La construction européenne demeure un chapitre primordiale en ESH. En effet, les problématiques européenne permettent d’illustrer de nombreuses problématiques autour du libre échange, de la concurrence ou encore des politiques monétaires. Ainsi, bien cerner les bases de ces concepts est essentiel et cet article vous y aidera.
Les prémices de l’Europe unie et la naissance de la Communauté économique européenne au travers de ses traités
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, l’Europe se trouvait en ruines, et les nations cherchaient désespérément un moyen d’éviter de futurs conflits. L’une des premières étapes vers la construction européenne a été la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951. Ce traité a été signé à Paris par six pays : la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Il a été conçu pour gérer les industries du charbon et de l’acier de manière commune, afin de garantir que ces ressources stratégiques ne seraient plus utilisées comme des armes de guerre.
En 1957, les mêmes six pays ont signé le Traité de Rome, établissant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté de l’énergie atomique (EURATOM). La CEE avait pour objectif de créer un marché commun entre les pays membres, favorisant la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes. C’était un pas majeur vers l’intégration européenne, et le traité de Rome est souvent considéré comme l’acte de naissance de l’Union européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui.
En 1992, le Traité de Maastricht a été signé, donnant naissance à l’Union européenne en tant qu’entité politique distincte de la CEE. L’UE avait pour objectif de renforcer la coopération entre les États membres dans des domaines tels que la politique étrangère et de sécurité commune, la justice et les affaires intérieures. Le traité de Maastricht a également introduit la citoyenneté européenne et la monnaie unique, l’euro.
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L’expansion de l’Union européenne et sa remise en question par le Brexit
Dans les années qui ont suivi, l’UE s’est développée pour inclure de nouveaux membres. En 1973, le Royaume-Uni, le Danemark et l’Irlande ont rejoint l’UE. En 1981, la Grèce est devenue le dixième membre de l’Union européenne, suivie par l’Espagne et le Portugal en 1986. En 1995, l’UE s’est élargie encore davantage en accueillant l’Autriche, la Suède et la Finlande. Cependant, le plus grand élargissement de l’UE a eu lieu en 2004, lorsque dix nouveaux pays d’Europe de l’Est ont rejoint l’Union, dont la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et les États baltes. L’élargissement de l’UE s’est poursuivi au XXIe siècle, avec l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie en 2007, suivie par la Croatie en 2013. Cependant, l’UE a également été confrontée à des défis majeurs au cours de cette période. La crise économique mondiale de 2008 a eu un impact significatif sur l’Europe, mettant en évidence des déséquilibres économiques entre les pays de la zone euro. En outre, la crise migratoire de 2015 a mis en lumière des divergences entre les États membres en matière de politique d’asile et de contrôle des frontières.
L’un des développements les plus significatifs récents de l’histoire de l’UE a été la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne, un processus connu sous le nom de Brexit. Après un référendum en 2016, le Royaume-Uni a officiellement quitté l’UE le 31 janvier 2020. Cette décision a des répercussions majeures sur l’avenir de l’Union européenne, en particulier en ce qui concerne la coopération économique et la relation entre l’UE et le Royaume-Uni.
Le Brexit a également eu des répercussions au sein de l’UE, obligeant l’Union à s’adapter à un budget révisé et à réfléchir à la manière de combler le vide laissé par le départ du Royaume-Uni, l’un des principaux contributeurs au budget de l’UE.
Le paradigme économique derrière la construction européenne
La politique de la concurrence est un des piliers fondamentaux de la construction européenne depuis ses débuts. Incarnée par la Commission européenne, elle vise à empêcher les pratiques anticoncurrentielles et à garantir que les entreprises opèrent sur un pied d’égalité, favorisant ainsi l’efficacité économique, l’innovation et la baisse des prix pour les consommateurs. Elle interdit les ententes anticoncurrentielles, les abus de position dominante et les aides d’État excessives.
Cette politique a été un moteur clé de la création du marché unique européen, en encourageant la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes mais également en éliminant les distorsions économiques et en facilitant le commerce transfrontalier.
L’instauration de règles de concurrence solides a contribué à stimuler l’innovation, à abaisser les barrières à l’entrée pour les entreprises, à favoriser des prix plus bas pour les consommateurs, et à stimuler la croissance économique dans l’ensemble de l’Union européenne.
Cependant, alors que d’autres acteurs mondiaux gagnaient en puissance économique, la politique de la concurrence européenne a commencé à être débattue.
L’Union européenne a dû faire face à une concurrence féroce de la part d’économies émergentes, notamment la Chine et d’autres pays asiatiques. Cela a soulevé des préoccupations quant à la capacité de l’UE à maintenir sa compétitivité industrielle et à protéger ses entreprises de pratiques déloyales. De plus, la politique de la concurrence stricte de l’UE a parfois été accusée de freiner l’innovation et d’affaiblir la position des entreprises européennes sur la scène internationale.
Les pressions pour assouplir la politique de la concurrence se sont fait ressentir, mais cela a engendré des débats sur l’équilibre à trouver entre la protection des consommateurs et la protection des intérêts économiques européens. La nécessité de protéger les champions industriels européens tout en préservant les principes de libre concurrence a été au cœur de ces discussions.
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Pour conclure, l’histoire de la construction européenne est un voyage complexe, marqué par des moments de coopération et de défis. Depuis les débuts modestes de la CECA en 1951, l’Union européenne est devenue une entité politique majeure, avec une monnaie unique, une citoyenneté européenne et un marché commun. Cependant, elle est également confrontée à des défis considérables, tant internes qu’externes. L’avenir de l’UE dépendra de la capacité des États membres à surmonter ces défis et à poursuivre leur quête de paix, de prospérité et d’unité en Europe.