Quand on pense à l’Italie, la gastronomie vient très souvent dans les premières réponses. Il s’agit d’un élément de l’identité nationale du Bel Paese qui contribue à sa reconnaissance internationale.
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Un élément du patrimoine immatériel de l’Italie
La gastronomie italienne est particulièrement appréciée à travers le monde et dépasse les frontières de l’Italie. Il s’agit d’une composante essentielle de la culture dont les Italiens sont très fiers. Plus que de la nourriture, c’est une histoire de traditions ancestrales qui se passent de générations en générations.
L’importance de la gastronomie italienne est d’ailleurs reconnue officiellement puisque 5 pratiques sont classées au patrimoine immatériel de l’Unesco : la pratique traditionnelle de la culture des vignes sur l’île de Pantelleria qui a été mise sur la liste en 2014, la fameuse pizza napolitaine inscrite en 2017, la transhumance en 2019 et enfin la recherche de la truffe en 2021. C’est toute la cuisine italienne qui est aujourd’hui en débat pour entrer ou non sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco. La réponse devrait être donnée cette année, au cours de l’année 2025.
Le ministre de l’agriculture, Francesco Lollobrigida considère que “la cuisine italienne est non seulement un ensemble de connaissances et de saveurs, mais aussi un élément central de la cohésion sociale, de la durabilité et de l’innovation ».
En effet, les temps des repas (i pranzi : la colazione, il pranzo et la cena) sont des moments conviviaux et de partage (di condivisione) passés en famille. La publicité del Mulino Bianco, la très célèbre marque de biscuits italiens du groupe Barilla met en scène à travers l’image d’une famille parfaite l’importance des repas en Italie.
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Un élément du soft power
La gastronomie italienne est également un vecteur de puissance douce puisqu’elle promeut la culture du pays à travers le monde entier, contribuant de ce fait à l’économie nationale. Ainsi, les supermarchés Eataly spécialisés dans les produits de qualité italiens valorisent la gastronomie italienne. Le concept, lancé par Oscar Farinetti en 2002 s’est aujourd’hui exporté dans une quinzaine de pays : des Etats-Unis, à la France en passant par le Japon, le Brésil ou encore la Turquie.
La gastronomie italienne joue un rôle économique important, faisant partie de la marque du Made in Italy. Toute une activité touristique, le tourisme gastronomique, s’est organisée autour de la cuisine italienne. Des tours dans les vignobles sont notamment très prisés par les touristes internationaux.
Le cabinet de recherche italien Isméa a estimé que le secteur agroalimentaire italien représenterait quelques 65 milliards d’euros, avec une tendance à la hausse des exportations en 2023 de 7%. Cependant, cela pourrait être compromis par la nouvelle taxe américaine de 20% sur les produits agroalimentaires italiens imposée par Donald Trump en avril 2025. Cela représenterait une perte d’environ 8 milliards d’euros pour l’industrie agroalimentaire italienne.
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Le défi de la souveraineté alimentaire
La Présidente du Conseil Giorgia Meloni a souligné l’importance de la souveraineté alimentaire dans un de ses discours. Il s’agit du « droit des peuples, des communautés et des pays de définir, dans les domaines de l’agriculture, de la pêche, de l’alimentation et de la gestion forestière, des politiques écologiquement, socialement, économiquement et culturellement adaptées à leur situation unique ».
Par « souveraineté alimentaire » (sovranità alimentare), Meloni entend consommer italien. Car si les tomates Mutti sont connues à travers le monde, une étude a montré que les tomates italiennes ne sont pas le premier choix des ménages. Les prix étant plus élevés, les familles consomment des produits importés. Le gouvernement incite donc aux circuits courts, notamment dans les cantines (le mense) pour lutter contre cette tendance.
Cela est d’ailleurs revendiqué par les agriculteurs italiens qui ont manifesté en début d’année 2024 contre les nouvelles règlementations européennes qui durcissent les normes environnementales et favorisent donc la concurrence internationale qui n’y pas soumise.
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