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Les concepts essentiels chez Bourdieu

Sommaire

Pour aborder les travaux de Bourdieu et plus globalement ceux de nombreux sociologues qui l’ont suivi, bien comprendre les principaux concepts et outils sociologiques (habitus, champ, espace social…) élaborés par Bourdieu est essentiel.

 

Les classes sociales

Bourdieu est un constructiviste (autrement dit, il n’est pas un nominaliste, ni réaliste) : les classes sociales n’existent pas a priori, mais a postériori par un acte de reconstruction. Elles rassemblent des agents sociaux occupant des positions voisines dans l’espace social et que certaines circonstances ont conduit à se réunir. Mais les classes sociales sur papier ne correspondent pas au groupe existant. C’est pourquoi il faut éviter d’essentialiser les groupes et de les opposer.

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L’habitus

L’habitus est un « système de dispositions réglées », une manière d’être, une disposition de l’esprit structuré par la socialisation primaire (processus par lequel l’enfant, puis l’adolescent, intériorisent des éléments de la culture de l’environnement qui l’entoure) et secondaire (même processus à l’âge adulte). L’habitus permet à l’individu de se mouvoir dans le monde social et de l’interpréter d’une manière à la fois propre à lui et commune à son milieu social.

 

L’espace social

On parle d’espace social car les propriétés sociales n’existent pas par elles-mêmes mais en relation avec les autres. Autrement dit, il y a une dimension relationnelle dans le découpage de la société en classes sociales.  Dans La distinction (1979), Bourdieu élabore un espace social en trois dimensions (de nombreux schémas sur internet vous aideront à mieux comprendre ce concept) :

  1. Les volumes des capitaux (à la verticale) montrent la hiérarchie sociale entre les agents;
  2. La structure des capitaux (à l’horizontal) met en lumière les différences entre les groupes;
  3. La trajectoire qui peut être ascendante ou descendante.

Les capitaux

Le capital social est la surface sociale mobilisable par l’agent (ses relations, son réseau).

Le capital économique correspond aux revenus et patrimoine de l’agent.

Le capital culturel est le capital institutionalisé (par le diplôme notamment), objectivé (avoir une bibliothèque chez soi), intériorisé (intérêt pour l’art transmis par la famille par exemple).

La distinction

Les groupes qui ont une domination du capital économique dans la structure du capital ne vont pas avoir les mêmes goûts, les mêmes opinions (les mêmes rapports aux politiques fiscales par exemple), que les groupes dominants. Ainsi, les individus d’un même milieu ont plus de chance d’avoir des points communs. Ces points communs partagés favorisent le rassemblement de ces individus, ce qui peut mener à l’émergence d’une classe.

Toutefois, les individus d’une même classe ne sont pas tous identiques. C’est pourquoi Bourdieu montre qu’une « distinction » entre les individus d’une même classe sociale est possible grâce à la structure des capitaux. Il est en effet difficile de parler de « classe supérieure », « classe moyenne » ou de « classe populaire » car il existe des divisions internes au sein d’une même classe (dues au divers styles de vie, pratiques sociales et valeurs), la classe n’étant formée que par le capital global (à la verticale).

Inversement, des individus de deux classes différentes ou ayant un capital global différent peuvent parfois effectuer les mêmes choix. Bourdieu parle d’homologie structurale quand deux individus situés à des niveaux différents sur l’axe vertical peuvent dans certaines situations effectuer les mêmes choix.

Enfin, il faut noter que le capital peut se convertir. Par exemple, le capital économique peut se convertir en capital culturel (se payer des places pour voir une pièce de théâtre).

Le champ

Bourdieu utilise la notion de champ pour dépeindre l’autonomisation graduelle de domaines d’activités dans la société (champ politique, scientifique, littéraire, économique, etc.).

D’autre part, Bourdieu emploie la notion de champ du pouvoir pour décrire l’espace dans lequel on trouve ceux qui occupent des positions élevées dans l’espace social mais qui sont issus de milieux sociaux différents. Cet outil permet une observation empirique (par exemple, regarder les rivalités entre les groupes et internes).

La perception de sa position sociale

La causalité globale correspond à la perception de l’avenir qui s’élabore au fur et à mesure du parcours individuel, à une évaluation progressive des chances réelles d’accès à une certaine position sociale : c’est donc un point de vue lié à la position sociale présente et à sa pente. Si un individu a l’impression que la mobilité sociale de son groupe est forte, il aura davantage tendance à percevoir la possibilité d’atteindre dans le futur une position sociale plus élevée que celle dans laquelle il se trouve au moment présent. 

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Nora Lucchesi