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Méthodologie de la dissertation d’économie (AMPE) (2/3)

Sommaire

« En ce qui concerne l’introduction, celles-ci sont parfois très pauvres et montrent que le candidat n’a pas vu toutes les facettes du sujet proposé. » Telle est la première phrase du rapport 2020 de l’épreuve d’AMPE de l’ENS Paris-Saclay. Pour sa première remarque, le jury a souhaité insister sur les lacunes dont les introductions des devoirs ont fait montre, révélant leur caractère essentiel voire déterminant. De surcroit, nous comprenons que d’une part, ce qui a été écrit dans l’introduction, n’a pas été assez développé ; d’autre part, certains points importants pour traiter correctement le sujet ont été oubliés dans le raisonnement. En appliquant rigoureusement la méthodologie, et en pratiquant régulièrement l’exercice de la dissertation, ce sont des maladresses qui peuvent être éviter. Voici un article détaillant la méthodologie de la réflexion qui conduit à l’élaboration d’une introduction de dissertation en économie.

Enjeu de l’introduction : définir et problématiser

L’introduction est la partie déterminante du devoir. Elle doit montrer que le candidat a compris le sujet et ses enjeux et qu’il a réussi à se l’approprier. Voici les objectifs des 5 étapes à respecter, sur lesquelles nous reviendrons en détail ci-dessous : 

  • Accroche : il s’agit d’une entrée dans le sujet qui permet de montrer l’intérêt du sujet posé.
  • Définition des termes : cerner les notions mobilisées et discuter leurs relations.
  • Partie de contextualisation : délimiter le cadre spatio-temporel.
  • Phase de problématisation qui débouche sur l’annonce de la problématique : interrogation du sujet qui amène à traiter le sujet sous un angle particulier que le candidat a retenu à l’issue de sa réflexion.
  • Annonce du plan : offrir un bref aperçu du raisonnement retenu.

 

PREMIERE ETAPE : accroche

L’accroche consiste à insister sur les enjeux du sujet, mettre en avant l’intérêt et l’actualité du sujet, et à susciter l’intérêt du sujet.

Pour faire une bonne accroche, elle doit être proche du sujet et originale, c’est-à-dire qu’elle doit mettre en lumière une situation, un exemple d’actualité, un fait historique ou un type de politiques menées qui met en évidence une tension, un paradoxe dans le sujet.

Elle se compose de deux parties. La première sert à énoncer un fait précis démontrant l’intérêt du sujet suivi d’une phrase permettant de raccrocher ce fait à la formulation du sujet.

Conseils :

  • S’assurer que la phrase qui lie l’accroche et le sujet comporte l’ensemble des mots essentiels du sujet.
  • En amont, il faut suivre l’actualité et approfondir les cours 

DEUXIEME ETAPE : Définition des termes

Cette étape se donne pour objectif de faire émerger des distinctions fines au sein des termes du sujet. La définition des termes fait partie de la réflexion personnelle, dans laquelle le candidat adopte une approche critique et retient un angle d’attaque pertinent pour le sujet. Il faut donc définir les termes du sujet et mettre en évidence leurs liens.

La définition des termes du sujet doit être l’occasion de repérer le « mot-pivot », c’est-à-dire le mot qui annonce le paradoxe, la tension dans le sujet. Il s’agira de s’attarder sur ce mot pour déterminer les implications du sujet.

En définitive, la définition des termes est l’occasion d’introduire des « typologies structurantes », que l’on retrouve dans la copie pour structurer le raisonnement. Par exemple, le sujet « la fiscalité est-elle un instrument efficace de politiques économiques ? » invite mobiliser la typologie de Musgrave (1959), qui établit une distinction entre la fonction d’allocation, et celles de répartition et de stabilisation. Il s’agit là d’une distinction qui pourra être réutilisée pour structurer des sous-parties dans la copie. Si une telle typologie ne vous vient pas à l’esprit, tenter d’en créer une. Par exemple, le sujet « endettement et action publique » (ENA 2019) invite à considérer l’endettement public et privé ; le terme flexibilité du travail implique de considérer la flexibilité de l’emploi ainsi que celles des salaires, du temps de travail ou des potes occupés ; l’expression « prélèvements obligatoires » suppose de parler des impôts et des cotisations sociales ; la notion de « politiques conjoncturelles » renvoie aux politiques budgétaires et monétaires.

