhane alors que les troupes françaises s’enlisent en Afrique subsaharienne. Le président français a aussi énoncé la volonté d’une adaptation de nos bases en Afrique. De nombreuses manifestations au Mali et au Burkina Faso se sont lancées envers l’occupation française jugée inefficace. Quel bilan peut-on tirer de cette opération militaire lancée en 2014 ?


Les motifs du lancement de cette opération Barkhane

En 2014, le président Hollande annonce le début de la mission Barkhane. Barkhane signifie « dune » de la forme d’un croissant allongé dans le sens du vent. Ce dernier rappelle le gigantesque désert au cœur de l’Afrique subsaharienne. Cette opération se déploie sur un territoire immense, long de 4200 km d’Est en Ouest et de 1600 km du Nord au Sud.

L’objectif initial était de venir en soutien aux pays composant le G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger et Tchad) en proie à un terrorisme islamique de plus en plus ancré. Cette organisation a pour but d’encourager l’utilisation des capacités policières d’Interpol au Sahel pour lutter contre le terrorisme.  Cette menace terroriste est l’un des principaux actes de déstabilisation de cette région. Le nombre de terroristes dans la région croît chaque année. Les forces djihadistes en présence au Sahel peuvent atteindre les 3 000 hommes. Parmi les groupes présents sur place, on ressence AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique), Boko Haram (mouvement salafiste djihadiste nigérian) et bien d’autres. Toutefois le dispositif mis en place par la France en compagnie d’autres pays européens (estoniens, britanniques, tchèques…) devait palier la faiblesse militaire de ces pays du G5 Sahel.


Un contexte complexe qui justifie les difficultés de la France

Néanmoins, cette mission n’a pas eu la tournure souhaitée par les forces françaises. Les pays du G5 Sahel, qui avaient tant d’espoirs au départ avec l’arrivée des forces européennes, ont très vite déchanté. Les 7 000 hommes déployés dont 5100 français n’ont pas su apporter la stabilité attendue par ces pays du Sahel.

Le climat sur place s’est détérioré et les soldats français ont vu la montée des tensions dans la région. De nombreuses manifestations se sont tenues à l’encontre des ambassades françaises que ce soit à Ouagadougou ou à Bamako. Les opinions publiques locales sont en défaveur de l’intervention des forces françaises sur leurs terres.

Le passé colonial a joué un rôle dans l’immobilisme dans les sociétés africaines. C’est ce qui est encore reproché à la France, plus de 60 ans après les indépendances.

Un autre acteur clé est venu semer la zizanie dans l’intervention des troupes françaises au Sahel : les mercenaires russes Wagner. Ce groupe paramilitaire russe prétend être privé et n’avoir aucun lien avec le pouvoir russe. Ces derniers se présentent comme une alternative à la présence française par l’absence de liens mémoriels entre la Russie et l’Afrique. Ils interviennent surtout au Mali et en Centrafrique et sont présents dans la politique en Afrique. Néanmoins, dans sa lutte contre la menace terroriste, Wagner est accusé pour avoir commis des violences à l’égard de civils lors de manifestation contre le pouvoir malien par exemple.


Le choix du retrait des troupes françaises (avenir de la France en Afrique)

Lors de ce mois de novembre 2022, le président français a annoncé la fin de cette opération à cause d’un enlisement au Sahel toujours plus profond. Le président Macron qui cherche à maintenir les relations « France-Afrique », se heurte à toujours plus d’obstacles pour les entretenir. Cette expression « France-Afrique » a été énoncé par Félix Houphouët Boigny en 1955, président ivoirien à l’époque, pour matérialiser la volonté de conserver des liens privilégiés entre les dirigeants africains et la France.

Cette volonté de maintenir cette relation est primordial, néanmoins la stratégie sera différente par rapport à ce que Barkhane a été. L’objectif de ses prochaines semaines pour les forces françaises sera de réduire son exposition et sa visibilité en Afrique. Néanmoins, les opérations se concentreront sur la coopération et l’appui avec les forces de ces pays du Sahel.

L’opinion publique de ces pays est réellement défavorable à cette présence française. Leur intervention militaire aurait mené selon eux à maintenir le sous-développement plutôt que de réduire les causes profondes de l’instabilité. Le sentiment anti-français devient ancré au sein des populations locales. Ces dernières ne voient pas de réellement changements et les situations des pays du Sahel restent chaotiques. Ainsi, les principaux fardeaux restent le sous-développement, dépendance, exploitation des ressources par les firmes occidentales et le terrorisme.

Au terme de cette opération, le bilan est lourd : 2 000 civils sont morts, 2.1M de personnes ont fui les violences et 13M sont dans un besoin humanitaire plus que préoccupant. Du côté des troupes françaises, 58 soldats ont perdu la vie en neuf ans de présence au Sahel.

Aujourd’hui, Barkhane a fait les frais d’une politique de désinformation à l’encontre de l’opération plus que nuisible.

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Charles Derue