Le problème de la natalité en Espagne

Avec un taux de fécondité de 1.26, l’Espagne est depuis déjà plusieurs années, le pays européen avec la plus faible natalité. Bien que le surpeuplement soit aujourd’hui présenté comme un problème écologique, cet indicateur n’est pas forcément une bonne nouvelle d’un point de vue économique pour nos voisins du sud et appelle à trouver des solutions rapidement.

 

Quelles sont les sources du problème ?

Les explications présentées à l’heure actuelle sont de nature conjoncturelle mais l’aspect structurel n’est pas pour autant négligeable.

Traditionnellement, l’émancipation des jeunes espagnols est relativement tardive car elle ne se fait pas avant 30 ans. Ainsi, les jeunes qui quittent le domicile familial à cet âge conçoivent leur premier enfant plus tard que ne l’auraient fait leurs parents à leur époque. De plus, la fertilité baisse irrémédiablement avec l’âge ce qui a donc pour conséquence de réduire à terme le nombre d’enfants par femme des générations actuelles. Néanmoins, depuis la crise de 2008, cette tradition tend peu à peu à disparaître.

Toutefois, la première étape avant de quitter la maison est de trouver un logement. Or, actuellement l’Espagne traverse une crise des loyers. Depuis la pandémie, les prix des loyers n’ont cessé d’augmenter entraînant des vagues de protestations. De plus, aujourd’hui avec la forte inflation qui touche tous les pays européens, les politiques ont tendance à favoriser l’augmentation des loyers pour soulager les petits propriétaires. Toujours est-il qu’il est donc difficile pour les jeunes espagnols de trouver un logement à un prix abordable.

Par ailleurs, les jeunes espagnols ont du mal à trouver un emploi. En effet, on estime que 30% des moins de 25 ans étaient au chômage en 2021. Si ces jeunes ne sont pas au chômage, la stabilité de leur emploi n’est pas pour autant garantie puisque, depuis la crise du covid, on observe également un nombre record de CDD. Ainsi, le peu de confiance en leur avenir professionnel et les perspectives économiques futures n’incitent pas les jeunes à se lancer dans le projet de fonder une famille.

De plus, la pandémie du Covid-19 a soulevé des problèmes qui n’existaient pas auparavant. Certains parents ont connu la difficulté de télétravailler, s’occuper des enfants et tenir le logement en même temps ce qui a poussé certains à renoncer au projet d’agrandissement de la famille.

 

Pourquoi une faible natalité est-elle dangereuse pour l’économie ?

Nous pouvons citer deux risques majeurs liés à cette baisse de la natalité.

Premièrement, la question de savoir qui va payer les retraites va très vite se poser. Si le nombre de naissances diminue aujourd’hui, c’est inévitablement le nombre d’actifs qui baissera dans 20 ans. Or, un déséquilibre actifs/inactifs aura pour conséquence de peser davantage sur une génération qui connaît déjà beaucoup de difficultés.

Deuxièmement, les conséquences d’une société vieillissante sur la structure de l’économie sont irréversibles. Une augmentation du nombre de personnes âgées va conduire à une augmentation des constructions d’infrastructures comme les maisons de retraite au détriment d’écoles par exemple. Le journal El País écrivait en juin dernier, que l’Espagne était en train de devenir la Floride d’Europe avec de plus en plus de résidences pour personnes âgées autonomes, notamment sur les côtes. Aujourd’hui, c’est 20% de la population espagnole qui est âgée de plus de 65 ans. La part des personnes âgées est donc en train d’augmenter et l’économie s’y adapte puisque c’est 38% de l’emploi qui est mobilisé pour répondre à leur demande. L’Espagne risque donc à terme de se retrouver avec un système de production essentiellement adapté aux personnes âgées et donc peu réutilisable pour la génération suivante de retraités qui seront donc moins nombreux.

 

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Les solutions proposées ou envisagées

En ce moment, le gouvernement espagnol ne prévoit aucune mesure significative pour encourager la natalité. Néanmoins, certains gouvernements régionaux et en particulier celui de Madrid ont pris la décision de faire changer les choses. Ainsi, en janvier 2022, la présidente de la communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso a présenté un plan de fertilité ambitieux. Son objectif : 20 000 naissances supplémentaires chaque année sur le territoire madrilène. Pour mener à bien son projet elle prévoit plusieurs mesures. Tout d’abord, venir en aide aux jeunes mères de moins de 30 ans en leur accordant une indemnité de 500€ par mois jusqu’au deux ans de l’enfant sous condition de ressources (toucher moins de 30 000€ par an) . Ensuite, faciliter le recours à l’insémination artificielle pour les femmes âgées de 40 à 45 ans. Elle prévoit également de créer El Banco Madrileño de Ovocitos, une banque d’ovocytes pour inciter à la donation d’ovocytes. En tout, c’est un plan détaillé contenant plus de 80 mesures et fort d’un budget de 4 500 millions d’euros qui a été établi par la présidente madrilène.

Face à l’inaction du gouvernement national, certains partis ont exprimé leur opinion et pensent que l’immigration peut être une solution au problème. En effet, selon eux, les jeunes migrants surtout en provenance du Maroc pourraient venir grossir les rangs de la prochaine génération d’actifs.

 

Conclusion

Même si la natalité espagnole manque de dynamisme, tout espoir n’est pas perdu puisque certains politiques ont décidé de prendre les choses en main.

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