Depuis l’arrivée de Donald TRUMP au pouvoir, la doctrine du « America First » est revenue sur le devant de la scène. Ainsi, les débats sur le protectionnisme et le libre-échange sont plus que jamais d’actualité d’autant plus que la crise du coronavirus a engendré une fermeture des frontières sans précédent.
1) Définition
Le protectionnisme correspond à l’ensemble des mesures prises par un État pour limiter l’accès des producteurs étrangers au marché domestique.
Il peut être de 2 formes :
- Protectionnisme tarifaire qui correspond à des droits de douane (tarifs Méline introduits en France en 1892 par exemple)
- Protectionnisme non-tarifaire.
Le protectionnisme non-tarifaire peut être de plusieurs formes :
- Quotas qui limitent la quantité de produits importés
- Réglementations mises en place par un État (interdiction du bœuf aux hormones dans l’Union Européenne par exemple)
- Subventions à l’exportation (subvention chinoise sur Huawei par exemple)
- Dévaluation monétaire (dévaluation de la livre sterling en 1931 par exemple)
- Réserver le marché public aux entreprises du pays.
Le protectionnisme est souvent critiqué, à juste titre, car il engendre une perte de bien-être global. En effet, même s’il favorise les producteurs, il défavorise les consommateurs ce qui correspond donc bien à une perte de bien-être global puisqu’il y a plus de consommateurs que de producteurs. Les mesures protectionnistes sont donc le plus souvent néfastes pour l’économie du pays qui les met en place.
Ainsi, comme l’affirme Vilfredo PARETO dans son Manuel d’économie politique(1909) que « Une mesure protectionniste procure de gros bénéfices à un petit nombre d’individus et cause à un très grand nombre de consommateurs de légers dommages ».
2) Justifications du protectionnisme
Cependant, un comportement protectionniste peut se justifier et être économiquement intéressant pour un pays dans certaines circonstances que nous allons énumérer ci-dessous.
Tout d’abord, lorsqu’un pays connait une dégradation structurelle de ces termes de l’échange, il est en proie à ce que BHAGWATI appelle une « croissance appauvrissante »c’est-à-dire qu’il doit exporter toujours davantage pour importer la même chose. Dès lors, lorsque le libre-échange appauvrit le pays car il est inégalitaire, le protectionnisme est justifié et même préférable pour ce pays.
Dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie(1936), KEYNES affirme que le protectionnisme peut être un outil de relance économique car le multiplicateur d’investissement keynésien est plus élevé en économie fermée qu’en économie ouverte car il vaut en économie fermée et en économie ouverte. Ainsi, lorsqu’un pays veut mener une politique de relance keynésienne, le protectionnisme peut être préférable pour lui.
Le protectionnisme peut également être justifié dans le cadre d’une mesure de sauvegardepour les secteurs qui périraient s’ils entraient en concurrence avec l’extérieur.
Le protectionnisme éducateur tel que défini par Friedrich LIST dans Système national d’économie politique (1841) est également justifiable car LIST considère que certaines industries doivent être protégées à leurs débuts pour pouvoir se développer suffisamment à l’abri de la concurrence avant d’arriver sur le marché mondial. « Le protectionnisme est notre voie, le libre-échange notre but ». Friedrich LIST. Enfin, le protectionnisme est justifié lorsqu’il porte sur des industries qui engendrent des externalités positives sur l’économie du pays. Ainsi, Paul KRUGMAN préconise la mise en place de politiques commerciales stratégiques qui visent à subventionner des secteurs à fortes externalités positives (l’Union Européenne crée par exemple des consortiums comme Airbus).