Misterprepa

L’actualité en bref #09 – Semaine du 11 au 17 mai 2020

Sommaire
rapport de jury grenoble em 2020

L’actualité en bref #09 – Semaine du 11 au 17 mai 2020

Cette semaine l’actu en bref vous présente 4 faits d’éco et 4 de géopo qui ont rythmé l’actualité internationale la semaine dernière.

En complément, nous vous proposons un Focus sur les Émirats arabes unis, ce petit État du golfe souvent éclipsé ses deux voisins, le Qatar et et l’Arabie Saoudite, il devrait être connu de tous, ECE et ECS. C’est pourquoi nous vous proposons un focus sur son économie et sur sa politique militaire étrangère.       

     

L’économie en bref

Découvrez l’économie de la semaine !

 

1) Avec le covid-19, un retour du « dollar as good as gold » :

Face à la crise actuelle et aux difficultés que rencontrent de nombreux pays pour se refinancer en dollars, le FMI et la Réserve fédérale américaine (FED), ont mis en place une politique expansionniste afin d’injecter davantage de dollars dans l’économie mondiale via un programme de facilité de prêts en dollars aux pays émergents. Certains ont pu en bénéficier comme le Brésil, le Mexique ou la Corée du Sud mais beaucoup d’autres souffrent d’un manque de dollars à court terme. C’est par exemple le cas des pays africains ou de la Turquie. Or de nombreux pays doivent rembourser leurs dettes en dollars. Pour s’en fournir il faut exporter des produits en échange de devises en dollars mais à l’heure actuelle les exportations ont chuté et de nombreux pays se retrouve dans l’obligation de puiser dans leurs réserves de devises et beaucoup pourraient faire défaut de paiement par manque de devise. Ainsi, cette année, la Turquie doit rembourser 22.7 milliards de dollars d’obligations souveraines et d’entreprises et l’Argentine, 20.8 milliards. De plus, de nombreux pays auraient besoin d’emprunter sur les marchés financier internationaux afin de soutenir puis de relancer leur économies.

« As good as gold » : pénurie du dollar rare dans les années 50 après l’instauration du système monétaire Bretton Woods par les USA.

 

2) Air Canada licencie la moitié de ses employés :

En raison de la paralysie du monde engendrée par la crise sanitaire, de nombreuses compagnies sont au bord du dépôt de bilan. En avril, la compagnie low cost Norwegian annonçait la faillite de quatre de ses filiales entrainant le licenciement de 4700 employés. Le 15 mai, c’est au tour de la compagnie canadienne d’annoncer un vaste plan social prévoyant le licenciement  de 50 et 60% de ses salariés soit environ 19 000 personnes, en raison d’une baisse de 95% de son activité.

Selon l’Association du transport aérien international, le coût pour les compagnies est estimé à 252 milliards de dollars et 25 millions d’emplois sont menacé dont 5.6 en Europe.

 

3)Macron et Merkel annonce un plan de relance européen conjoint de 500 milliards d’euros :

Après deux semaines de discussions, Macron et Merkel ont annoncé lors d’une conférence de presse lundi 18 mai, un plan de relance européen qui prévoit que la Commission s’endette à hauteur de 500 milliards d’euros afin de transférer cet argent aux Etats et aux secteurs les plus touchés par la pandémie. Même si l’accord doit être validé par les 27 Etats membres dont les pays scandinaves et les Pays-Bas qui ne veulent pas d’une relance conjointe, il s’agit d’un accord historique de par son ampleur et par un endettement commun des Etats européen (mutualisation des dettes). L’Allemagne s’y était jusque-là opposée. Pour autant, il ne s’agit pas d’un transfert sans contreparties mais d’un prêt qui devra être remboursé par les Etats membres qui en bénéficieront.

 

4) Les plans d’aides des Etats européens sont-ils conformes à la libre concurrence ?

La compagnie aérienne Ryanair compte saisir la justice européenne au nom de la libre concurrence, afin de dénoncer les aides promises par plusieurs Etats européens à leurs compagnies aériennes nationales. La compagnie a déjà déposé deux plaintes auprès de la Commission européenne dont une contre la France afin de dénoncer son plan de report d’impôts pour ses compagnies aériennes. Étant donné qu’il ne s’applique qu’aux compagnies françaises, le PDG de Ryanair y voit une violation des règles du marché unique (les règles doivent s’appliquer à tous sans distinction nationale). La Commission a finalement jugé ce plan « justifié ».

Pour autant, la compagnie pourrait recourir aux tribunaux d’arbitrages internationaux qui sont chargés de régler les différends entre les grandes entreprises et les Etats afin de promouvoir le libre-échange mais qui sont décriés car les arbitres qui y siègent sont souvent des experts rémunérés par ces mêmes entreprises.

PS : cette notion « d’arbitrage international » peut être très utile pour faire la différence dans le cadre d’une dissertation sur la concurrence, n’hésitez pas à faire des recherches afin de bien la maîtriser car les profs n’en parlent pas toujours.

 

Focus : Les Émirat arabes unis, élève modèle de l’après-pétrole ?

Les Émirat arabes unis sont une fédération d’émirats située sur le côté méridionale du golfe persique. La découverte des hydrocarbures (pétrole et gaz) dont l’exploitation commence en 1962, révolutionne son économie et en fait une puissance régionale. Elle est aujourd’hui la 30ème puissance économique. Ses réserves de pétroles représentent 6% des réserves mondiales et 3.3% pour celles de gaz. Même s’ils devraient être en mesure d’assurer à ce rythme plusieurs décennies de production, les Émirats diversifient leur économie depuis plusieurs années. Ainsi la part des hydrocarbures tend à se réduire. Elles représentent moins de 30% du PIB. Les autres secteurs moteurs sont la finance/assurance, le commerce/tourisme, l’industrie manufacturière et le BTP. Ils bénéficient d’atouts tels une main-d’œuvre bon marché, une énergie peu onéreuse, une fiscalité quasi-nulle, la qualité des infrastructures et du réseau financier.

Les Émirats arabes unis sont un des rares pays pétroliers (avec le Qatar) à réellement anticiper l’après-hydrocarbures en cherchant de nouvelles ressources économiques afin de réduire leur dépendance aux hydrocarbures. Chose rare, ils misent notamment sur l’industrie du savoir comme la pharmaceutique ou l’aérospatiale avec l’implantation d’une usine dans la cadre d’un projet visant à construire des zones industrielles à thèmes afin d’attirer les investisseurs internationaux. De même, une partie des revenus issus de la production d’hydrocarbures va être investie afin de développer le secteur des énergies renouvelables en partenariat avec des entreprises étrangères comme EDF.

La projet de ville éco-responsable de Masdar est le symbole de cette transition. Elle devrait à termes abriter 40 000 résidences et 1500 sociétés spécialisées dans les énergies propres. Parallèlement, une usine est en construction afin de produire des cellules photovoltaïques. Les Émirats se sont fixés comme objectif d’atteindre 24% d’énergie décarbonée dans son mix énergétique en 2021 et 100% en 2050 grâce à la mise en service de 4 réacteur nucléaires d’une puissance de 4 gigawatts. Ainsi, la première centrale nucléaire du monde arabe devrait bientôt voir le jour. Elle couvrira 25% des besoins électriques du pays. Ils parient également sur le solaire qui devrait atteindre 7% du mix énergétique en 2021 et une usine de désalinisation fonctionnant au solaire est en cours de construction.

Côté financier, les Émirats comptent faire de Dubaï la première place financière du Moyen Orient. 218 entreprises du secteur financier sont déjà présentex dans le Centre financier mondial de Dubaï. Ils disposent également de 8 fonds souverains dont celui d’Abu Dhabi qui est le deuxième fonds de la planète derrière le norvégien avec aux alentours de 800 milliards d’actifs soit 180% du PIB des Émirats.

