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La démographie du Japon ou l’impossible relance de la natalité

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Japon démographie

Au Japon, cela fait plus de 40 ans que les naissances diminuent d’année en année. Un peu moins de 800 000 bébés sont nés au Japon en 2022, c’est-à-dire à peine plus qu’en France, malgré une population japonaise près de deux fois plus importante. Cette situation interroge la démographie japonaise à un moment où la relance de la natalité semble impossible.

Une baisse de la démographie accentuée par les diverses crises

La population du Japon au 1er janvier 2023 était estimée à 124,77 millions d’habitants, soit une baisse de 0,43 % sur un an. Le pays a la deuxième population la plus âgée au monde après Monaco avec vingt-neuf pour cent des Japonais ont plus de 65 ans et 11,6 % ont moins de 14 ans. « Nous sommes sur le point de ne plus pouvoir maintenir le fonctionnement de la société », s’est alarmé Fumio Kishida, premier ministre japonais. La baisse de la natalité, régulière depuis les années 1970, s’est accélérée avec l’épidémie de Covid-19. 

Trois années de crise Covid-19 et de relations sociales détériorées ont aggravé la situation, en réduisant les rencontres et les mariages, un préalable avant que naisse un bébé au Japon, mais les circonstances étaient déjà très mauvaises avant.  Elle se traduit déjà par des pénuries de main-d’œuvre dans un pays rétif à l’immigration, à une désertification accélérée des campagnes et à des difficultés croissantes pour financer les retraites. En moyenne 500 écoles ferment tous les ans faute d’enfant et en 2022, l’armée a tiré la sonnette d’alarme car les « forces d’autodéfense » n’ont réussi à recruter que la moitié des effectifs dont elles ont besoin pour espérer protéger correctement le territoire.

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Les raisons de l’impossible relance de la natalité au Japon

Les experts pointent de multiples causes au problème complexe de la baisse de natalité dans l’Archipel, dont sa rigide structure familiale. Seules 2,4% des naissances du pays ont ainsi lieu hors mariage, le plus faible taux parmi les pays de l’OCDE. A cette situation, il est possible d’ajouter l’image des salariés japonais assommés de travail, qui enchainent les journées à rallonge dans des grandes entreprises où la pression est énorme. Avec une fois la journée terminée, des soirées obligatoires avec les collègues et des temps de transport impossibles pour rentrer dormir en lointaine banlieue de Tokyo. « 26 % des hommes japonais de 50 ans n’ont jamais été mariés. Le taux est de 16,4 % pour les femmes. Et ça augmente », pointe Seiko Noda, l’ancienne ministre chargée des Politiques de l’enfance.

La première cause avancée par les jeunes qui renoncent à avoir des enfants est le coût financier, sur fond de salaires qui stagnent et de précarité plus importante des emplois des hommes. Au Japon, les soins médicaux sont dans la plupart des localités gratuits pour les enfants jusqu’à 15 ans. L’école publique est gratuite, les frais de crèches sont désormais en partie offerts et il existe des allocations familiales. Mais à l’évidence cela ne suffit pas. Pour autant, le gouvernement est toujours réticent à prendre en compte le nombre d’enfants dans le calcul des impôts sur le revenu.

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Le gouvernement japonais tente de trouver des solutions

Pour compenser la chute des unions et redresser un taux de natalité tombé à 1,26 enfant par femme, les autorités tentent de convaincre les jeunes mariés d’avoir plus de bébés. Le gouvernement actuel, qui dit enfin prendre la mesure de l’enjeu, promet une politique d’aide financière de dimension inédite avec un doublement, d’ici une dizaine d’années, du budget global des politiques consacrées à l’enfance. L’enveloppe atteint aujourd’hui 4.700 milliards de yens par an, soit 30 milliards d’euros.

Toutefois, malgré la récente augmentation de 17% de la prime à la naissance, pour atteindre 3 500 euros, cela ne suffit pas à convaincre les Japonais d’avoir plus d’enfants. Evidemment, ces décisions interrogent, notamment sur leur efficacité. « Cette stratégie des allocations ne fonctionne pas », tranche Mary Brinton, professeure de la Harvard University qui vient de publier en japonais un livre sur la crise démographique. « Aucun pays développé n’a réussi à encourager les familles à avoir un enfant de plus en augmentant les allocations », insiste-t-elle. « La Corée du Sud tente cette stratégie depuis des décennies et elle a maintenant le taux de fécondité le plus bas du monde », confirme Haruka Sakamoto, sociologue à la Tokyo Foundation for Policy Research, au périodique Les Echos. L’an dernier, le nombre moyen d’enfant par femme est tombé à 0,78 en Corée.

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Pour conclure, en juin 2023, Fumio Kishida a martelé que « c’est maintenant notre dernière chance d’essayer d’inverser, dans les années 2030, le déclin de notre taux de fécondité ».

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref