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La Géopolitique de l’Océan Arctique

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Depuis une dizaine d’années, les articles scientifiques, journalistiques et géopolitiques fleurissent au sujet de l’Océan Arctique. Au cœur de plusieurs enjeux contemporains tels que le changement climatique, les ressources en hydrocarbure ou les relations internationales, l’Océan glacial Arctique cristallise l’attention de puissances géopolitiques. Ce sujet a créé la surprise de plus d’un étudiant lors de colles d’HGG aux oraux d’HEC Paris ! L’article explicite les principaux enjeux du thème et la tendance stratégique présente dans l’Océan Arctique. Plus de panique ! Vous ne ferez pas partie de ces candidats désarçonnés !

 

 

L’histoire et la géographie de l’Arctique

L’Océan Arctique est le plus petit océan terrestre. Il est situé au pôle Nord et communique indirectement avec l’Océan Atlantique par la mer de Barents et avec l’Océan Pacifique par le détroit de Béring qui sépare la Russie des Etats-Unis. La dorsale de Lomonossov coupe l’océan en deux bassins de grande profondeur. 8 pays bordent l’océan : la Norvège au titre de Svalbrad, le Danemark pour sa souveraineté sur le Groenland, le Canada, les Etats-Unis grâce à l’Alaska, la Russie, la Finlande, l’Islande, la Suède.

Le potentiel économique non négligeable dont est pourvu l’Océan Arctique n’a pu être exploité que très tardivement en raison de l’hostilité du climat polaire (vents violents, température, nuit permanente en hiver). Dans un contexte de Guerre Froide, le sous-marin américain Nautilus passe sous le pôle Nord en 1958. Cet exploit scelle la victoire de la technologie sous-marine américaine sur celle soviétique. Avant cette avancée scientifique, l’océan n’était que très peu navigué. Cependant, au fur et à mesure de l’amélioration des technologies subaquatiques, la navigation et la prospection des roches et du pétrole se sont accélérées. On estime que l’océan abrite 13% des réserves de pétrole et 30% des réserves de gaz de la Terre. Les ressources minières sont principalement l’or, le plomb, le zinc et l’uranium.

 

 

Les principaux acteurs géopolitiques en Arctique

Lorsqu’un bathyscaphe plante un drapeau russe en titane dans le fond marin arctique en 2007, la revanche technologique russe sur les Etats-Unis est donnée. Mais ce duel n’exclut pas d’autres puissances à se joindre à la table de l’Arctique ! En effet, aucun traité international ne protège la zone qui est en proie à l’intérêt d’autres puissances. Le Conseil de l’Arctique, créé en 1996, est composé d’autochtones, d’Etats riverains, d’ONG et d’Etats observateurs n’ayant aucun droit de vote (Chine, Inde, Union Européenne). Il est chargé de promouvoir les aspects environnementaux, économiques et sociaux du développement durable dans la région de l’Arctique.

La question de la sécurisation de la mer et des flux qui y transitent est aussi un enjeu primordial. De 1960 à 2024, la surface de la banquise permanente a perdu 45% de sa surface ce qui rend l’océan libre de glace pendant 6 mois. Les brise-glace nucléaires russes ont permis de créer une route d’exportation du gaz naturel liquéfié (GNL) depuis le nouveau port de Yamal. Une nouvelle route maritime raccourcissant la route Europe-Asie de 40% est aussi la volonté des autorités chinoises dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie (NRS). Pékin veut relier son pays à l’Europe pour exporter ses denrées manufacturières. L’alliance sino-russe permettrait de frayer un chemin aux porte-conteneurs chinois par l’Arctique jusqu’à la Mer du Nord. Les potentialités économiques intéressent les Etats-Unis qui sont prêts à redéfinir les frontières maritimes dans l’océan. Le traité de Montego Bay de 1982 qui fixe les zones économiques exclusives (ZEE) maritimes des pays de l’ONU est visé. Un contentieux a d’ailleurs eu lieu entre les Etats-Unis et la Canada ainsi que la Russie au sujet de délimitation de haute mer et de mers intérieures.

 

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De nouveaux défis en Arctique

Le principal enjeu de l’Arctique est l’environnement. La hausse soutenue du climat dans la région a plusieurs conséquences néfastes : le déplacement des espèces vers les pôles, la hausse du niveau de la mer (menaçant directement des pays à horizon 2050), la fonte des glaciers continentaux (Groenland, Antarctique), le bouleversement de la géographie des climats. Il existe d’autres types de dangers tout aussi importants tels que la pollution des déchets nucléaires. La Russie a en effet regroupé les siens au large de Mourmansk et sur l’île de la Nouvelle-Zemble. Des nappes radioactives empoisonnent la faune locale ce que ne manque pas de dénoncer l’ONG Greenpeace.

La militarisation de l’océan est aussi un élément central qui agite la gouvernance mondiale en Arctique. En effet, depuis 2014, la Russie a lancé un plan de remilitarisation sur ses 24 000 km de côtes. Le slogan « High North Low Tension » popularisé par la Norvège est plus que jamais d’actualité. Afin de stabiliser la région, la ministre des affaires étrangères norvégienne Anniken Huitfeldt a souligné l’attention qu’elle portait à cet adage dans un discours au conseil de l’Arctique en 2023. Son objectif est de « concilier intérêts militaires, progrès technologiques et coopération climatique ». 

 

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Enfin, la géopolitique de l’Océan Arctique est un sujet récent qui a gagné rapidement en attention pour devenir un point central de l’actualité géopolitique. Entre militarisation, changement climatique et ambition de puissance, l’Arctique est une zone stratégique à surveiller !

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Image de Augustin Hirtzberger
Augustin Hirtzberger
Etudiant en première année à Audencia après deux années de classe préparatoire au lycée Hoche.