La géopolitique en bref

Attaquons maintenant la géopolitique de la semaine !

 

1) Qu’est-ce que «L’obamagate » :

Depuis le 10 mai le président Trump se déchaîne sur les réseaux sociaux afin de dénoncer « le crime politique le plus grave de l’histoire américaine » de l’ancien président Obama. Il accuse son prédécesseur d’avoir « piégé » le général Michael Flynn dans le cadre de l’enquête sur le Russie, avec le complicité du FBI. Pour autant, ses accusions restent vagues et sans preuves concrètes. Elles se fondent principalement sur un meeting ayant eu lieu à la Maison Blanche en janvier 2017 entre Barack Obama, le patron du FBI James Comey, Joe Biden et la ministre de la justice Sally Yates lors duquel une rencontre entre le général Flynn et l’ambassadeur russe aurait été abordée. Barack Obama aurait alors cherché à connaître les motivations de Flynn en l’interrogeant et non à la piéger.

 

2) « Le coronavirus fait monter les tensions entre la Chine et Taiwan » :

Depuis plusieurs mois Pékin multiplie ses provocations à l’encontre de l’île de Taiwan qu’elle considère comme une province chinoise rebelle depuis 1949 et qui devrait revenir sous son autorité. Sur fond de crise sanitaire, une bataille diplomatique s’est engagée au sein de l’OMS entre Le République populaire de Chine et Taïwan (providence de la République de Chine). Constatant une gestion exemplaire face au covid-19 de nombreux Etat dont les USA, la France et L’Allemagne appellent l’OMS à lui conférer un statut d’observateur ce que refuse catégoriquement Pékin. Depuis l’élection de l’actuelle présidente taïwanaise Tsai Ing-wen qui est hostile à un rapprochement avec le Chine, Pékin s’applique à exclure l’île des instances internationales afin de l’isoler diplomatiquement. Taïwan peut néanmoins compter sur le soutien des Etats-Unis qui qualifient le report de toute décision « d’exclusion » qui porte « atteinte à la crédibilité » de l’agence. Le 14 avril dernier, Donald Trump avait déjà annoncé la suspension de la contribution financière américain à l’OMS soit une perte de 12% de son budget.

Statut particulier de Taiwan : Taiwan dispose d’un statut très particulier car elle n’est pas reconnue officiellement par la communauté internationale et elle reste une province de la République de Chine qui a depuis été remplacée par le République populaire de Chine. Taiwan fait donc partie d’un Etat qui sur le papier n’existe plus. De plus,  l’île a été exclue de l’ONU lorsque la République de Chine l’a été au profit de la république populaire de Chine.

 

3) Arrestation d’un génocidaire rwandais en France :

L’ancien homme d’affaire rwandais Félicien Kabuga, l’un des principaux responsables du génocide rwandais vient d’être arrêté en France après 22 ans de cavale. Il se trouvait dans les Hauts-de-Seine où il vivait depuis plusieurs années sous une fausse identité. Il était l’un des derniers responsables du génocide à être en liberté et en vie. Il est considéré comme le « financier du génocide » en tant que grand argentier. Rappelons que selon l’ONU le génocide des Tutsi fît au moins 800 000 morts entre avril et juillet 1994 sur une population de 7 millions à l’époque. Question sensible en France, en avril 2019, le président Macron avait annoncé l’ouverture des archives militaires concernant le Rwanda entre 1990 et 1994 à une commission d’historiens et un renforcement des moyens judiciaires afin de retrouver et de juger les génocidaires se trouvant en France.

