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Hong-Kong et la Chine : Des tensions historiques qui s’intensifient

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Le 8 octobre 2020, un enseignant hongkongais s’est fait radier à vie de l’Éducation Nationale à vie pour avoir simplement organisé un débat dans sa classe sur la liberté d’expression. Pour comprendre ce fait symbolisant les tensions entre la Chine et Hong-Kong, inimaginable il y a encore 20 ans, il est essentiel de parler de l’histoire commune des deux États.

Hong Kong est une petite région administrative de la Chine, située au bord de la mer de Chine méridionale qui ne semblait pas très convoitée. Mais c’était sans compter sur la première guerre de l’opium (1839-1842), opposant l’Angleterre à la Chine, déclenché par l’interdiction de la vente d’opium par l’Angleterre à la Chine. Le conflit se termina par une victoire écrasante de l’Angleterre, forte de sa puissance technologique : le traité de paix de Nankin fut signé. Celui-ci contraint la Chine à des échanges commerciaux très avantageux et à céder la ville de Hong Kong, qui, ironie du sort, était le port par lequel l’armée anglaise avait accosté.

Le territoire hongkongais a donc été cédé à l’Angleterre pour une durée de 99 ans, qui sous entendait à l’époque la perpétuité. Mais la proximité géographique, la fin de l’époque coloniale et l’histoire commune des deux pays les a rapprochés, expliquant la rétrocession à la Chine le 1er juillet 1997.

Suite à cela, une période de 50 ans est imposé pour assurer la transition entre les deux pays. Hong Kong, qui s’était construite depuis son rattachement sur le modèle occidental capitaliste et démocratique, a donc un système politique, social et économique en opposition avec la Chine communiste et plus stricte. Hong Kong se définit depuis comme « un pays, deux systèmes ».

Alors qu’elle avait respecté cette période de transition et donc les libertés qui lui était afférées pendant les 15 premières années, la Chine gouvernée par Xi Jinping a commencé à profondément remettre en cause le modèle hongkongais. Ce changement politique peut s’expliquer par plusieurs facteurs.

En tant que 2em puissance économique mondiale, il est essentiel pour la Chine, comme toute grande puissance, de développer également son influence et idéologie politique sur le reste du monde. Hong-Kong représente alors un opposant direct puisqu’en étant à la fois une démocratie et à moitié chinois, il décrédibilise la grandeur de Pékin. Le fait que Hong-Kong revendique son indépendance et rende hommage aux morts de la place Tian’anmen le 4 Juin n’en sont que quelques exemples.

Pour des raisons purement économiques maintenant, Hong-Kong n’est plus autant en capacité qu’avant de s’opposer à la Chine. En effet, Hong-Kong représentait 17% du PIB chinois lors de sa rétrocession en 1997, elle était donc essentielle au maintien et au développement de la Chine : aucun trouble politique ne devait mettre à bas la prospérité économique de cette perle chinoise. Il suffit de comparer ce chiffre avec celui de 2020 pour comprendre pourquoi la Chine a maintenant la main mise sur Hong-Kong et peut commencer à imprégner cette dernière de son idéologie : Hong-Kong ne représente plus que 2% du PIB chinois.

Ainsi, depuis 2010, les tensions entre Hong-Kong et la Chine n’ont fait que croître et le pouvoir chinois cherche d’année en année à propager son influence. L’exemple du « mouvement des parapluies » lors de tentative de suppression du suffrage universel pour désigner le dirigeant de Hong-Kong en est le symbole. L’année 2019, marque un nouveau tournant lorsque la loi sur l’extradition vers la Chine de personnes considérées comme ayant un comportement criminel par Pékin est proposé. Bien que la cheffe de l’exécutif de Hong-Kong surnommé par les spécialistes « la marionnette de Pékin », Carrie Lam, a finalement mis fin à ce projet de loi, son équivalent est promulgué le 30 Juin 2020 : la loi « secrète » sur la sécurité nationale. Le sous texte est clair : la loi est volontairement floue pour museler toute opinion contre Pékin. Elle permet notamment à la justice chinoise d’intervenir à Hong-Kong ou encore d’interdire tout propos séparatiste sur quelque média que ce soit. Tous les hongkongais avait alors en masse supprimé des centaines de millions de posts et de messages sur les réseaux de peur d’être arrêté. En aout 2020, Pékin a émis un « avis de recherche » contre cinq exilés démocrates hongkongais et un citoyen américain accusés d’être des « fauteurs de troubles ». Le principe d’extraterritorialité inscrit dans les articles 36 et 37 de la loi sur la sécurité nationale imposée à Hong Kong est pour la première fois invoqué.

Hong-Kong semble aujourd’hui seule et impuissante face au monstre chinois. Les pressions internationales envers la Chine, surtout américaines, ne semble que retarder l’inévitable.  L’arrestation de ce pauvre enseignant, ayant osé faire réfléchir ses élèves sur la liberté, ne sera peut-être malheureusement qu’un évènement comme un autre à Hong-Kong dans les années à venir.

 

Antonin Poulenard membre de l’association Diplo’Mates

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Dorian Zerroudi
Co-fondateur d'elevenact (Mister Prépa, Planète Grandes Ecoles...), j'ai à coeur d'accompagner un maximum d'étudiants vers la réussite !