Les agences de notation : à quoi ça sert ?
Tout d’abord, il faut savoir que les agences de notation sont des entreprises privées à but très lucratif, elles réalisent des marges importantes (30% à 40% de leur chiffre d’affaires) ce qui permet d’assurer largement leur pérennité.
Lorsqu’un emprunt est effectué qu’il soit public ou privé, ce sont les agences de notation qui vont s’occuper d’attribuer une note sur la capacité de l’emprunteur à rembourser sa dette. Elles vont donc évaluer le risque de l’emprunt. Leur avis ou plutôt leur note est extrêmement importante car elle va impacter le coût de l’emprunt. Prenons un exemple, si je veux emprunter 100€ mais que l’agence de notation m’attribue une mauvaise note car en regardant mes antécédents, elle sait que je suis un mauvais payeur, alors il me sera difficile de trouver un créancier qui accepte de me prêter son argent. De plus, en voyant cette mauvaise note, le créancier va me dire qu’il prend des risques donc il va naturellement exiger des taux d’intérêt élevés et ainsi mon emprunt me reviendra plus cher. On comprend bien, ici, l’importance du rôle des agences de notation qui est décisif sur le coût de l’emprunt.
Quelles sont les notations ?
En ce qui concerne les notes, le système est assez simple, cela va du triple A (AAA) au D.
Le « triple A » signifie un titre relativement sûr, quand le D, lui, indique un défaut de paiement constaté ou du moins proche. En revanche, les agences de notation sont libres de noter les entreprises comme elles le souhaitent, dans le sens où certaines seront plus indulgentes que d’autres lors de l’attribution d’une note.
Quelles sont les principales agences de notation ?
Les agences de notation ont émergé dans les années 1920 et sont devenues très nombreuses principalement à cause des crises qui se sont succédé tout au long du 20ème siècle. En effet, les investisseurs avaient de plus en plus peur de confier leur argent d’où la nécessité d’avoir des entreprises spécialisées pour évaluer ce risque. Aujourd’hui, même si le marché est conséquent, trois entreprises se partagent le marché mondial, on les appelle les « big three ». Les trois heureuses élues sont Moody’s, Fitch et Standard & Poor’s (S&P).
De plus, derrière ces entreprises, on y trouve de célèbres actionnaires : le célèbre milliardaire Warren Buffet pour Moody’s, Hearst et Ladreit pour Fitch ou encore McGraw-Hill pour S&P. Avec de tels noms parmi les siens, on comprend vite que l’activité de ces entreprises est très rémunératrice.
Les États sont-ils concernés par les notations ?
Oui, les entreprises ne sont pas les seules à se voir attribuer une note, les États également, ce qui induit une part de jugement sur les politiques économiques menées par les pays. Pour ces derniers, la note est capitale car elle définira le taux d’intérêt lorsque l’État empruntera sur le marché et donc influencera directement sa dette. Ainsi, nous voyons comment des entreprises (les agences de notation) peuvent être décisionnaire sur le futur économique d’un État.
Pourquoi les agences de notation sont mal vues ?
Par le passé, les agences de notation ont fait de graves erreurs de notation, en notant correctement des entreprises qui dans la même année ont fait faillite. Ce fût le cas de l’entreprise Enron en 2001 et de Parmalat en 2003, mais les agences pour se défendre les ont accusés d’avoir truqué les comptes.
Par la suite, ça ne s’est pas arrangé pour les agences car elles ont été tenues en partie responsables de la grande crise des Subprimes en 2007 (Tout comprendre sur la crise des Subprimes). En effet, elles notaient en triple A des titres et des paniers de titres alors qu’il s’agissait de titres très toxiques, qu’on a qualifié de « subprimes » une fois que la crise s’est avérée. Aujourd’hui, le problème étant que dans un but de redorer leur image, les agences de notation sont devenues trop sévères et ainsi n’hésitent pas à enlever le triple A à des pays comme les États-Unis ou la France. Les États se retrouvent donc soumis en quelque sorte aux agences de notation qui alourdissent indirectement les dettes souveraines et alimentent le caractère procyclique de l’économie.
Quelles mesures ont été prises pour y remédier ?
Pour éviter les erreurs commises, comme en 2011 lorsque S&P a dégradé la note américaine à la suite d’une erreur de 2000 milliards de dollars sur la dette américaine, le Parlement européen a mis en place de nouvelles règles en 2013.
- Limitation des notations des États à raison de 3 par an
- Création d’un régime de responsabilité civile pour sanctionner les agences
- Création d’un département de contrôle des conflits d’intérêts entre agences et États
Malgré ces mesures prises par le Parlement européen, les agences de notation font encore la pluie et le beau temps sur les marchés économiques que cela soit pour les entreprises ou pour les États, et continuent de réaliser des marges très élevées aux frais des souscripteurs.
A retenir :
Acteurs décisionnaires : Les agences de notation
Leur mission : Évaluer le risque
Les notes : Du AAA au D
Big Three : Moody’s, Fitch, et S&P
Les contestations : Problème de légitimité à noter des États
Nombre de mesures prises : Trois en 2013 par le Parlement européen