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Jean-Hervé Lorenzi : les nouvelles voies de la politique économique

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Jean-Hervé Lorenzi

Dans une tribune du 07 juillet 2023 publiée dans l’édito Les Echos, l’économiste et président du Cercle des économistes, Jean-Hervé Lorenzi, a pris la parole sur les nouvelles voies de la politique économique pour sortir de l’impasse du déficit public et des investissements nécessaires à la modernisation de l’Etat.

Les défis de la France sont multiples selon Jean-Hervé Lorenzi

L’auteur introduit sa tribune en précisant que la France, comme de nombreux autres pays, fait face à des défis et des incertitudes tels que le déficit public, le ralentissement de la croissance, la baisse de la productivité et le réchauffement climatique. Ces problèmes semblent insolubles, dès lors, quelle politique économique peut-on adopter ?

Tout d’abord, il est essentiel d’aborder la sortie de crise du Covid-19 en utilisant des approches novatrices adaptées à cette situation sans précédent. Il est également nécessaire de trouver une stratégie principale qui ne résoudra pas tous les problèmes simultanément, mais qui créera une dynamique positive. Enfin, Jean-Hervé Lorenzi souligne que « le principal problème aujourd’hui, c’est évidemment notre énorme besoin d’investissement. »

Le rapport Pisani-Ferry souligne l’ampleur de cette question : il faut investir annuellement 66 milliards d’euros uniquement pour la transition énergétique. Cependant, la solution proposée pour le financement n’est pas entièrement satisfaisante. Il faut y ajouter les investissements pour le logement, la formation, la dépendance, etc. Il est estimé que les investissements complémentaires nécessaires pour une croissance soutenue et durable en France s’élèveraient à 4 % du PIB. « Et ce n’est pas en augmentant les impôts que l’on réglera le problème. » conclu l’économiste.

Lire plus : Jean Pisani-Ferry : les incidences économiques de l’action pour le climat

Les nouvelles voies de la politique économique résident dans l’équilibre

Jean-Hervé Lorenzi développe donc sa thèse de la manière suivante : « L’angle d’attaque de toute politique économique doit être d’équilibrer l’investissement et l’épargne. Il faut donc aboutir, par de nouvelles voies, à canaliser l’épargne abondante dans notre pays et la compléter par des flux internationaux vers le système productif français. »

Le Président du Cercle des économistes, centre de réflexion fondé en 1992 et composé de 30 économistes et universitaires, explique que pour y parvenir, deux révolutions sont nécessaires : une révolution dans la gestion du déficit public et une révolution de l’épargne productive.

La première implique une transformation profonde de la fourniture de biens et services publics. Réduire de manière insignifiante les dépenses de chaque ministère ne résoudra pas le problème du montant des dépenses publiques et de la qualité des services fournis. Comme d’autres pays l’ont fait avant nous, nous devons réorganiser l’État. La Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF), soutenue à l’unanimité par les parlementaires, a été une véritable tentative en ce sens. Son principe était de privilégier les objectifs plutôt que les moyens. Cette transformation vise à responsabiliser les équipes en fixant des objectifs à cinq ans, évalués chaque année, permettant ainsi de déterminer le financement nécessaire en fonction des résultats obtenus, tout en préservant les statuts de la fonction publique. Si cette démarche réussit, nous créerons une véritable source de financement.

Cependant, les investissements nécessaires dépassent largement ce que le secteur public peut fournir. Il est donc essentiel de se tourner vers l’épargne privée. La majorité de l’épargne est détenue par des personnes de plus de 60 ans qui sont réticentes à prendre des risques. Étant donné qu’elle est principalement utilisée pour les mécanismes de retraite individuelle, elle ne peut jouer un rôle dans des projets trop risqués. Certains proposent de lancer un grand emprunt public, mais cela est impossible compte tenu de notre niveau d’endettement élevé. De plus, cela serait inapproprié car la plupart des investissements nécessaires sont d’ordre privé et comportent des risques de pertes réels.

Dès lors, Jean-Hervé Lorenzi sort de son chapeau la solution en proposant un dispositif de garanties exceptionnels : le prêt garanti par l’Etat. « C’est là où le PGE donne une solution en offrant une garantie publique sur les prêts consentis, mais il n’en crée en actions que dans le cas de faillite, c’est-à-dire pour quelques pourcents de ces prêts. C’est exactement la même chose qu’il faut faire pour l’investissement. Il faudrait donner une garantie de l’Etat sur le capital et sur un taux de rentabilité faible, mais incitatif, 1 à 2 % en valeur réelle. »

Cela permettrait de mobiliser l’épargne pour financer les investissements nécessaires, et la garantie ne serait activée que pour un faible pourcentage. Cette approche débloquerait la situation sans entraîner une augmentation massive de l’endettement. Ainsi, l’épargne productive contribuerait aux investissements massifs nécessaires à la croissance future. Ce sont là les deux voies nouvelles de politique économique qui évidemment ne peuvent se substituer à toute mesure de politique permettant à une société de fonctionner en harmonie. »

Lire plus : Philippe Aghion : les investissements à faire pour le climat !

Pour conclure, Jean-Hervé Lorenzi propose de nouvelles voies de la politique économique de la France afin de sortir de l’ornière. Ces dernières reposent de manière importante sur de l’épargne privée garantie par l’Etat grâce au PGE.

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Damien Copitet
Je suis étudiant à SKEMA BS après deux années de classe préparatoire au lycée Gaston Berger (Lille). Nous nous retrouvons toutes les semaines pour l'actualité en bref