 

4) Bras de fer entre La France et Pékin sur Taïwan :

Suite à la signature d’un contrat d’armement d’un montant de 25 millions d’euros entre la France et Taïwan, la Chine a menacé mercredi 13 mai la France de représailles en l’exhortant d’annuler cette vente. En réponse, le Quai d’Orsay a invité Pékin à se concentrer sur ses problèmes internes et notamment à la lutte contre le covid-19. En d’autres termes, l’ingérence de la Chine n’est en rien justifiée. Le contrat porte sur des lanceurs de leurres anti-missiles qui sont destiné aux frégates françaises vendues à Taïwan en 1991 (montant de 2 milliards d’euros). A l’époque cette vente  a fait grand bruit en provoquant une glaciation des relation sino-françaises. Pour autant, à l’heure actuelle la Chine ne peut se permettre de critiquer la France car elle est déjà vivement critiquée par de nombreux pays pour sa gestion de la crise sanitaire et en cas de représailles chinoises, les représailles européennes suivies certainement de celles de Donald Trump pourraient être bien plus violentes d’autant plus que l’économie chinoise est très affaiblies.  

 

Focus : « Les guerres perdues des Émirats arabes unis »

Les Émirats arabes unis sont le 4ème importateur mondial d’armement sur la période 2011-2015. L’homme fort de l’émirat, Mohammed Ben Zayed (MBZ) est un féru d’armement et souhaite faire de son émirat une puissance régionale incontournable tant sur le plan diplomatique que militaire. Ses deux axes de batailles sont la lutte contre le rival iranien et le mouvement politique des Frères musulmans. Néanmoins, cette ligne militariste est mise en échec sur ses deux théâtres d’opération : le Yémen et la Lybie qui n’ont abouti sur aucune victoire. 

Au Yémen les Émirats mènent une opération militaire conjointe avec l’Arabie Saoudite depuis mars 2015 contre les rebelles Houthis, des insurgés chiites pro-iraniens qui combattent le gouvernement reconnu par l’Onu et proclamé l’indépendance du nord du pays. Engagés au sol et ayant fortement contribué à la reprise d’Aden (la deuxième ville du pays), les Émirats ont perdu 45 soldats et ils ont dépensé d’importantes sommes afin d’engager des mercenaires notamment venus du Soudan. Néanmoins, cette opération est un échec. Même si les rebelles ont été contenus dans le nord du pays, ils détiennent la capitale Sanaa. De plus, en soutenant les séparatistes du sud, les Émirat ont fragilisé le président Hadi (voir l’actu en bref 8). Enfin, ils ont préféré collaborer avec des milices salafistes plutôt que de s’allier au frères musulmans, également présents dans la région. Fin 2019, les Émirats ont finalement accepté un cessez-le-feu avant de retirer leurs troupes début 2020.

En Libye, les Émirats participent par force interposée à la troisième guerre civile. La première éclate en 2011 et son aboutissement est le renversement et la mort du dictateur Kadhafi. S’en suit une deuxième guerre civile entre différentes milices dont celle du maréchal Haftar à la tête de l’Armée nationale libyenne et le gouvernement reconnu par l’ONU et basé dans la capital Tripoli. Mohammed Ben Zayed décide de soutenir Haftar voyant en lui le meilleur rempart contre l’expansion des Frères musulmans et de leurs parrains (Turquie et Qatar). Au mépris de l’embargo sur les armes décrété par l’ONU, les Émirats n’ont pas hésité à livrer des armes à Haftar. En 2019, Haftar décide de lancer une nouvelle offensive afin de s’emparer de la capitale. Il est appuyé par les Émirats ainsi que la Russie, l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Néanmoins, l’engagement croissant de la Turquie aux côtés du gouvernement de Tripoli fragilise de plus en plus les positions d’Haftar.

Plus que des défaites, ces deux conflits constituent l’aveu d’un échec pour les monarchies du Golfe (Arabie Saoudite, Émirats arabes unies, Qatar) dans leur stratégie de déploiement militaire et d’ingérence.

 

 

Newsletter
Picture of Thomas Tropes
Thomas Tropes
Étudiant à emlyon business school après une prépa ECE au Lycée Montaigne (Bordeaux) et passionné de géopolitique, je suis chargé de « l’actualité en bref » pour vous permettre de mieux décrypter les enjeux contemporains.
Vous pourriez aussi amer