 

Conseils :

  • Veiller à ne pas confondre des notions proches. Par exemple, commerce extérieur/commerce international, efficience/efficacité, équité/égalité, déficit/dette, croissance/développement, emploi/chômage.
  • Vous pouvez remplacer le mot-pivot par un autre mot proche et essayer de comprendre pourquoi le concepteur du sujet a privilégié un mot plutôt qu’un autre.

 

TROISIEME ETAPE : La définition du cadre spatio-temporel et la contextualisation

Ces deux étapes sont nécessaires pour une problématique pertinente. La contextualisation est souvent le chainon manquant dans les copies : souvent réalisée au brouillon, elle apparait dans les copies plus aléatoirement. Elle consiste dans un premier temps, à fixer le cadre spatio-temporel et ainsi, restreindre le champ de l’analyse. Il faut se poser la question implicite : « Pourquoi la question se pose en ce moment et ne s’est pas posée avant ? »

Conseils :

  • Constituez-vous un stock de connaissances économiques sur les zones géographiques majeures
  • Des éléments issus des cours d’Histoire des Faits Economiques (HFE) peuvent vous être utile.

QUATRIEME ETAPE : la formulation de la problématique

Cette phase s’impose comme la définition du fil rouge de la copie. La difficulté que rencontre les étudiants à cette étape est compréhensible, dans la mesure où la problématique est le centre de gravité du sujet. Elle doit apparaître comme un prolongement de la tension mise en exergue grâce au travail de contextualisation et à celui de définition des termes. La problématique doit apparaître explicitement.

Il ne faut pas s’éloigner du sujet, ni le reprendre tel quel. Pendant que le sujet détermine les pistes de réflexions, la problématique donne un angle de traitement pertinent du sujet. C’est le rôle de l’introduction de délimiter le sujet, de le contextualiser pour finalement retenir, à la lumière de tous les éléments, l’angle d’approche qui apparait le plus pertinent au candidat. Pour ce faire, il convient d’éliminer une problématique qui serait trop proche du sujet, mais il ne faut pas poser une question connexe au sujet.

Pour respecter ces deux contraintes, une approche pertinente consiste à reprendre le sujet à la lumière de la définition des termes et dans le contexte particulier que le candidat a retenu.

Conseils :

  • Il est commode de retenir une problématique qui commence par « Dans quelles mesures » car c’est une formulation qui facilite la construction du plan.
  • Généralement, l’enjeu commun à la plupart des sujets est de garantir une croissance économique soutenue et équilibrée. Dès lors, préciser explicitement cet objectif dans la problématique permet de répondre à la question « Pourquoi traite-t-on ce sujet ? ». Le candidat peut aussi se demander en quoi l’articulation des termes du sujet révèle un paradoxe, dans quelle mesure la théorie économique peut expliquer le sujet et pourquoi le sujet revêt une importance particulière aujourd’hui.
  • Ne pas oublier de mentionner l’intérêt du sujet après l’annonce de la problématique en commençant par exemple par une phrase du type « Il y va de … »

CINQUIEME ETAPE : Annonce du plan

L’introduction s’achève par une annonce de plan, qui doit s’enchainer naturellement avec la problématique. Le style ne doit pas primer sur la clarté et sur la compréhension du mouvement général de la copie. Il est d’usage de préciser les numéros des parties et des sous-parties lors de l’annonce du plan.

 

Pour avoir plus de détails, et surtout des exemples précieux, n’hésitez pas à consulter l’ouvrage La dissertation d’économie, préparation aux concours avec méthode et sujets corrigés, William Honvo (2020).

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Cassandra Bordelet