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Houellebecq économiste

Sommaire

Dans cet article, nous allons nous intéresser à l’essai de Bernard Maris intitulé Houellebecq économiste publié en 2014. Cet essai est sous-titré L’économie et la crise de la société contemporaine à travers la littérature de Michel Houellebecq. 

Bernard Maris cherche en effet dans cet essai à montrer que l’œuvre de Houellebecq s’attaque à la démesure du libéralisme économique. Selon lui, l’économie n’est pas une science : elle se base sur des théories hasardeuses. C’est ainsi une discipline vide et ennuyeuse. Il cherche ainsi à montrer que les romanciers savent parler de la réalité à l’inverse des économiques et que Houellebecq est justement l’un de ces auteurs qui a saisi le malaise qui gangrène notre époque. 

 

Les auteurs

Michel Houellebecq (1956-) est un écrivain, poète et essayiste français. Il reçoit son premier prix en 1992 pour un recueil de poème, et le prix Goncourt pour son roman La Carte et le Territoire en 2010. Ses romans sont notamment autour du thème de la solitude existentielle et de la dénonciation du libéralisme. Voici une bibliographie succincte :

  • Extension du domain de la lutte, 1994
  • Les Particules élémentaires, 1998
  • La possibilité d’une île, 2005
  • La Carte et le Territoire, 2010

Bernard Maris (1846-2015), lui, était un économiste, écrivain et journaliste. Il vulgarisait l’économie et animait des chroniques sur France Inter (“J’ai tout compris à l’économie”), Charlie Hebdo ou encore à la télévision. Voici une bibliographie succincte : 

  • Keynes ou l’économiste citoyen, 1999
  • La Bourse ou la vie, 2000
  • L’antimanuel d’économie, 2003 et 2006 (deux volumes)

Selon Bernard Maris, l’économie ne prend pas en compte les notions d’altruisme ou de communauté. Pour elle, la vie sociale est divisée en trois axes : l’Etat, l’économie et le peuple. 

A travers son analyse de l’œuvre de Houellebecq, Bernard Maris en ressort une illustration de notions propres à l’économie contemporaine et la manière dont elle vécue.

 

L’entreprise

Dans Extension du domaine de la lutte, l’entreprise est vue comme un écosystème avec une “culture d’entreprise”. C’est le royaume de l’asservi volontaire. L’entreprise est le domaine de la lutte, avec cette “loi de la jungle”. C’est ce qu’on appelle le darwinisme social ou libéralisme à la Spencer : les meilleurs mangent les mauvais, ce qui amène à un équilibre.

 

La destruction créatrice

En parlant de l’entreprise, Houellebecq évoque la notion de “destruction créatrice”, inventée par Joseph Schumpeter, dont l’aboutissement serait selon lui l’Apocalypse. Le processus de destruction créatrice, grâce aux innovations, assure le renouvellement permanent des structures de production. 

 

L’innovation

Pour pouvoir animer les individus, le leurre de la nouveauté est de plus en plus utilisé. Cette nouveauté n’est plus souvent une innovation mais repose sur le fait de démoder un produit auquel les consommateurs auraient pu s’habituer. Dans La Carte et le territoire, Houellebecq fond en larme car, à cause de l’obsolescence décidée par des personnes du marketing, il ne peut plus acheter à intervalle régulier les trois produits parfaits selon lui, à savoir “les chaussures Paraboot Marche, le combiné ordinateur portable imprimante Canon Libris et la parka Camel Legend”.

 

L’utile et l’inutile

Houellebecq centre la majorité de ses romans autour des métiers manuels ou intellectuels et les métiers qui n’aboutissent à aucune richesse. Ainsi, nombre de ses personnages se questionnent sur leur utilité. Ainsi, il se pose la question de ce qui peut inciter un Homme à accepter un travail inutile et ennuyant. La réponse qui lui arrive est celle de l’argent. Dans Ennemis Publics, Houellebecq fait référence à la “common decency” d’Orwell, cet esprit particulier propre aux gens qui vivent dignement d’un travail utile. 

 

Le suicide occidental

Le marché financier est brutal. Le thème du suicide occidental au terme du capitalisme est très importante dans l’oeuvre houellebcquienne. De plus, la vénalité des Occidentaux empêche, selon Houellebecq, de plus en plus de personne d’éprouver de l’amour. Cette société ne sait plus attiser le désir, exciter les sens, et elle a peur du temps qui la ravage. Tandis que meurent les hommes qui se battent dans cette société, survivent ceux qui pratiquent la pensée de l’amour. Selon Houellebecq le monde du futur sera féminin, car elles savent ce monde brutal, égoïste et mauvais. 

 

Conclusion

Ainsi, pourquoi lire Houellebecq économiste, ainsi que les romans de Houellebecq ? Car ils permettent une description et une analyse de la manière dont le système économique est vécu de l’intérieur par les individus. Ils en proposent ainsi une réflexion, pour en montrer notamment les limites, avec un fossé entre les individus et l’économie qui se creuse de plus en plus.

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Corentin Viault