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La croissance de l’arsenal nucléaire en Asie du Sud

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Grâce à l’aide des Européens, le Pakistan a pu développer sa triade nucléaire en opposition à son ennemi traditionnel indien. L’arme nucléaire étant supposée contrebalancer la domination économique, politique et militaire de l’Inde. En effet, l’arsenal nucléaire Pakistanais serait celui qui s’accroît le plus rapidement au monde. Dans ce contexte houleux, la RPC, ne cesse de développer incessamment son arsenal nucléaire au mépris de son voisin Indien. Les arsenaux combinés de la Chine (350 têtes), de l’Inde (160 têtes) et du Pakistan (165 têtes), bien que modestes par rapport aux normes américaines et russes (plusieurs milliers chacun), dépassent désormais les stocks britanniques et Français en Europe (environ 500 au total). Ces trois pays imitent la pratique Américaine et Russe consistant à disposer d’une « triade nucléaire » : des armes nucléaires pouvant être lancées depuis la terre, l’air et la mer. L’ère nucléaire de l’Asie du Sud, entre-t-elle alors dans une phase plus mature ?

 

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Quelle est l’histoire derrière cette inquiétante croissance de l’arsenal nucléaire en Asie du Sud ?

Pendant la majeure partie des 75 années qui se sont écoulées depuis que l’Inde et le Pakistan sont devenus des États indépendants, les armes nucléaires ont fait planer une ombre sur l’Asie du Sud. La Chine a obtenu la bombe en 1964, deux ans après avoir battu l’Inde lors d’une guerre frontalière, obligeant ainsi les responsables politiques de ce pays à prendre conscience de sa vulnérabilité. Dix ans plus tard, l’Inde a montré qu’elle pouvait elle aussi en fabriquer une en procédant à une explosion démonstrative. Le Pakistan était à un tour de bras dans les années 1980. En 1998, l’Inde et le Pakistan ont procédé à des essais d’armes nucléaires, rendant officiel ce qui était déjà un secret de polichinelle.

Pourtant, à bien des égards, ces trois pays étaient des puissances nucléaires hésitantes. La Chine n’a pas déployé de missile capable de frapper le continent américain avant les années 1980. Lorsque l’Inde et le Pakistan se sont livré une guerre à propos de Kargil, dans la région contestée du Cachemire, au cours de l’été 1999, l’armée de l’air indienne, chargée de livrer les bombes en cas de besoin, n’a pas été informée de leur aspect, de leur nombre ou des cibles sur lesquelles elles pourraient être larguées.

L’arsenal de l’Inde s’est développé lentement, observe un observateur du Carnegie Endowment, puisque cet arsenal reste plus petit que celui du Pakistan – et sa posture nucléaire reste « remarquablement conservatrice ». La comparaison avec les mastodontes nucléaires est instructive. Les États-Unis et la Russie maintiennent tous deux d’énormes arsenaux conçus pour permettre des frappes dites de contre-force, c’est-à-dire des frappes préventives visant les armes nucléaires de l’autre partie afin de limiter les dégâts qu’elles pourraient causer. Cela signifie que leurs arsenaux doivent être importants, sophistiqués et maintenus en état d’alerte.

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Qu’en est-il aujourd’hui de cette croissance de l’arsenal nucléaire en Asie du Sud ?

Il y a maintenant deux pommes de discorde, et les deux concernent la Chine. Selon le Pentagone, l’arsenal de la Chine pourrait passer à 1 000 têtes d’ici 2030, car elle cherche à submerger les défenses antimissiles américaines et à réduire l’écart numérique avec son principal rival. Si cela se concrétise, l’Inde peut craindre que son arsenal, relativement maigre, ne constitue plus une force de dissuasion crédible. Si l’Inde dispose de moins de têtes nucléaires, elle voudra être sûre qu’elles peuvent provoquer des dégâts considérables sur les agglomérations chinoises. Mais le dispositif thermonucléaire que l’Inde a testé en 1998 a été largement considéré comme ayant fait long feu.

Le véritable problème, cependant, n’est pas tant le nombre d’armes que ce que la Chine pourrait en faire. L’Inde s’en sort avec un petit arsenal parce qu’elle est très discrète sur l’emplacement de ses armes nucléaires – la même approche que la Chine a adoptée pendant la majeure partie de son histoire. Pourtant, les améliorations des technologies de surveillance (comme les nouveaux satellites espions), l’intelligence artificielle capable de trouver des modèles dans d’énormes quantités de données et le cyber-espionnage contre les réseaux de commandement et de contrôle nucléaires pourraient un jour percer « le voile de l’opacité », avertit M. Tellis. Cela, combiné à un plus grand nombre de têtes nucléaires et à des missiles plus précis, pourrait permettre à la Chine de « mettre en danger presque tous les sites de stockage nucléaire indiens », condition préalable à la contre-force. 

 

Quelles sont les stratégies adoptées dans cette escalade de l’arsenal nucléaire en Asie du Sud ?

C’est, en partie, pour se prémunir contre une telle rupture déstabilisante que l’Inde a décidé de cacher ses armes nucléaires dans l’Océan Indien. Son premier sous-marin à armement nucléaire, l’Arihant, a commencé ses patrouilles en 2018. Un autre, l’Arighat, subit des essais en mer. Deux autres sont en cours de construction. Mais M. Tellis doute que l’Inde, malgré l’aide importante de la Russie, ait pu construire un réacteur nucléaire naval suffisamment compact et puissant pour des séjours prolongés en mer, et un navire suffisamment silencieux pour ne pas être détecté.

La tendance générale est qu’une course aux armements est en cours : les Etats-Unis et la Russie abandonnent le contrôle des armements ; la Chine s’empresse de rattraper l’Amérique ; l’Inde poursuit la Chine ; le Pakistan suit. La réalité est plus complexe, insiste M. Tellis. La Chine a également un œil sur l’Inde. L’Inde accorde de plus en plus d’attention à la Chine qu’au Pakistan. Et le Pakistan – en particulier sa puissante armée – suit sa propre voie, son programme étant « de moins en moins motivé par ce que l’Inde fait réellement » et de plus en plus par l’idée qu’il se fait des capacités de l’Inde. 

 

Conclusion

Pour conclure, l’avenir nucléaire de l’Asie du Sud dépendra de la capacité du conservatisme nucléaire à résister aux pressions de la politique de puissance et aux tentations de la technologie. L’orientation de l’arsenal chinois ne pousse clairement pas à l’optimisme.

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