Les courbes d’ESH – ISLM #1
Dans cet article, nous allons travailler le modèle IS-LM tout en montrant les effets d’un Policy-Mix sur l’économie d’après ce fameux modèle qui impressionne tant.
Affirmation :
L’idée est ici de montrer que l’État a un rôle bénéfique sur la croissance, l’investissement ou encore le taux de chômage dans un pays donné. En effet, il ne faut pas oublier que le modèle IS-LM est un modèle d’inspiration keynésienne (bien qu’il ne le soit pas totalement, c’est toujours bien de le rappeler) conceptualisé par Hicks en 1937 dans un article s’intitulant « Mr Keynes and the classics, a suggested interpretation ». Ainsi, un modèle keynésien va souvent penser l’État comme salutaire, on va donc montrer ici que l’interventionnisme étatique est une bonne chose et comment les politiques de relance peuvent avoir un effet bénéfique.
Explication :
En effet, à la lecture des travaux de Hicks et Hansen on peut légitimement penser que l’État aurait un rôle positif sur la croissance (et d’autres variables tel que le taux de chômage) en effectuant une politique dite mixte ou « policy-mix ». Ce policy-mix se distingue en deux étapes majeures : La première consiste en une politique budgétaire dite expansive, on entend par là, une politique par laquelle un gouvernement va redonner du pouvoir d’achat à son peuple. Cette politique a un impact direct sur le marché des biens et services car l’on peut imaginer que si l’on a une hausse de son pouvoir d’achat, on va consommer plus donc le marché des biens et services va connaître un essor plus important se traduisant par un déplacement de la courbe IS vers la droite (IS => IS’). A la vue du graphique ci-dessous, on peut constater qu’en effet la croissance et le PIB ont augmenté mais le taux d’intérêt a aussi augmenté, ce qui pourrait à long terme entrainer une baisse de l’investissement. Ainsi, pour lutter au maximum contre ce manque d’investissement que les politiques craignent souvent comme le loup blanc, le gouvernement va mettre en place ce que l’on appelle une politique monétaire accommodante. En effet, on va mettre en circulation plus de masse monétaire pour faire baisser la valeur de celle-ci. Sur le marché de la monnaie, le prix est le taux d’intérêt, ainsi en augmentant l’offre de monnaie, il vient que le prix de cette monnaie baisse et donc que le taux d’intérêt diminue. Cette hausse de la masse monétaire en circulation se traduit par un déplacement de LM en LM’ sur le graphique ci-dessous. Ainsi, ce policy-mix se traduit par un déplacement de l’équilibre de base E0 vers un nouvel équilibre E1 qui a pour conséquence d’augmenter le taux de croissance (ou de faire baisser le chômage si on traite d’un sujet sur le chômage) tout en ne faisant pas monter de manière trop excessive le taux d’intérêt.
Illustration :
Tout le problème du modèle IS-LM réside dans l’illustration, en effet ce modèle quoique très séduisant théoriquement n’est peu ou plus utilisé aujourd’hui. Il était plutôt à la mode dans les années 80-90. Il est aussi très maladroit de parler de modèle IS-LM dans le cadre d’un pays européen car la politique monétaire est gérée non pas par le pays mais bien par la BCE (banque centrale européenne). On peut cependant illustrer la réussite du modèle IS-LM avec un exemple américain, celui de Bill Clinton (président des USA 1993-2001) et Alan Greenspan (Président de la FED 1987-2006). En effet, lorsque Bill Clinton opérait une politique de rigueur aux USA (c’est-à-dire déplacer IS vers la gauche), Alan Greenspan faisait en sorte de maintenir voire de baisser les taux d’intérêts (déplacement de LM vers la droite) pour ne pas que la contrainte budgétaire accrue des ménages les empêche d’investir.
Autre exemple plus contemporain, si vous êtes amenés à ne parler que du déplacement de IS vers la droite (c’est-à-dire une politique budgétaire expansive si vous avez bien suivi le raisonnement), on peut très bien parler du « cadeau » sur le SMIC que Macron a fait aux gilets jaunes, en ce sens Macron a redonné du pouvoir d’achat aux ménages et donc déplacé IS vers la droite (Macron serait-il donc Keynésien ?).
Limites à développer en copie :
Si en sortie d’un argument appuyé par le modèle IS-LM vous concluez que l’intervention de l’État est la plus belle des choses qui puisse exister, vous n’allez pas avoir une très bonne note, pourquoi ? Parce que tout simplement ces politiques de policy-mix peuvent être contre-productives. En effet, les politiques budgétaires expansives peuvent créer un effet d’éviction car si l’État investit fortement, il va faire augmenter les taux d’intérêts et empêcher les agents privés et les entreprises d’investir sur le marché, ce qui sera au final contre-productif. De la même manière une politique monétaire expansive utilisée dans le mauvais contexte créera une situation de trappe à liquidités qui bloquera l’investissement et donc in fine baissera la demande agrégée ce qui aura un effet néfaste pour la croissance (Rappelons que cette situation de trappe à liquidités existe aujourd’hui en Europe et peut très bien faire l’objet d’un oral ESCP ou HEC par exemple).
Autre exemple de politique budgétaire ratée pour contre-balancer en copie si vous en avez l’occasion : La relance Mauroy en 1981. Mitterand mena une campagne très à gauche sous la houlette de Jacques Séguéla et mit ensuite en place une politique en adéquation avec sa campagne. Avec son ministre de l’économie Pierre Mauroy, il initia un plan de relance d’environ 10 milliards d’euros (augmentation du nombre de fonctionnaires de 55 000, augmentation des minimas sociaux de 8% et smic relevé de 10%), or trop de déficit budgétaire tue l’économie et dès 1983 on retourna à une politique de rigueur qui brima l’activité économique française.
Intérêt en copie :
Ce modèle est donc à utiliser dans une dissertation concernant les intérêts et les limites des politiques monétaires et budgétaires, dans un sujet où on remettrait en cause l’action étatique ou bien encore dans un sujet pour illustrer une situation de trappe à liquidités ou d’effet d’éviction. Vous l’aurez donc compris : ce modèle fait partie des modèles essentiels à maîtriser pour les concours.