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Les méthodes de calculs pour l’empreinte écologique sont-elles efficaces ? Qu’en font les pouvoirs publics ?

Sommaire

L’empreinte écologique est un concept fondamental pour mesurer la pression que les activités humaines exercent sur l’écosystème. L’inventeur principal, Mathis Wackernagel, a proposé la méthode au début des années 1990 afin d’exprimer combien de la Terre l’humanité utilise chaque année et combien elle peut régénérer. Bien que mainstream dans de nombreuses discussions écologiques, le concept soulève des questions quant à la précision et à l’impact des politiques. Cet article se penchera donc sur le calcul de l’empreinte écologique, en parlera critique et identifiera les implications pour les décideurs.

Mécanisme de l’empreinte écologique

L’empreinte écologique est le concept qui sous-tend la mesure de la surface biologique productive nécessaire pour répondre à la consommation de ressources et à l’absorption des déchets, principalement les émissions de dioxyde de carbone (CO2) d’une population humaine donnée, et l’empreinte écologique composée mesure elle des empreintes de l’humanité pour un pays et la planète. On calcule ensuite cette surface à l’aide de la biocapacité de la Terre, la capacité dont disposent les écosystèmes terrestres à régénérer les ressources sollicitées et absorber les déchets.

Cet exercice peut sembler complexe, mais il est en fait très simple si on le ramène à l’échelle d’une personne. Accordons au consommateur de nourriture, d’énergie et de producteur de déchets des surfaces terrestres, maritimes et forestières dont il a besoin pour assimiler la quantité de CO2 qu’il émet. L’empreinte écologique d’une personne est l’addition de ces surfaces. Par conséquent, l’empreinte écologique d’un pays est l’addition de ces empreintes individuelles.

Mathématiquement, l’empreinte écologique (EF) se calcule en additionnant les rapports entre la consommation de ressources ou la production de déchets pour chaque activité i(notée Yi) et la capacité de régénération ou d’absorption des écosystèmes pour cette même activité (notée Ci). Le calcul prend en compte l’ensemble des activités considérées. C’est une somme de i à n des Yi/Ci. 

Où :

  • Ci représente la consommation d’un bien ou service i,
  • Yi​ correspond au rendement ou à la productivité de ce bien/service,
  • n est le nombre de catégories de consommation.

Ce mécanisme est illustré par la formule où plus la consommation C est élevée, et plus la productivité Y est faible, plus l’empreinte est importante. Par exemple, si une nation consomme 10 unités (C1) de ressources alimentaires par habitant, et le rendement agricole Y est de 2 unités par hectare, l’empreinte écologique alimentaire par habitant est de 5 hectares.

Selon Hankins, l’empreinte écologique totale de la France en 2022 a été estimée à 4,7 hag par habitant, en l’absence de politiques strictes de lutte contre le gaspillage, l’épuisement des ressources s’accélérant, ces chiffres continueront de croître. De plus, la biocapacité du pays n’est que de 2,8 hag par habitant; donc, il a un déficit d’environ 1,9 haw. Cela signifie que la France vit “à crédit”, consommant plus de biens que la nature peut leur fournir en une saison, accumulant une dette écologique.

En dépit de sa puissance heuristique, l’empreinte écologique est une cible de plusieurs critiques. Tout d’abord, elle simplifie l’impact humain. La réduire à l’empreinte laissée par l’extraction du sol sous-évalue d’autre impact comme la perte de biodiversité, l’épuisement des nappes d’eau, ou de très long processus telle la désertification.

En d’autres termes, il permet de réfléchir sur l’empreinte humaine mais ne remplace pas une description exhaustive de cette dernière. De plus, les moyennes sont globales et approximatives et il ne tient pas compte de niveaux régionaux ou locaux. Un autre point de la polémique est l’importance donnée aux émissions de CO 2.

En outre, l’hypothèse de sa neutralisation par la plantation d’arbres a été qualifiée par la science climatique de simpliste. D’autre part, elle néglige des technologies de récupération, comme le CQ pour laisser une chance aux politiques climatiques.

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Citation punchy

« L’empreinte écologique est un thermomètre pour notre planète, mais il ne doit pas être le seul outil que nous utilisons pour diagnostiquer la santé de notre monde. » (Wackernagel, 1996, Our Ecological Footprint).

Le cas de la Chine, un modèle… à ne pas suivre

En 2022, l’empreinte écologique par habitant s’éleve à 3,6 hectares globaux pour la Chine, alors que sa biocapacité, soit la capacité d’un pays de régénérer les ressources naturelles et d’absorber les déchets, est de 0,9 hag par habitant. Cela signifie que la Chine consomme plus de quatre fois le seuil de sécurité écologique de ses territoires. Cette surconsommation a des conséquences néfastes telles que la dégradation des sols, la pénurie d’eau et une pollution atmosphérique dramatique. De plus, l’empreinte écologique élevée du pays s’accompagne de coûts économiques et sociaux. Par exemple, l’épuisement des terres arables réduit les rendements agricoles à long terme et menace la sécurité alimentaire.

En outre, la pollution de l’air, causée en grande partie par la combustion du charbon, entraîne de graves problèmes de santé publique, avec plusieurs millions de cas de maladies respiratoires chaque année, ce qui coûte cher au secteur de la santé et à la productivité nationale.

Avec ces enjeux à l’esprit, les autorités chinoises ont décidé de mettre en œuvre des politiques pour intégrer l’empreinte écologique dans la planification de l’action publique. Au cours du plan quinquennal 2021-2025, la Chine cible la réduction des émissions de CO2, ainsi que le renforcement de l’énergie renouvelable. En conséquence, le pays est devenu le numéro un mondial de la production d’énergie solaire et éolienne en 2022. Ces efforts sont cruciaux ; cependant, ils ne sont pas suffisamment substantifs pour répondre à une demande croissante d’énergie majoritairement alimentée par le charbon.

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Aurele Tranchant