Le mercantilisme est une doctrine économique qui a prévalu en Europe pendant les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Elle repose sur l’idée que la richesse d’une nation est fonction de ses réserves en métaux précieux, notamment l’or et l’argent. Pour accroître ces réserves, les mercantilistes prônent une politique économique interventionniste, visant à promouvoir les exportations et limiter les importations.
Les origines du mercantilisme
Le mercantilisme est né à la fin du Moyen Âge, à une époque où les échanges commerciaux entre les différentes nations européennes étaient en pleine expansion. Les découvertes de mines d’or et d’argent en Amérique ont également contribué à la diffusion de cette doctrine car elles ont accru les besoins en métaux précieux des États.
Le Colbertisme français
En France, le mercantilisme a émergé sous l’impulsion de Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, au XVIIe siècle. Cette école française du mercantilisme, connue sous le nom de colbertisme, se concentrait sur le développement des industries manufacturières nationales pour stimuler les exportations et limiter les importations. Colbert a mis en œuvre une série de mesures pour atteindre cet objectif, notamment :
- Incitations fiscales : des réductions d’impôts et des subventions ont été accordées pour stimuler la production manufacturière nationale.
- Mesures protectionnistes : des droits de douane élevés ont été imposés aux produits étrangers pour décourager les importations et protéger les industries françaises.
- Intervention de l’État : le gouvernement est intervenu dans l’économie pour réglementer les industries et promouvoir les exportations.
Les politiques de Colbert ont contribué à la croissance de l’industrie textile française, faisant de la France un important exportateur de produits manufacturés. Cependant, le colbertisme avait également ses inconvénients, tels que l’étouffement de l’innovation et l’entrave à la concurrence.
Le mercantilisme anglais
Le mercantilisme anglais, caractérisé par les Navigation Acts, est apparu aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ces lois visaient à garantir la domination de l’Angleterre dans le commerce maritime en accordant des droits commerciaux exclusifs aux marchands et aux navires anglais. Les Navigation Acts ont eu des conséquences profondes, notamment :
- Protection de la navigation nationale : les lois interdisaient aux navires étrangers de transporter des marchandises vers et depuis les colonies anglaises, ce qui a favorisé la croissance de la flotte marchande britannique.
- Soutien au commerce colonial : les lois exigeaient que les marchandises importées d’Asie et d’Amérique soient transportées sur des navires anglais, ce qui a renforcé le commerce de l’Angleterre avec ses colonies.
- Renforcement de la puissance nationale : les Navigation Acts ont contribué à l’ascension de l’Angleterre en tant que puissance maritime mondiale et acteur majeur du commerce international.
Le mercantilisme espagnol
Le mercantilisme espagnol, axé principalement sur l’accumulation d’or et d’argent, a pris de l’importance au XVIe siècle après la découverte de vastes richesses minérales dans les Amériques. Le gouvernement espagnol a mis en œuvre des mesures pour extraire et contrôler ces métaux précieux, notamment :
- Exploitation des mines : la couronne espagnole contrôlait étroitement l’exploitation des mines d’or et d’argent des Amériques, limitant l’implication étrangère.
- Restrictions commerciales : des réglementations strictes ont été imposées au commerce avec les Amériques, favorisant les marchands espagnols et limitant la concurrence.
- Production manufacturière limitée : l’Espagne a priorisé l’exportation de matières premières et importé des produits manufacturés, négligeant le développement de la production manufacturière nationale.
Si le mercantilisme espagnol a initialement apporté une immense richesse, son accent sur l’extraction de l’or et de l’argent a conduit à une stagnation économique et un déclin de la production manufacturière.
Les principaux fondements du mercantilisme
Les principaux fondements du mercantilisme sont les suivants :
- La richesse d’une nation est fonction de ses réserves en métaux précieux. Les mercantilistes considèrent que les métaux précieux sont la seule richesse véritable car ils peuvent être utilisés pour financer les guerres et les dépenses publiques.
- Le commerce extérieur est un jeu à somme nulle. Selon eux, le commerce extérieur est un jeu dans lequel les gains d’une nation se font aux dépens d’une autre. Pour accroître la richesse de la nation, il est donc nécessaire d’obtenir un excédent de la balance commerciale, c’est-à-dire d’exporter plus que nous importons.
L’intervention étatique est nécessaire pour promouvoir les exportations et limiter les importations. Les mercantilistes préconisent notamment des mesures protectionnistes, telles que des tarifs douaniers élevés ou des quotas d’importation.
Les politiques mercantilistes
Les politiques mercantilistes ont été mises en œuvre dans de nombreux pays européens, notamment en France, en Angleterre et en Espagne. Elles ont pris des formes variées, mais elles ont toujours eu pour objectif de promouvoir les exportations et de limiter les importations.
Parmi les principales politiques mercantilistes, nous pouvons citer :
- Les tarifs douaniers élevés: ce sont des taxes imposées sur les importations. Ils ont pour effet de rendre les produits importés plus chers, ce qui réduit la demande pour ces produits et favorise les produits nationaux.
- Les quotas d’importation: ce sont des restrictions quantitatives sur les importations. Ils limitent la quantité de produits importés, ce qui favorise les produits nationaux.
- Les subventions aux exportations: ce sont des aides financières accordées aux entreprises exportatrices. Elles ont pour effet de réduire le coût des exportations, ce qui les rend plus compétitives sur les marchés étrangers.
Les théories mercantilistes
La théorie de la balance commerciale positive, développée par Thomas Mun (Angleterre) et Jean-Baptiste Colbert (France), considère qu’une balance commerciale positive, c’est-à-dire un excédent des exportations sur les importations, est indispensable pour accroître la richesse de la nation. Cette théorie est fondée sur l’idée que les métaux précieux entrent dans le pays avec les exportations et sortent avec les importations.
La théorie de la valeur-travail, développée par William Petty (Angleterre) et Richard Cantillon (France), pense que la valeur d’un bien est déterminée par la quantité de travail nécessaire à sa production. Cette théorie est fondée sur l’idée que le travail est la source de toute richesse.
La théorie de la monnaie, développée par Jean Bodin (France) et Thomas Mun (Angleterre), considère que la monnaie est un actif important pour la richesse d’une nation. Ils pensent que la monnaie doit être abondante, mais aussi stable.
Ces théories ont eu une influence importante sur le développement de la pensée économique. Elles ont contribué à l’essor des échanges commerciaux, à la formation des premières puissances coloniales et à la consolidation des États-nations.
Les limites du mercantilisme
Le mercantilisme a eu un impact important sur le développement économique de l’Europe. Il a contribué à l’essor des échanges commerciaux, à la formation des premières puissances coloniales et à la consolidation des États-nations.
Cependant, le mercantilisme a également été critiqué pour ses limites. En effet, cette doctrine est basée sur une vision statique de l’économie, qui considère que la richesse d’une nation est une quantité fixe. Elle ne tient pas compte des effets positifs des importations, qui peuvent contribuer à l’innovation et la croissance économique.
Le déclin du mercantilisme
Le mercantilisme a commencé à décliner au XVIIIe siècle, avec l’émergence de la pensée physiocratique et classique. Ces nouvelles doctrines économiques ont remis en cause les principes du mercantilisme, notamment l’idée que la richesse d’une nation est fonction de ses réserves en métaux précieux.
Aujourd’hui, les principes du mercantilisme ont été abandonnés par la plupart des pays développés. Cependant, nous pouvons encore observer des traces de cette doctrine dans certaines politiques économiques, notamment dans les mesures protectionnistes adoptées par certains pays tels que la Chine ou les États-Unis.