Tout d’abord, il convient de définir la globalisation financière.
Dans Finance internationale (1992), Henri BOURGUINAT définit la globalisation financière comme « le processus de mise en communication de plus en plus poussé des marchés nationaux de capitaux qui conduit à un marché financier mondial en voie d’unification croissante ».
Celle-ci connaît un immense essor à partir des années 1980, pour le meilleur comme pour le pire.
Alors, la finance globalisée est-elle un volcan mal éteint dont il faut à tout prix se prémunir ou une force qui pourrait être mise durablement au service de la croissance ?
ATTENTION à ne pas tomber dans 2 écueils : il ne faut pas renier purement et simplement la globalisation financière car celle-ci est indispensable au financement de l’économie mais il ne faut pas non plus l’encenser car elle est également à l’origine de nombreux déséquilibres.
1) De l’optimisation de la finance internationale
La globalisation financière améliore l’environnement financier international car elle permet de faire circuler le capital librement et donc de l’allouer plus efficacement. On rejoint ici l’idée d’Adam SMITH selon laquelle plus un la taille d’un marché est importante, plus ce marché est efficient. Dès lors, la globalisation financière améliore l’efficience des marchés de capitaux.
Elle soumet également les États à un examen financier international. Elle contraint donc les États à gérer leurs finances en « bon père de famille ».
La globalisation financière améliore également les institutions des pays en voie de développement, selon une étude menée en 2007 par le FMI car les pays en développement doivent se doter de meilleures institutions pour attirer des capitaux et se développer encore davantage.
Ces arguments se basent sur l’hypothèse de l’efficience des marchés financiers. En 1970 dans Efficient Capital Markets, Eugène FAMA explique en effet que les marchés financiers sont efficients puisque les prix des actifs financiers reflètent la totalité de l’information portant sur le support de l’actif financier. Autrement dit, les marchés financiers sont efficients car ils reflètent les fondamentaux de l’économie.
Cette hypothèse est néanmoins contestable dans la mesure où il existe des imperfections sur les marchés financiers comme par exemple des asymétries d’informations. Dès lors, les marchés financiers ne peuvent pas être efficients (cf la métaphore du concours de beauté dans le chapitre 12 de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaiede KEYNES paru en 1936).
Il faut donc s’intéresser aux vices des marchés financiers.
2)Les effets pervers de la globalisation financière
Tout d’abord, la globalisation engendre une autonomie croissante des mouvements de capitaux. Dès lors, les décisions politiques des Gouvernements sont soumises à l’approbation des marchés financierset des agences de notation notamment. Cela pose la question de la souveraineté nationale démocratique et de l’autonomie de la politique économique des États : les marchés financiers dominent aujourd’hui les États.
La globalisation financière a aussi engendré des mouvements spéculatifs sans précédents car la spéculation est une fonction croissante de la taille des marchés financiers de sorte qu’il y a une déconnexion entre l’économie réelle et la sphère financière. Aujourd’hui, en effet, les échanges de capitaux sur les marchés financiers permettraient de financier l’ensemble du commerce international annuel en seulement 3 jours : les échanges sur les marchés financiers sont donc uniquement spéculatifs 362 jours par an. Comme le souligne KEYNES, « le risque d’une prédominance de la spéculation tend à grandir à mesure que l’organisation des marchés financiers progresse ». La globalisation financière outrancière peut donc conduire à la formation de bulles spéculatives.
Enfin, la globalisation financière augmente le risque que surgisse une crise : on observe, en effet, qu’il y a eu depuis les années 70 une accélération des crises financières : du krach boursier de 1987 à la crise de la livre sterling en 1982 en passant par la crise asiatique de 1997 ou la bulle spéculative de 2001, les crises sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses en raison de la prédominance de la globalisation financière.