Mientras dure la guerra est un film espagnol dramatico-biographique de 2019, réalisé par Alejandro Amenábar, qui se déroule au début de la guerre civile espagnole en 1936. Le film dépeint l’ascension au pouvoir de Francisco Franco, ainsi que les dilemmes moraux et les états d’âme du célèbre écrivain et intellectuel Miguel de Unamuno. En été 1936, Unamuno, convaincu que la rébellion militaire rétablira l’ordre en Espagne, décide de la soutenir publiquement. Cependant, alors que la guerre progresse et que la répression des opposants au régime se durcit, Unamuno commence à remettre en question sa position initiale. Cet article vise à présenter la guerre civile de 1936-1939 à travers une œuvre cinématographique emblématique, afin d’aider les étudiants à se démarquer lors des examens.
Contexte et Origines de la Guerre Civile Espagnole
Après la Première Guerre mondiale, l’Espagne traverse une période marquée par une grande instabilité socio-politique. En 1923, le général Primo de Rivera saisit le pouvoir par un coup d’État et impose une dictature inspirée du modèle italien. Cependant, la crise économique de 1929 affaiblit son régime, le contraignant à démissionner. Suite à la fuite du roi Alphonse XIII, la Seconde République est proclamée en 1931. La Seconde République entreprend des réformes ambitieuses, mais les tensions entre les forces de gauche et de droite se intensifient. En 1932, le général Sanjurjo tente un coup d’État, qui échoue. En 1934, l’arrivée au pouvoir de la droite entraîne de nombreuses révoltes, sévèrement réprimées par le général Franco. Les revendications autonomistes des communautés autonomes et les craintes d’une révolution bolchevique aggravent encore les tensions. L’assassinat du leader de droite Calvo Sotelo et la victoire du Front Populaire précipitent le coup d’État dirigé par Franco. Le 17 juillet 1936 marque le début de la guerre civile espagnole, opposant les républicains aux nationalistes dirigés par Franco. En septembre 1936, Franco est nommé « Generalísimo » des armées et devient chef de l’État en octobre, obtenant des pouvoirs dictatoriaux. La guerre civile se termine en 1939, ayant coûté environ un million de vies. Franco établit alors une dictature qui perdurera jusqu’à sa mort en 1975.
Miguel de Unamuno, un professeur engagé
Miguel de Unamuno était professeur à l’Université de Salamanque dès 1891. Néanmoins, il est destitué en 1914 pour son opposition à la monarchie espagnole. Ses nombreuses critiques virulentes de la dictature de Primo de Rivera le conduisent à l’exil en 1924. Après la chute du dictateur, il reprend son poste de recteur. Cependant, déçu par la Seconde République et le chaos en Espagne, il soutient ouvertement les nationalistes en 1936. Lors de la célébration de la fête de la Race, le 12 octobre 1936, à l’Université de Salamanque, il prononce un discours resté célèbre jusqu’à nos jours :
«Este es el templo del intelecto y yo soy su supremo sacerdote. Vosotros estáis profanando su recinto sagrado. Diga lo que diga el proverbio, yo siempre he sido profeta en mi propio país. Venceréis, pero no convenceréis. Venceréis porque tenéis sobrada fuerza bruta, pero no convenceréis porque convencer significa persuadir. Y para persuadir necesitáis algo que os falta en esta lucha, razón y derecho. Me parece inútil pediros que penséis en España. »
Son audace lui vaut d’être menacé par le public pro-franquiste, mais il est sauvé par l’épouse de Franco. Peu après, Unamuno est destitué de son poste et assigné à résidence, où il meurt quelques mois plus tard. Bien que Miguel de Unamuno soit fréquemment perçu comme un symbole de résistance au franquisme, Mientras dure la guerra cherche à mettre en lumière la complexité de cette figure historique. En effet, Unamuno a publiquement soutenu les nationalistes en 1936, mais il a aussi également laissé les franquistes d’arrêter ses amis qui partageaient des idéaux républicains. Le film d’Alejandro Amenábar présente ainsi le vieil philosophe confronté à ses propres contradictions.
Un film au cœur des polémiques mémorielles
La question de la mémoire reste un sujet sensible en Espagne, où la nation demeure divisée. D’un côté, certains réclament justice pour les victimes de la dictature franquiste, tandis que d’autres s’y opposent, craignant de rouvrir les blessures du passé. La sortie de Mientras dure la guerra représente ces tensions nationales. Le film a été critiqué pour sa représentation de Franco, dépeint comme un père et un mari aimant, ce qui est problématique étant donné sa responsabilité dans de nombreux crimes. En effet, après la guerre civile, de nombreuses répressions ont été organisées contre les républicains, comprenant le vol de bébés, la torture, et des exécutions. À l’inverse, lors des projections, des spectateurs ont interrompu le film en faisant des saluts franquistes pendant le discours final de Miguel de Unamuno, révélant la persistance de ces divisions.
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