Dans la filière ECS, l’HGG est une matière très importante, avec des coefficients au concours qui vont de 4 à 7.
L’exercice roi de cette épreuve est bien évidemment la dissertation, redoutée de nombre d’étudiants.
Une des clés de la réussite dans cet exercice est la maîtrise de références et d’ouvrages qui viennent appuyer l’argumentation (parce qu’il ne faut pas oublier que c’est avant tout un exercice de démonstration, et pas de récitation !)
Pour vous aider, à partir d’aujourd’hui, Mister Prépa vous propose une série d’articles sur les ouvrages les plus utiles à citer et maîtriser pour réussir la dissertation de géopo, découpée par aires continentales (Asie, Europe, Afrique et Moyen-Orient, Amérique). Vous trouverez une liste d’ouvrages ainsi qu’un petit résumé plus ou moins développé de l’idée qui y est avancée.
Certaines références sont plus ou moins développées, libre à vous d’approfondir les recherches ! Grâce à cela vous aurez en votre possession un bon nombre de références sur des thèmes importants du programme de géopolitique de 2ème année.
Après un premier article sur l’Afrique et le Moyen-Orient, on enchaîne avec les ouvrages sur l’Asie !
Les paysans du delta tonkinois, P. Gourou, 1936
L’auteur explique que l’organisation des sociétés dans cette région, située au nord du Vietnam actuel, a permis l’autosuffisance alimentaire malgré les conditions géographiques peu favorables.
En effet, la contrainte géographique a été détournée grâce à l’activité humaine : les paysans tonkinois ont réussi à ne jamais perdre de récolte par excès de froid ou de chaleur. Cette région est menacée par l’excès d’eau et contrairement à ce que l’on pourrait penser l’irrigation n’est pas une condition sine qua non de l’agriculture. Par un ingénieux réseau de digues protectrices, les habitants de la région ont pu s’en prémunir.
Ainsi, cela montre que l’homme n’est pas esclave de son milieu.
Evolution agraire et pression démographique, E. Boserup, 1965
Ester Boserup y présente ici une thèse aux antipodes de celle de Malthus et de la surpopulation.
Selon Thomas Malthus, les méthodes agraires définissent la taille de la population (qui est fonction de la nourriture disponible).
Au contraire, elle démontre que c’est la pression démographique qui impose l’évolution des techniques agraires : « la nécessité est la mère de l’invention. ».
La pression démographique pousse à l’innovation et à la modernisation, et donc à l’intensification de la production agricole. Ainsi, la pression démographique se révèle être une pression créatrice.
La pression démographique pousse les Etats, les institutions et les entreprises à s’adapter à une demande croissante, et à adapter les infrastructures à une population qui croît.
A Historical Pattern of Economic Growth in developing countries (article), K. Akamatsu, 1962
Dans ces articles, Akamatsu détaille sa fameuse théorie du développement en vol d’oies sauvages, qu’il a décrit pour la première fois en 1937.
Les phases de ce développement :
- Un pays importe un produit à faible technicité
- Il substitue la production nationale aux importations et initie le processus d’industrialisation
- Il devient exportateur de ce produit
- Puis il l’abandonne pour un produit à plus haute valeur ajoutée => délocalisation de ces activités vers des pays voisins à plus bas coûts
- Cet « abandon » permet à ce ou ces pays d’entamer leur propre processus d’industrialisation.
Ce modèle s’est appliqué aux pays asiatiques.
En effet, après le Japon, les nouveaux pays industrialisés (NPI) de la première génération (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taïwan) ont ainsi entamé leur industrialisation dans les années 1960, favorisée justement initialement par le transfert des activités à faible valeur ajoutée du Japon vers ces pays, le Japon se concentrant dans des domaines plus rémunérateurs.
Dans les années 1980, une deuxième génération de NPI apparaît (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande), celle des nouveaux tigres d’Asie, profitant des délocalisations des premiers NPI.
Enfin, l’industrialisation de la Chine dans les années 1980-1990 s’est appuyée sur le même modèle, avec notamment la création de zones franches pour attirer les délocalisations.
The Post-American World, F. Zakaria, 2008
L’auteur explique qu’un monde « post-américain » se met en place, dans lequel les Etats-Unis continueront à être la première puissance mondiale, mais où sa puissance relative serait diminuée. Cela serait dû à l’émergence de nouvelles puissances comme la Chine et l’Inde.
Il consacre un chapitre de son livre à chacun de ces deux pays.
Dans le chapitre 4, consacré à la Chine, il explique que sa stratégie de réformes légères et progressives lui a permis de se moderniser à l’abri des regards. Même si elle demeurera incapable de rivaliser avec les Etats-Unis pendant les prochaines décennies, elle est devenue la deuxième puissance mondiale, en s’appuyant sur sa philosophie confucéenne, une politique étrangère non agressive, notamment en Afrique, plus attractive que celle plus interventionniste des pays Occidentaux.
Dans le chapitre 5, il se concentre sur l’Inde. Contrairement à la Chine, elle a un régime plus démocratique, mais qui est aussi sujet aux tensions sociales. Son système politique est fortement régionalisé, lui faisant souvent placer la priorité sur les intérêts régionaux plutôt que nationaux. L’Inde a tout de même des atouts : l’indépendance des cours qui établissent les contrats, le droit à la propriété privée, un Etat de droit, un secteur privé développé et une population parlant anglais qui a le sens des affaires.
The Beijing Consensus, Joshua Cooper Ramo, 2004
L’auteur décrit le « consensus de Pékin », qui reprend l’expression « consensus de Washington », théorisé par John Williamson en 1989 et qui définit l’accord tacite visant à conditionner les aides financières aux pays en développement à des pratiques de bonne gouvernance telles que définies par le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale (institutions basées à Washington).
Selon l’auteur, le consensus de Pékin désigne la diplomatie et le modèle de développement proposé par la République populaire de Chine, en particulier auprès des pays en voie de développement, notamment en Afrique.
Il consiste en plusieurs éléments :
- un Etat fort dans un régime néo-autoritaire au service du peuple
- un développement économique et structurel
- la promotion de l’innovation technologique, au service du développement durable
- le respect mutuel entre les Etats et la non-ingérence
La Grande désillusion (Globalization and its discontents) , Joseph Stiglitz, 2002
L’auteur explique que le dogme du Consensus de Washington est fondé sur des hypothèses rarement présentes sur le terrain et sur des modèles dépassés.
Cette thèse est à avancer en parallèle à celle du Consensus de Pékin, qui peut apporter une réponse différente à celle du consensus de Washington porté par les Etats-Unis.
Kicking Away the Ladder, Ha-Joon Chang, 2002
L’auteur y développe une thèse forte et très intéressante selon laquelle la trajectoire de développement des actuels pays riches n’a jamais suivi les principes de Washington et a au contraire toujours donné une place forte à l’Etat (interventionnisme et protectionnisme). Les politiques de marché libre n’ont jamais suffi à enrichir un pays.
Les idées du consensus de Washington consistent à « enlever l’échelle » qui avait permis aux pays riches de s’enrichir ; la Chine n’a fait que remettre en place cette échelle.
Economic Development and Transition, Justin Yifu Lin, 2009
En lien avec la thèse de Ha-Joon Chang que l’on vient d’évoquer, l’auteur explique dans cet ouvrage que l’Etat est l’institution la plus importante dans un pays en développement.
Justin Yifu Lin explique que les performances économiques dans les pays en développement dépendent largement de la stratégie gouvernementale. Si le gouvernement joue un rôle de facilitateur, permettant aux entreprises d’exploiter les avantages comparatifs des économies de ces pays, leurs économies se développeront avec succès.
Les Cinq Capitalismes, B. Amable, 2005
Bruno Amable montre que les grandes économies capitalistes développées ne convergent pas nécessairement vers le modèle néo-libéral anglo-saxon. Il distingue cinq modèles de capitalisme qui diffèrent par leurs institutions économiques et sociales : système financier, protection sociale, relations professionnelles, système éducatif, marché du travail :
- le modèle néolibéral (États-Unis, Australie, Canada, Royaume-Uni)
- le modèle continental européen (France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Autriche, Norvège)
- le modèle social-démocrate (Danemark, Finlande, Suède)
- le modèle « méditerranéen » (Espagne, Grèce, Italie, Portugal)
- le modèle asiatique (Japon, Corée du sud)
En ce qui concerne le capitalisme asiatique, celui-ci se singularise par l’imbrication forte qui existe entre Etats et firmes, au titre d’un guidage économique sans prise de participation.
« Au-delà du Cool Japan, la globalisation culturelle… », Critique internationale, K. Iwabuchi, 2008
« Le changement le plus important concernant le Japon depuis une dizaine d’années est peut-être la diffusion croissante de sa culture populaire véhiculée par les médias de masse à l’échelle mondiale. L’image du Japon comme une puissance économique sans visage a été remplacée par celle d’un pays qui crée et exporte massivement des produits culturels « cool » et « kawaii » sous forme de bandes dessinées, de films, de jeux-vidéo, de personnages, de mode, de cuisine… »
La Malaisie, un modèle de développement souverain ?, E. Lafarge de Michaux, 2012
L’auteur y explique que la Malaisie est « une véritable terre d’innovation en matière de conciliation du capitalisme et de l’islam ».
Le pays a ainsi mis en place différentes institutions et mesures qui les concilient :
- Département des affaires islamistes
- Université islamique internationale
- Mise en place d’un secteur bancaire islamique
- Mise en place d’un secteur d’assurances islamiques
China 2030, étude de la Banque mondiale, 2012
Dans cette étude, la Banque mondiale décrit le « piège du revenu intermédiaire », ou middle income trap en anglais.
Ce piège a tendance à coincer les pays en développement, en particulier asiatiques, autour du seuil moyen de PIB/hab de 5000$.
Pour en sortir, il faut faire des innovations institutionnelles majeures mais difficiles à mettre en œuvre.
Ce « piège » se caractérise par plusieurs éléments :
- l’impossibilité de la majeure partie de la population à accéder à la classe moyenne
- les grands groupes nationaux utilisent leur pouvoir, souvent par la corruption, pour faire adopter des politiques protectionnistes et plus favorables à leurs profits
- les PME n’arrivent pas à émerger
- la compétitivité réelle du pays recule
- le pouvoir d’achat stagne
- l’écart des revenus s’accroît, provoquant soit des révoltes, soit une fuite en avant des gouvernements adoptant des mesures populistes ou démagogiques finissant par plonger le pays dans la crise